P-au-P, 14 nov. 2022 [AlterPresse] --- Le chef du gouvernement de facto en Haïti, Ariel Henry, a été contraint de révoquer son titulaire de facto du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Berto Dorcé, ainsi que celui de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict), Liszt Quitel, ciblés par des sanctions du gouvernement des États-Unis d’Amérique, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Sa titulaire de facto au Ministère de la communication et de la culture (Mcc), Émmelie Prophète, assure l’intérim au Ministère de la justice par intérim, et lui-même au Ministère de l’intérieur, suivant un arrêté publié le vendredi 11 novembre 2022, dans le journal officiel « Le Moniteur ».
Par ailleurs, le juge Jean Joseph Lebrun est nommé président de la Cour de Cassation, un poste resté vacant depuis la mort, le 23 juin 2021, de l’ancien président de la Cour de Cassation et du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), le juge René Sylvestre.
Cette nomination est saluée, dans une note, par l’Association professionnelle des magistrats (Apm), qui la considère comme un pas important vers le fonctionnement régulier de la Cour de Cassation.
Elle devrait pallier au dysfonctionnement du Cspj, organe d’administration, de contrôle, de discipline et de délibération du pouvoir judiciaire, estime l’Apm.
La décision d’Ariel Henry de remplacer Dorcé et Quitel dans leurs postes survient après que le chargé d’affaires américain en Haïti, Eric William Stromayer, a appelé le gouvernement de facto à décider du sort de certains membres du gouvernement, dont les visas ont été révoqués par le gouvernement des États-Unis.
Les autorités américaines n’ont révélé aucun nom des personnalités politiques, ciblées par cette mesure, ni donné le motif de celle-ci.
Au cours du mois d’octobre, Me Berto Dorcé n’a pu voyager vers les États-Unis, en raison de cette restriction. Ce dossier avait fait un scandale sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Jacques Lafontant, a été mis en disponibilité pour « fautes administratives graves », indique une lettre du Mjsp, signée par Berto Dorcé, peu avant son remplacement.
Une nouvelle plainte d’Ariel Henry, portée contre Lafontant, a été transmise au Mjsp, informe Dorcé, tout en rappelant que cette mise en disponibilité a été décidée, en vertu de l’article 188, alinéa 4 du décret du 17 mai 2005, portant sur la fonction publique.
« Ce nouveau dossier s’ajoute à la longue liste de celle dénonçant vos actes de corruption, malversations et d’abus d’autorité », selon la lettre de mise en disponibilité de Jacques Lafontant.
Le commissaire du gouvernement près le tribunal civil des Cayes (Sud d’Haïti), Ronald Richemont, devrait succéder à Jacques Lafontant au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince.
Ces révocations font suite aux sanctions étasuniennes visant des protagonistes politiques ainsi que des chefs de gangs armés.
Des sanctions ont été imposées par les gouvernements du Canada et des États-Unis d’Amérique au président du tiers restant du sénat, Joseph Lambert, et à l’ex-président du grand corps, l’ancien sénateur Youri Latortue, pour trafic illicite de drogue et financement d’activités criminelles, entre autres.
Joseph Lambert et Youri Latortue « se sont livrés ou ont tenté de se livrer à des activités ou à des transactions, qui ont matériellement contribué ou présentent un risque significatif de contribuer matériellement à la prolifération internationale des drogues illicites ou de leurs moyens de production », ont révélé le département du trésor américain et le gouvernement du Canada.
Le département d’État étasunien a aussi annoncé des offres de récompenses, pouvant atteindre 1 million de dollars chacune, pour des informations menant à l’arrestation et/ou à la condamnation de trois chefs de gang haïtiens, en l’occurrence Wilson Joseph alias Lanmò Sanjou, Jermaine Stephenson, alias Gaspiyay, opérant à Croix-des-Bouquetes (municipalite au nord-est de Port-au-Prince) et Vitelhomme Innocent, opérant à Torcelle, Pernier et Tabarre.
Ces chefs de gangs armés ont conspiré, en vue de participer ou tenté de participer à un crime organisé transnational, condamne-t-il.
Le 16 octobre 2021, ils avaient kidnappé et séquestré contre rançon 16 missionnaires chrétiens américains et un missionnaire canadien, qui ont été, par la suite, libérés après plusieurs semaines en captivité.
Des accusations contre quatre chefs de gangs, dont deux parmi les principales bandes armées au centre de la capitale, Port-au-Prince, ont été également rendues publiques, le 7 novembre 2022, par la justice américaine.
Ces chefs de gangs seraient également impliqués dans des actes de kidnapping de cinq ressortissants américains en Haïti.
Les concernés sont Renel Destina, alias Ti Lapli, 40 ans, du gang Gran Ravin (secteur sud), Emanuel Solomon, alias Manno, la trentaine, du chef du gang Village de Dieu (côte ouest), John Peter Fleronvil et Jean Renald Dolcin deux chefs du gang Kokorat san Ras basé à Lacroix Périsse (Artibonite/Nord), selon le document émis par le bureau des affaires publiques du Ministère américain de la justice. [emb rc apr 14/11/2022 10:10]