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Haïti-Gangs : Le point des réactions suite aux sanctions américano-canadiennes contre plusieurs dirigeants politiques

P-au-P, 23 nov. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs représentants de la société civile et dirigeants politiques se prononcent sur les sanctions des États-Unis d’Amérique et du Canada contre plusieurs personnalités politiques, soupçonnées d’implications dans le financement de gangs armés en Haïti, entre autres, dans des interviews accordées à AlterPresse/AlterRadio.

Le Collectif du 4 décembre 2013 applaudit les sanctions américano-canadiennes, prises contre une série de personnalités politiques haïtiennes pour financements des gangs armés en Haïti, entre autres.

Ces sanctions constituent un pas dans la bonne direction, estime ce regroupement de citoyennes et de citoyens, qui demande à la justice haïtienne de faire la lumière sur ce dossier.

Le Collectif du 4 décembre 2013 dénonce le silence complice du gouvernement de facto, qu’il exhorte à donner suite à cette affaire.

C’est une honte pour ces dirigeants haïtiens, qui n’ont eu aucune éthique et crédibilité dans le travail qu’ils faisaient, jusqu’à être impliqués dans des activités aussi malhonnêtes contre leur propre pays et les citoyens, exprime le coordonnateur général du parti politique Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), Clarens Renois.

Si ces sanctions sont vérifiées et documentées, si d’anciens présidents et premiers ministres sont impliqués dans le financement des gangs armés, qui terrorisent leur propre population, cela montrerait que nous sommes dirigés par des irresponsables et des traîtres qui n’aiment pas Haïti, mais qui gèrent leurs propres affaires, s’indigne le parti politique Unir.

« Il faut deux types de sanctions contre ces personnes : la sanction judiciaire et la sanction morale », souhaite le parti politique Unir, tout en critiquant l’impuissance de la justice haïtienne à poursuivre les fautifs.

Hypocrisie des États-Unis et du Canada

Le porte-parole du parti politique Rasanbleman sosyalis pou yon inisyativ nasyonal tou nèf (Rasin Kan Pèp La), Camille Chalmers, considère ces sanctions comme une forme d’hypocrisie des pays impérialistes.

Ces pays impérialistes étaient, depuis bien longtemps, au courant de l’implication des personnes sanctionnées, dans des activités louches en Haïti, souligne le parti politique Rasin Kan Pèp La.

Les sanctions des États-Unis et du Canada s’inscrivent dans des manœuvres, visant à justifier une intervention militaire, insiste Rasin kan pèp la, qui appelle l’État en Haïti à sanctionner toutes les personnes impliquées dans les malheurs du pays.

« Nous ne croyons pas à cette opération de charme, car il n’y a aucune politique réelle pour mettre un terme aux réseaux mafieux et à la criminalité transnationale ».

Étant la fabrication de l’impérialisme, les gangs armée font partie de la stratégie de domination impérialiste, déplore Rasin kan pèp la.

Le 20 novembre 2022, le gouvernement du Canada a décidé de sanctionner l’ancien président Joseph Michel Martelly et deux anciens premiers ministres Laurent Salvador Lamothe et Jean Henry Céant, suspectés d’être de mèche avec les gangs armés en Haïti.

Le gouvernement du Canada a aussi annoncé des sanctions contre le sénateur Rony Célestin, l’ancien sénateur Hervé Fourcand et l’ancien député Gary Bodeau, qui ont utilisé, selon lui, leur statut dans la fonction publique en Haïti pour alimenter les activités des gangs armés.

Le 3 novembre 2022, le président du tiers restant du sénat haïtien, Joseph Lambert, et l’ancien président du grand corps, Youri Latortue, ont été également sanctionnés pour des activités criminelles, dont le trafic de drogue.

Les accusés contestent

Dans une déclaration publique, datée du 20 novembre 2022, l’ancien député et ex-président de la chambre basse, Gary Bodeau, déclare condamner le récent communiqué de presse du gouvernement canadien, qui l’a étiqueté comme un individu impliqué dans le financement et la prolifération de gangs et d’autres groupes violents en Haïti.

« Tout au long de ma carrière politique et professionnelle, je n’ai jamais participé à aucune des activités, dont on m’accuse. Je mets quiconque en défit d’attester le contraire. J’ai toujours soutenu les efforts des groupes non-violents en Haïti, qui s’efforcent de construire un avenir meilleur, où les droits de la personne sont respectés et où les Haïtiens peuvent atteindre le prospérité », s’est-il défendu.

Bodeau, qui dénonce une persécution politique du Canada à son encontre, entend prendre toutes les mesures légales nécessaires pour laver son nom et regagner la confiance du public.

Dans une note, l’ex-premier ministre Laurent Lamothe sous la présidence Martelly (16 mai 2012 - 14 décembre 2014), contre qui des dénonciations de corruption étaient faites, en octobre 2012 et en avril 2013, ainsi que des désaccords sur l’utilisation des fonds publics en avril 2013, dit apprendre, avec stupéfaction, par le biais des réseaux sociaux, les sanctions prises par le gouvernement canadien à son endroit, pour financement des gangs armés.

« Cette décision absurde et incohérente ne pourrait se baser sur aucun argument ou aucun fait vérifiable », déclare Laurent Salvador Lamothe, qui affirme se réserver le droit de saisir les tribunaux canadiens pour défendre son honneur et intégrité.

L’ancien premier ministre Jean-Henry Céant estime que les sanctions du Canada à son égard constituent une tentative d’assassinat de son caractère.

« Je suis désagréablement surpris d’apprendre que j’ai été sanctionné par le canada. Une énième tentative d’assassinat de mon caractère », a écrit, sur son compte Twitter, Me. Jean Henry Céant, qui annonce avoir déjà contacté un cabinet d’avocats pour se défendre. [mff emb rc apr 24/11/2022 10:00]