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Haïti-Genre : Les femmes et filles haïtiennes, victimes de préjudices liés à la pauvreté, dénoncent plusieurs organisations

P-au-P, 09 nov. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations de droits humains et de femmes expriment leurs préoccupations face aux préjudices liés à la pauvreté, subis par les femmes et les filles haïtiennes, dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Les préjudices et les défis omniprésents, auxquels sont confrontées les femmes et les filles haïtiennes, sont accentués par l’aggravation de la crise humanitaire, relèvent-elles.

Elles appellent à une action corrective urgente pour faire progresser l’égalité, les droits humains et les Objectifs de développement durables (Odd), à travers leur rapport, soumis le 31 octobre 2022 en réponse à un appel à contribution du Groupe de travail des Nations unies sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles pour son rapport 2023 sur « la sécurité humaine des femmes et des filles dans le contexte de la pauvreté et de l’inégalité ».

Les organisations soumissionnaires sont Nègès Mawon et le Bureau des avocats internationaux (Bai), basés en Haïti, et les organisations de solidarité basées aux États-Unis d’Amérique, Haitian women’s collective (Hwc), Institute for justice & democracy in Haïti (Ijdh) et Disaster law project (Dlp).

« En dépit d’un engagement tenace des femmes haïtiennes sur le terrain et d’un mouvement dynamique de défense des droits des femmes, les femmes et les filles haïtiennes restent profondément inégales et soumises à des préjudices liés au genre. Les femmes et les filles sont marginalisées politiquement, économiquement et socialement, et sont la cible de violences ».

Ces organisations soulignent combien « les femmes et les filles pauvres courent un risque catastrophique de violence sexuelle et autres violences, de famine, de déplacement, de maladie et d’autres préjudices » en Haïti, affectée par la crise.

Carine Jocelyn, fondatrice de Hwc, appelle à remédier à ces injustices.

C’est un impératif en matière de droits humains, mais aussi une condition préalable à la stabilité de la démocratie et au progrès vers les Odd, soutient-elle.

Les femmes et les filles pauvres de plus en plus marginalisées

Victimes d’inégalités structurelles et de dynamiques sociales délibérément créées pour soutenir l’esclavage, le colonialisme et le racisme anti-noir, « les femmes et les filles pauvres sont les premières à souffrir, parce qu’elles sont marginalisées, en raison de leur sexe et de leur classe sociale », renchérit Mario Joseph, avocat responsable du Bai.

Le Bureau des avocats internationaux demande de mettre fin à la marginalisation, à l’exclusion et aux divisions basées sur la classe sociale, et de donner à celles et ceux, qui appartiennent à la majorité pauvre des Haïtiens – en particulier les femmes – les moyens de diriger.

« Pour cela, il faudra aussi que ceux qui abusent ou ont abusé de leur pouvoir, tant parmi les acteurs internationaux qu’au sein de l’élite haïtienne, répondent de leurs actes ».

Pour sa part, Pascale Solages, codirectrice de Nègès Mawon, invite notamment les femmes et les filles à lutter contre d’énormes obstacles structurels et les échecs institutionnels du gouvernement haïtien et de ses partenaires internationaux, afin de revendiquer leurs besoins.

« Nous sommes confrontées à de la violence lorsque nous essayons d’intervenir dans les forums publics, mais nous ne recevons aucun soutien ni aucune protection », déclare l’organisation Nègès Mawon.

La capacité des femmes et des filles haïtiennes à promouvoir un changement systémique est également entravée par l’aide étrangère et les mécanismes associés, déplore-t-elle.

Même si, sur le plan formel, Haïti reconnaît l’égalité des sexes et ses obligations progressives, en vue d’atteindre les Odd, la discrimination est largement répandue, dans la réalité, relève Kathleen Bergin, fondatrice de Dlp et professeure adjointe à la Cornell law school.

Cette situation entraîne une profonde inégalité et des préjudices omniprésents, dirigés contre les femmes et les filles, souligne l’organisation Disaster law project.

« Il est impératif que le gouvernement d’Haïti et ses partenaires donateurs s’attaquent aux lois, politiques et pratiques, qui perpétuent les inégalités entre les sexes, et qu’ils se concentrent sur les besoins spécifiques des femmes et des filles à travers toutes les mesures, en particulier celles qui favorisent le développement durable ». [emb rc apr 09/11/2022 13:40]