P-au-P, 16 nov. 2022 [AlterPresse] --- L’organisation Médecins sans frontières (Msf) appelle à une intensification immédiate de la réponse face à l’augmentation inquiétante du nombre de cas de choléra dans la capitale, Port-au-Prince et dans plusieurs départements d’Haïti, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Cette flambée de cas se déroule dans un contexte de crise politique, économique et sécuritaire sans précédent ».
L’organisation Msf demande que plus d’organisations et de bailleurs soient mobilisés, et des outils indispensables, comme la vaccination, puissent être mis à disposition, au profit des équipes médicales et de la population haïtienne.
Il convient aussi de mettre en place des Centres de traitement de choléra (Ctc), ou de renforcer, en urgence, les activités d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à des solutions de réhydratation orales.
161 décès dus au choléra, 8,708 cas suspects et 802 autres confirmés ont été dénombrés à travers le pays, de debut octobre 2022 jusqu’au lundi 14 novembre 2022, selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) en Haïti.
Le gouvernement de facto, les Nations unies et leurs partenaires ont lancé, le mardi 15 novembre 2022, un appel de 145,6 millions de dollars, pour soutenir le pays dans la réponse d’urgence face à la nouvelle vague de choléra et apporter une aide vitale à 1,4 million de personnes vivant dans les zones les plus affectées.
Mumuza Muhindo, chef de mission de Msf en Haïti, signale une saturation des Ctc de l’institution, installés depuis l’apparition, le 29 septembre 2022, des nouveaux premiers cas dans le pays.
« Nous sommes bientôt au maximum de nos capacités d’intervention ».
La saturation inquiétante des Ctc empêche la prise en charge de tous les patients, fait savoir, pour sa part, Michael Casera, épidémiologiste chez Msf.
Les difficultés pour les malades de se déplacer, à cause des pénuries de carburant et de l’insécurité, ou l’augmentation des décès communautaires difficile à quantifier sont aussi « des signes préoccupants », ajoute-t-il.
L’organisation Msf affirme détenir, à elle seule, plus de 60% de la capacité en lits pour traiter les patientes et patients atteints de choléra à Port-au-Prince.
Elle déclare traiter, depuis fin octobre 2022, en moyenne 270 patients par jour dans ses centres, alors qu’elle n’en reçoit qu’une cinquantaine au cours des deux premières semaines.
« Au total, nous avons admis plus de 8,500 patients et avons recensé 97 décès. L’évolution est très préoccupante ».
La situation de crise, marquée par les activités de groupes armés et le prix élevé du carburant, affecte le fonctionnement des structures sanitaires, avec des services fermés et la circulation réduite des ambulances, expose l’organisation médicale.
« L’accès à l’eau propre – élément crucial dans la lutte contre le choléra – dépend également de la circulation de camions- citernes, eux-mêmes tributaires de l’accès au carburant, et du contexte sécuritaire », insiste l’organisation Médecins sans frontières. [emb rc apr 17/11/2022 08:20]
Photo : Unicef-Maxence Bradley
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