P-au-P, 03 nov. 2022 [AlterPresse] --- Les préoccupations se renforcent de jour en jour concernant la sécurité des journalistes en Haïti, dans un contexte de violence et d’impunité, qui n’a pas cessé de se dégrader, observe l’agence en ligne AlterPresse.
« Depuis le mois de janvier de cette année (2022), certains journalistes (...) n’ont jamais retrouvé leurs foyers ou leurs rédactions après avoir fait un reportage », relève l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), à l’occasion de la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, le 2 novembre 2022.
L’Unesco a organisé, le jeudi 3 novembre 2022, avec des associations de médias, une causerie pour débattre de la sécurité des journalistes en Haïti.
Cette causerie entendait aussi saluer la mémoire des journalistes, tués dans l’exercice de leur fonction, et discuter de la protection des journalistes, de la prévention des crimes contre eux et de la poursuite de leurs auteurs.
7 journalistes, dont Wilguens Loussaint et John Wesley Amady le jeudi 6 janvier 2022, à Laboule 12, le photojournaliste Maximilien Lazarre lors d’une manifestation d’ouvrières et d’ouvriers, le mercredi 23 février 2022, Tayson Latigue et Frantzsen Charles, le dimanche 11septembre 2022 à Cité Soleil, sont assassinés en Haïti depuis janvier 2022.
Les deux cas d’assassinats les plus récents concernent le journaliste Garry Tess, retrouvé mort le 24 octobre 2022 aux Cayes (Sud) et Romelson Vilcin, tué le dimanche 30 octobre 2022, dans la cour du commissariat de police de Delmas 33, après avoir reçu une bonbonne de gaz lacrymogène à la tête, lancé par un agent de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Le journaliste Romelson Vilcin faisait partie d’un groupe de journalistes, venus apporter, au commissariat de police de Delmas 33, leur solidarité au confrère Robeste Dimanche de Radio Télé Zénith, sévèrement bastonné et arrêté quelques minutes auparavant par des agents de la Pnh, puis libéré dans la soirée du dimanche 30 octobre 2022.
L’Association des journalistes haïtiens (Ajh)a dénoncé la mort du journaliste Romelson Vilcin et les brutalités policières perpétrées, ce jour-là, à l’encontre d’autres confrères.
En plus des organisations de médias et de journalistes, d’autres voix se sont fait entendre à l’occasion du 2 novembre 2022.
« Il est du devoir de l’État de garantir les droits des journalistes à l’exercice de leur métier, libre de toute autocensure et sans crainte pour leurs vies, et à obtenir justice face aux crimes dont ils continuent à être les victimes », a écrit la délégation de l’Union européenne (Ue), sur son compte twitter.
L’Union européenne souligne combien les journalistes en Haïti font souvent face « à des multiples menaces et certains (es) trouvent la mort dans l’exercice de leur travail ».
L’Ue réclame justice pour les journalistes haïtiens, tués dans l’exercice de leur fonction.
Même préoccupation de l’organisme de défense de droits humains Combite pour le développement (Cpd), qui invite les autorités judiciaires « à donner suite aux dossiers en souffrance des journalistes, tués en Haïti depuis des lustres, qui restent toujours impunis ».
A travers le monde, plus de 70 journalistes ont été tués au cours de l’année 2022, alors que 9 assassinats sur 10 de journalistes et de travailleurs des médias restent impunis, selon l’Unesco.
Instaurée le 2 novembre 2013, en hommage à Ghislaine Dupont et à Claude Verlon, journalistes de Radio France internationale (Rfi) assassinés au Mali le 2 novembre 2013, la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre des journalistes vise à favoriser l’union au sein de la communauté internationale pour soutenir les journalistes et les travailleurs des médias et lutter contre l’impunité pour les crimes commis à leur encontre. [emb gp apr 03/11/2022 12:00]