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Haïti-Violence : Le dirigeant politique et homme d’affaires Eric Jean-Baptiste tué lors d’une attaque armée

Ariel Henry condamne « énergiquement »

Actualisé à 14:00

P-au-P., 29 oct. 2022 [AlterPresse] --- Le secrétaire général du parti politique Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp), l’homme d’affaires Eric Jean-Baptiste, a été tué, lors d’une attaque armée, dans la soirée du 28 octobre 2022, à Laboule (périphérie est de la capitale), apprend AlterPresse.

Le responsable politique, ancien candidat à la présidence, était en route pour rentrer chez lui, lorsque son véhicule a été attaqué par des individus lourdement armés à l’entrée de Laboule 12, rapporte une source proche de la victime contactée par AlterPresse.

Peterson Vernius, son chauffeur et garde du corps, a également été tué.

Une source policière a indiqué à AlterPresse que les deux victimes ont reçu des projectiles. Le chauffeur a été tué sur le coup et Éric Jean-Baptiste est décédé des suites de ses blessures.

Des photos, circulant sur les réseaux sociaux, montrent un véhicule renversé.

C’est l’émoi dans les milieux politiques et au niveau de la société en général, comme on peut le constater dans les posts effectués sur les réseaux.

La direction du Rdnp a prévu de se réunir en urgence, ce samedi 29 octobre 2022, afin de discuter du drame et prendre des dispositions appropriées.

Ariel Henry condamne « énergiquement »

En début de matinée du samedi 29 octobre 2022, le premier ministre de facto Ariel Henry a condamné « énergiquement ce crime odieux contre ce patriote, cet homme politique modéré et engagé pour le changement ».

« L’horrible assassinat du leader politique, Eric Jean Baptiste, et de son garde du corps, a, une nouvelle fois, plongé la nation haïtienne dans l’émoi », écrit-il sur Twitter.

« Nous présentons, au nom du gouvernement et du peuple haïtien, nos sincères condoléances aux familles des victimes, au #RDNP et à la classe politique, aujourd’hui révoltés par ce crime crapuleux ».

Depuis le début de l’année, des assassinats spectaculaires à Laboule 12 sous l’emprise d’un gang

C’est à Laboule 12 que le directeur général de l’Entreprise publique de promotion de logements sociaux (Eppls) et ancien sénateur du Sud, Yvon Buissereth, et une personne qui l’accompagnait, Ronald Joseph Momplaisir, ont été tués, puis brûlés, le samedi 6 août 2022, à bord d’un véhicule.

Le jeudi 6 janvier 2022, des membres du gang armé de Carlo Petit-Homme, dénommé Ti Makak, avaient assassiné, toujours à Laboule 12, deux journalistes haïtiens, John Wesley Amady, reporter de la radio Écoute FM basée à Montréal, au Québec (Canada), et Wilguens Louissaint, journaliste local.

Le samedi 1er janvier 2022, l’inspecteur de police Dan Jerry Toussaint, fils de feu Dany Toussaint, ancien major des Forces armées d’Haïti, a été assassiné par balles par des individus armés, dans la même zone.

Les milieux politiques

« L’ assassinat crapuleux de mon ami Eric Jean Baptiste, leader du RDNP, est un coup dur pour la classe politique haïtienne. La nation a perdu un vrai patriote, un homme de grand cœur et sincère qui aime immensément son pays. Sympathies à la famille et aux membres du RDNP. » : c’est ce qu’a tweeté Joseph Lambert, président du tiers restant du sénat.

L’avocat Michel André, porte-parole d’une des branches du Secteur démocratique et populaire (branche alliée au pouvoir) « condamne l’assassinat crapuleux de Monsieur Éric Jean Baptiste, homme d’affaires et leader du RDNP. Les sympathies du SDP à la Famille et aux membres du RDNP affectés par ce Crime ». Il en profite pour avancer qu’ « Haïti a besoin du support de ses amis étrangers pour sécuriser son territoire ».

