Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 23 nov. 2022 [AlterPresse]--- À partir de ce mercredi 23 novembre 2022, les importations de sucre brut et de dérivés à base de sucre, produits par Central Romana Corporation Limited ((Roman Central) en provenance de la République Dominicaine, seront suspendues sur le marché américain, indique le service des douanes et de la protection des frontières (sigle en anglais : Cbp) des États-Unis d’Amérique, dans un communiqué dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Cette disposition, visant à lutter contre le travail forcé et d’autres violations des droits humains dans le monde, a été adoptée sur la base d’informations soulignant combien les travailleurs de canne à sucre en République Dominicaine sont contraints au travail forcé, relève le le service américain des douanes et de la protection des frontières.
Cette mesure intervient dans un contexte, marqué par une vague d’indignation, exprimée par diverses organisations nationales et internationales, contre les abus et autres types de mauvais traitements aux ressortissantes et ressortissants haïtiens en République Dominicaine.
En septembre 2022, le département américain du travail a identifié la canne à sucre de la République Dominicaine sur une liste de biens produits par le travail des enfants ou le travail forcé.
La République Dominicaine a été placée par les autorités américaines sur sa liste de niveau 2, dans son rapport sur la traite des personnes, publié en juillet 2022.
La canne à sucre, un des produits les plus importants de l’économie nationale en République Dominicaine, réunit une forte main d’œuvre haïtienne et de descendants d’Haïtiens à bon marché.
Des milliers d’Haïtiens et de descendants d’Haïtiens travaillent dans les plantations de canne à sucre en République Dominicaine, dans des conditions inhumaines et dégradantes, apprend-on.
Le Cbp informe avoir identifié au moins cinq des indicateurs de travail forcé de l’Organisation internationale du travail (Oit) au cours de son enquête, à savoir l’abus de vulnérabilité, l’isolement, la retenue de salaires, les conditions de travail et de vie abusives et les heures supplémentaires excessives.
Cette mesure « démontre l’engagement du Cbp à protéger les droits humains et les normes internationales du travail, et à promouvoir un marché mondial équitable et compétitif », a déclaré le commissaire par intérim du Cbp, Troy Miller.
« L’agence continuera d’établir une norme mondiale élevée, en enquêtant, de manière agressive, sur les allégations de travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement américaines et en gardant les marchandises impliquées hors du pays ».
Près de 28 millions de travailleurs subissent des conditions de travail forcé dans le monde, estime l’Oit, dans un rapport « Estimations mondiales de l’esclavage moderne : travail forcé et mariage forcé », publié en septembre 2022.
« Les entreprises étrangères exploitent le travail forcé pour vendre des biens en dessous de leur valeur marchande. Cela nuit également aux entreprises respectueuses des lois, menace les emplois américains et expose les consommateurs à soutenir par inadvertance des pratiques commerciales contraires à l’éthique ».
« Le fléau de la traite des êtres humains expose les populations vulnérables à des conditions de travail inhumaines, telles que violences physiques et sexuelles, isolement, restrictions de mouvement, retenues sur salaires, heures supplémentaires excessives, etc. », poursuit le communiqué.
Le service étasunien des douanes et de la protection des frontières « continue de renforcer la norme internationale, pour s’assurer que les marchandises fabriquées avec du travail forcé n’entrent pas dans le commerce des États-Unis », a déclaré AnnMarie R. Highsmith, commissaire adjointe exécutive du Bureau du commerce du service des douanes et de la protection des États-Unis. [emb rc apr 23/11/2022 12:35]
Photo : Celine Anaya Gauthier
Extraite d’un reportage réalisé de décembre 2004 à avril 2006 dans les bateys de la RD