P-au-P, 21 nov. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs ressortissantes et ressortissants Haïtiens en situation irrégulière en République Dominicaine sont détenus dans des centres de détention surpeuplés, sans possibilité de contester leur détention et sans accès à la nourriture ou aux toilettes, parfois pendant des jours, avant d’être libérés ou expulsés vers Haïti, a déploré, le samedi 19 novembre 2022, l’ambassade des États-Unis d’Amérique en République Dominicaine, citée par le journal dominicain Diario Libre, consulté par AlterPresse.
Dans une alerte, émise sur l’augmentation des opérations de la Direction générale des migrations dominicaines (Dgm), l’ambassade des États-Unis en République Dominicaine attire l’attention des ressortissantes et ressortissants américains à la peau foncée, qui résident en territoire voisin d’Haïti, sur le fait que des voyageurs ont déclaré avoir été retardés, détenus ou soumis à de nouveaux interrogatoires, aux points d’entrée et lors d’autres rencontres avec des agents de l’immigration dominicaine, en raison de leur couleur de peau.
Elle exprime également ses « préoccupations » face aux informations, qu’elle a reçues, concernant un présumé « traitement inégal » des Américains par les autorités de la République Dominicaine.
Les opérations d’expulsions généralisées, visant à détenir des immigrants sans papiers, en particulier les personnes d’origine haïtienne, pourraient conduire à « une interaction accrue » avec les autorités dominicaines, en particulier pour les Américains à la peau plus foncée et ceux d’ascendance africaine, met en garde la mission diplomatique des États-Unis.
Après la mise en garde des États-Unis, dans une note en date du 20 novembre, le Ministère des affaires étrangères dominicain déclare espérer que « le gouvernement des États-Unis envisage de retirer les termes (couleur de peau) non vérifiés contenus dans son communiqué ambigu, dans les plus brefs délais ».
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement dominicain a multiplié les opérations d’expulsions, dans le but de limiter l’immigration irrégulière en République Dominicaine, comme l’a ordonné le président Luis Abinader Corona, dans un décret pris le vendredi 11 novembre 2022.
La réponse d’Abinader est intervenue, après que le haut-commissaire de l’Organisation des Nations unies pour les droits humains, l’Autrichien Volker Türk, a demandé aux autorités de plusieurs pays d’arrêter les déportations d’Haïtiens vers leur pays, qui fait face actuellement à une grave crise sécuritaire et humanitaire.
Les autorités de facto en Haïti ont dénoncé « les traitements inhumains et honteux », à des compatriotes haïtiens se trouvant en République Dominicaine, dans une note.
De tels abus « ternissent l’image de la République Dominicaine à travers le monde et mettent en péril l’esprit de paix et d’harmonie devant guider les relations entre les deux pays se partageant l’île », critique le Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), au nom du gouvernement de facto. [emb rc apr 21/11/2022 13:00]