« La machine de la mort poursuit sa course » et a frappé Eric Jean-Baptiste et son agent de sécurité, a tweeté l’ancien sénateur Jean-Charles Moïse, dirigeant du parti Pitit Desalines, qui présente ses condoléances au Rdnp.

« Eric Jean Baptiste...+ la mort au détour d’une réunion. A quelques heures d’un autre rendez-vous. La mort nous a précédé. La mort donnée, imposée. Ce n’est pas l’assassinat horrible d’un homme. C’est la mort qu’on inflige à tout un pays », écrit Clarens Renois, coordonnateur du parti Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir). « L’inquiétude m’envahit. Pas la peur ! », confie-t-il.

« La violence aveugle a emporté Éric Jean-Baptiste. Mon émotion est forte. Il n’y a plus de mots. L’épreuve est cruelle pour le RDNP », réagit, de son coté, l’ancien député Jerry Tardieu, coordonnateur national du mouvement En avant, sur le même réseau social. « La communauté politique est orpheline d’un homme de compromis. J’ai perdu un ami. Haïti a perdu un patriote. Pour Eric, le combat doit continuer », ajoute-t-il.

Les milieux diplomatiques

L’ambassade de France en Haïti apprend « avec horreur et condamne avec énergie l’assassinat de Monsieur Éric Jean-Baptiste, secrétaire général du Rdnp », lit-on sur le compte Twitter de la représentation diplomatique française.

« L’ambassade envoie ses sympathies à la famille, aux amis et aux proches du défunt. Elle appelle les autorités haïtiennes à prendre les mesures nécessaires pour retrouver et punir les auteurs de ce crime ».

Dans un tweet, l’ambassadeur du Canada en Haïti Sébastien Carrière offre ses sincères condoléances à la famille et aux proches d’Eric Jean Baptiste. « Encore une victime de trop de la crise sécuritaire et politique qui est en train de détruire Haiti », écrit-il.

Condamnation également, dans l’après-midi, de l’ambassade des États-Unis en Haïti du « meurtre brutal » du secrétaire général du Rdnp, « ainsi que le meurtre de 6 personnes à Juvenat » (périphérie est), dont les cadavres ont été découverts tôt ce 29 octobre. Une scène macabre qui fait l’objet d’une vidéo qui circule en boucle sur les réseaux sociaux. L’ambassade présente ses condoléances aux proches des défunts.

Niveau sans précédent du climat de terreur, dans un contexte de crise généralisée

L’attaque qui a couté la vie à Eric Jean Baptiste se produit dans un contexte de crise multidimensionnelle généralisée, marquée par un niveau sans précédent d’insécurité.

Eric Jean-Baptiste fait partie des dirigeants politiques, issus de divers milieux, qui discutent, depuis plusieurs, jours avec le pouvoir de facto en place, en vue de parvenir à un compromis jugé « historique », pour une solution à la crise.

Dans une déclaration en date du 25 octobre 2022, ils font l’éloge d’avancées significatives, qui seraient obtenues autour de plusieurs points prioritaires, tout en annonçant la poursuite des discussions.

Se disant préoccupés par la dégradation accélérée de la situation générale du pays, ils affirment leur volonté et leur détermination « de travailler promptement, afin de restituer aux institutions républicaines leur autorité et leurs pouvoirs régaliens, par le rétablissement de l’ordre et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ».

La situation humanitaire en Haïti s’est aggravée, à cause de violents mouvements de protestations, qui ont éclaté, suite à une hausse à plus de 100% des prix des produits pétroliers, le blocage du principal terminal pétrolier d’Haïti, par une fédération des gangs armés (G9), dirigée par le puissant chef de gang Jimmy Chérizier, alias Barbecue, et la résurgence, depuis le 2 octobre 2022, du choléra.

Le dossier est présentement analysé au niveau de la communauté internationale, appelée au secours par le chef de gouvernement de facto, sollicitant une intervention étrangère pour faire face à la situation. [apr 29/10/2022 10:00]