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Migration : Le gouvernement de facto en Haïti condamne « les traitements inhumains » d’Haïtiens en République Dominicaine

P-au-P, 21 nov. 2022 [AlterPresse] --- Les autorités de facto en Haïti dénoncent « les traitements inhumains et honteux », à des compatriotes haïtiens se trouvant en République Dominicaine, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

De tels abus « ternissent l’image de la République Dominicaine à travers le monde et mettent en péril l’esprit de paix et d’harmonie devant guider les relations entre les deux pays se partageant l’île », critique le Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), au nom du gouvernement de facto.

Le Maec indique avoir passé des instructions au chargé d’affaires d’Haïti en République Dominicaine, afin que ce dernier exprime à la chancellerie dominicaine les préoccupations du gouvernement e facto en Haïti quant à ces faits répréhensibles.

Tout en déclarant reconnaître le droit souverain de la République Dominicaine à réguler les flux migratoires à l’intérieur de son territoire, en fonction de sa législation et des conventions internationales dûment ratifiées, le Maec appelle les autorités dominicaines à accorder aux ressortissantes et ressortissants haïtiens un traitement respectueux de la dignité humaine.

Le gouvernement de facto en Haïti affirme renouveler son attachement au respect du protocole, signé en décembre 1999, sur les procédures de rapatriement.

Il entend assurer la République Dominicaine de sa volonté à continuer de travailler pour le renforcement de relations harmonieuses entre les deux pays partageant l’Ile d’Haïti, sur la base du respect des principes du droit international.

Les mauvais traitements ainsi que les déportations massives, envers les ressortissantes et ressortissants haïtiens en territoire voisin, ont soulevé une indignation générale, tant en Haïti qu’a l’étranger.

Les expulsions d’Haïtiens de République Dominicaine se sont poursuivies, en dépit d’un appel, le jeudi 10 novembre 2022, du haut-commissaire de l’Organisation des Nations unies aux droits humains, l’Autrichien Volker Türk (il a pris officiellement ses fonctions le 17 octobre 2022), qui a demandé aux autorités de tous les pays, y compris dominicaines, de cesser ces rapatriements forcés des Haïtiens, dans ce contexte de crise humanitaire et sécuritaire qui prévaut en Haïti.

« Des rapports indiquent que des Haïtiens sont détenus dans des centres de détention surpeuplés, sans possibilité de contester leur détention et sans accès à la nourriture ou aux toilettes, parfois pendant des jours, avant d’être libérés ou expulsés vers Haïti », a dénoncé, le samedi 19 novembre 2022, l’ambassade des États-Unis en République Dominicaine, par rapport aux opérations visant à détenir des sans papiers haïtiens.

L’ambassade des États-Unis en République Dominicaine attire l’attention des ressortissantes et ressortissants américains, qui résident en territoire voisin d’Haïti, sur le fait que des voyageurs ont déclaré avoir été retardés, détenus ou soumis à de nouveaux interrogatoires, aux points d’entrée et lors d’autres rencontres avec des agents de l’immigration dominicaine, en raison de leur couleur de peau.

Après la mise en garde des États-Unis, dans une note en date du 20 novembre, le Ministère des affaires étrangères dominicain déclare espérer que « le gouvernement des États-Unis envisage de retirer les termes (couleur de peau) non vérifiés contenus dans son communiqué ambigu, dans les plus brefs délais ».

Le président Luis Abinader « essaie de plaire aux égos nationalistes » avec les déportations massives d’ Haïtiens, a fustigé le vice-président du Parti révolutionnaire dominicain (Prd), Fernando Ramírez, cité par le journal dominicain Diario Libre dans un article.

Le vrai problème, auquel est confrontée la Republique Dominicaine, se trouve dans le crime et l’insécurité, qui troublent la paix, la stabilité et la vie du peuple dominicain, souligne Ramírez.

19 organisations politiques et sociales de la République Dominicaine ont condamné le décret 668-22, pris par le président Luis Abinader Corona, qui « permet l’expulsion de milliers de personnes qui vivent sur des terres dominicaines depuis des décennies », a indiqué le journal dominicain Hoy.

« Nous sommes confrontés à une campagne très dangereuse de déportations massives, qui pourrait se transformer en une campagne de nettoyage ethnique si la société dominicaine ne fait pas preuve de réflexes démocratiques et met un frein au gouvernement », ont averti ces organisations de la société civile.

L’organisme immiGrand, basé au Canada, s’est aussi élevé contre les déportations massives et les abus de droits des Haïtiennes et Haïtiens en République Dominicaine, dans une prise de position rendue publique le 16 novembre 2022

L’organisme immiGrand au Canada s’élève contre la politique migratoire des autorités dominicaines, qui ont décidé de passer outre la demande de l’Organisation des Nations unies de suspendre temporairement ces opérations de déportations massives d’Haïtiens et d’Haïtiennes, accompagnées de violences physiques et de traitements inhumains. [emb rc apr 21/11/2022 11:10]