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Haiti : " Notre société vomit sa souffrance sans nom "

Hommage à Jacques Roche assassiné le 14 juillet 2005

Par Nancy Roc [1]

Soumis à AlterPresse le 20 juillet 2005

« Malgré sa fragilité, la liane résiste au poids de la calebasse’’
Dicton indien

Cher Jacques,

Les hommages post mortem m’ont toujours révoltée
Mais, pour toi, je n’avais d’autre choix que de m’y plier
Ton assassinat, sa sauvagerie, n’a pas de nom
Mais il prouve que notre société vomit sa souffrance sans nom

550 millions de dollars n’auront pas permis d’assurer ta survie
Des leaders transformés en marionnettes assujetties,
Une société amorphe et avilie
T’ont catapulté de façon infâme vers l’infini.

Tes bourreaux avaient planifié ta mort innommable,
Ta souffrance a du être intolérable
Je n’ose imaginer ton agonie
Tes dernières pensées avant l’acte final de cette tragédie...

Je n’ai pas de mots pour exprimer ma peine et mon dégoût
Pour tes assassins sans âme, issus des égouts
De la mort, de la haine, de la division,
De l’inacceptable, de l’innommable déraison.

Tout va plus que mal Jacques. Tout est rebutant.
Tout est à vomir. Tout est révoltant.

La sueur de nos frères a baigné nos angoisses,
Leur souffrance et la tienne, enrouent ma voix
Je n’ai plus d’espoir et ne sais plus ni en qui ni en quoi croire.

Puisse au-delà de mon désespoir,
Ta mort nous apporter la rédemption
Et puisse-t-elle, enfin, pour Haïti, annoncer une nouvelle moisson.

Le vent de la liberté est tombé
Mais sa force n’en sera que décuplée !

Nancy Roc,
Floride, le 20 juillet 2005


[1Journaliste, réfugiée momentanément aux Etats-Unis