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Des organisations sociales du Nord-Est d’Haïti protestent contre les mauvais traitements de migrants haïtiens par la RD

P-au-P., 21 nov. 2022 [AlterPresse] --- Des organisations locales de Ouanaminthe (Nord-est) ont procédé, le lundi 21 novembre 2022, à la fermeture de la grille d’accès à la ville frontalière dominicaine de Dajabon, pour protester contre les mauvais traitements infligés à des migrants haïtiens rapatriés massivement par le pays voisin, apprend AlterPresse.

Massés devant le point d’accès, les militants de ces organisations se sont servis de chaines et cadenas pour verrouiller le portail et empêcher toute circulation d’un côté à l’autre de la frontière, selon des témoignages rapportés par les médias.

Ce mouvement a causé la paralysie des activités, notamment celle du marché frontalier où les échanges sont généralement intenses entre Haïtiens et Dominicains.

S’exprimant en Espagnol, entre autres dans des médias dominicains, les initiateurs se sont réjouis que des tonnes de produits dominicains n’ont pu être vendus en Haïti, causant un manque à gagner significatif aux commerçants de la République voisine.

Ils ont dénoncé les mauvais traitements subis par les migrants haïtiens, sans nier à la République Dominicaine le droit de rapatrier des illégaux.

Les autorités de facto d’Haïti ont, dans un communiqué en date du 20 novembre 2022, dénoncé « les traitements inhumains et honteux », réservés à des compatriotes haïtiens se trouvant en République Dominicaine.

De tels abus « ternissent l’image de la République Dominicaine à travers le monde et mettent en péril l’esprit de paix et d’harmonie devant guider les relations entre les deux pays se partageant l’île », critique le Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), au nom du gouvernement en place.

Les mauvais traitements ainsi que les déportations massives de ressortissantes et ressortissants haïtiens en territoire voisin, ont soulevé une indignation générale, tant en Haïti qu’a l’étranger.

Les expulsions d’Haïtiens de République Dominicaine se sont poursuivies, en dépit d’un appel, le jeudi 10 novembre 2022, du haut-commissaire de l’Organisation des Nations unies aux droits humains, l’Autrichien Volker Türk (il a pris officiellement ses fonctions le 17 octobre 2022), qui a demandé aux autorités de tous les pays, y compris dominicaines, de cesser ces rapatriements forcés des Haïtiens, dans ce contexte de crise humanitaire et sécuritaire qui prévaut en Haïti.

L’ambassade des États-Unis en République Dominicaine attire l’attention des ressortissantes et ressortissants américains, qui résident en territoire voisin d’Haïti, sur le fait que des voyageurs ont déclaré avoir été retardés, détenus ou soumis à de nouveaux interrogatoires, aux points d’entrée et lors d’autres rencontres avec des agents de l’immigration dominicaine, en raison de leur couleur de peau.

Après la mise en garde des États-Unis, dans une note en date du 20 novembre, le Ministère des affaires étrangères dominicain déclare espérer que « le gouvernement des États-Unis envisage de retirer les termes (couleur de peau) non vérifiés contenus dans son communiqué ambigu, dans les plus brefs délais ».

19 organisations politiques et sociales de la République Dominicaine ont estimé, dans un récent appel, que « nous sommes confrontés à une campagne très dangereuse de déportations massives, qui pourrait se transformer en une campagne de nettoyage ethnique si la société dominicaine ne fait pas preuve de réflexes démocratiques et met un frein au gouvernement ». [apr 21/11/2022 23:00]

Source photo : FB/Ouanaminthe-post