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Haïti : Médias et journalistes se mobilisent en hommage à Jacques Roche

P-au-P., 20 juil 05 [AlterPresse] --- Une série d’émissions d’informations et de forums a commencé à être diffusée en réseau et en direct, dès 7 :00 locales à Port-au-Prince le mercredi 20 juillet 2005, sur divers médias principalement membres de l’Association Nationale des Médias Haïtiens, en signe de deuil et de protestation, mais aussi pour honorer la mémoire du journaliste Jacques Roche sauvagement assassiné le 14 juillet 2005, après 4 jours de séquestration par des gangs armés.

Associée aux activités, la Télévision publique (Télévision Nationale d’Haïti, TNH) a retransmis en direct les différentes interventions faites par responsables de médias, journalistes, consœurs et confrères, artistes, représentants d’organismes de défense de droits humains et de promotion du développement, écrivains, militantes féministes, délégués de différents secteurs sociaux qui avaient côtoyé Jacques Roche de son vivant.

Après la cérémonie funéraire prévue pour la matinée du 21 juillet 2005, qui aurait marqué le 44 e anniversaire de naissance de Jacques Roche, les journalistes de la capitale haïtienne tiendront une marche de protestation dans les rues de la principale ville d’Haïti. Des messages seront adressés en la circonstance devant le Bureau du Premier Ministre de Transition Gérard Latortue et le Palais National du président intérimaire Boniface Alexandre.

Les journalistes de Port-au-Prince ont appelé leurs consœurs et confrères des autres villes du pays à entreprendre, dans leurs régions respectives, des manifestations et rassemblements similaires dans le sens de rendre hommage à Jacques Roche.

Depuis plusieurs semaines, le secteur de la presse fait l’objet de diverses menaces et attaques, de la part d’individus armés non identifiés.

Aux premières heures de la matinée du 18 juillet 2005, la résidence privée, à Laboule (est de la capitale), du directeur général Jacques Price Jean de la TNH a essuyé des tirs nourris, dont les impacts de balles étaient visibles sur les murs de la maison.

Des journalistes dans le Nord du pays sont menacés de connaître le même sort que Jacques Roche, pour s’être prononcés sur les ondes contre l’assassinat crapuleux du confrère, poète et commentateur sportif défunt.

Le jour même de la découverte du corps sans vie de Jacques Roche le 14 juillet 2005, un technicien vidéo de la chaîne câblée privée Télé Haïti a été enlevé par des gangs, puis libéré suite à l’intervention de policiers nationaux dans le quartier de Solino, l’une des zones de non droit servant de refuge aux preneurs d’otages.

Le 13 juillet 2005, un autre confrère d’une station de radio privée a été délesté de tous ses effets par des bandits armés.

Roudy Bourdeau, chauffeur du directeur général d’une autre station privée de la capitale, est porté disparu depuis le 2 juillet 2005, date de son enlèvement par des bandits armés à la sortie nord de Port-au-Prince.

Face à la montée du climat d’insécurité, de nombreux journalistes haïtiens se sont réfugiés à l’étranger depuis juin 2005.

Après le sabotage le 13 janvier 2004 des émetteurs de plusieurs stations de radio sur le site de Boutilliers (est de la capitale) par des activistes de l’ancien régime, les médias victimes avaient tenu des émissions d’informations en réseau. [rc do lf apr 20/07/2005 10:30]