P-au-P, 27 oct. 2022 [AlterPresse] --- Des discussions sont engagées, depuis plusieurs jours, entre des représentants d’accords et d’entités politiques issus de divers milieux et le pouvoir de facto en place, en vue de parvenir à un compromis jugé « historique », pour une solution à la crise.
C’est ce qui ressort d’une déclaration, en date du 25 octobre 2022, signée par des représentants du Protocole d’entente nationale-Modifié (Pen-Modifié), du groupe de Concertation politique, de l’Accord unitaire d’Haïti, de partis politiques non alignés et du Parti haïtien tèt kale (Phtk) et alliés [1], et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ils font l’éloge d’avancées significatives, qui seraient obtenues, dans un processus de pourparlers avec les autorités de facto autour de plusieurs points prioritaires, tout en annonçant la poursuite des discussions avec des forces politiques, économiques et sociales, qui partagent les vues exprimées dans la présente déclaration.
A travers cette déclaration du 25 octobre 2022, les signataires déclarent avoir convenu de conjuguer leurs efforts « pour juguler, de façon durable et consensuelle, cette longue crise, qui met en péril les fondements mêmes de la république et fait planer une fois de plus, de lourdes menaces sur notre souveraineté nationale ».
Se disant préoccupés par la dégradation accélérée de la situation générale du pays, ils affirment leur volonté et leur détermination « de travailler promptement, afin de restituer aux institutions républicaines leur autorité et leurs pouvoirs régaliens, par le rétablissement de l’ordre et de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ».
Ils interpellent également la conscience citoyenne de chaque acteur et actrice, afin de relancer concrètement le dialogue inter-haïtien, vrai et franc, qui devrait « permettre de ramener la paix dans les cœurs et la sérénité dans les familles ».
Tout en déclarant « l’urgence nationale », ils déclarent s’engager à rechercher ensemble ce qu’ils qualifient d’ « indispensable compromis historique », lequel serait capable de garantir, disent-ils, la protection des vies et la libre circulation des personnes et des biens.
Ce compromis serait aussi susceptible de permettre la reprise totale des activités, la stabilité et l’efficacité de la gouvernance intérimaire, l’amélioration des conditions de vies des couches défavorisées et la création des conditions pour l’organisation d’ élections démocratiques, dans un délai ne dépassant pas 18 mois.
Des partis politiques opposés à toutes discussions avec Ariel Henry
Plusieurs secteurs de l’opposition politique ont dénoncé le processus de dialogue, engagé par ces représentants d’accords et d’entités politiques avec le régime de facto en place, dans un contexte de grave crise socio-politique et humanitaire.
« Nous rejetons tout compromis et toute compromission avec Ariel Henry. Le peuple ne donne mandat à personne d’aller négocier l’amnistie, pour un criminel qui demande à des forces étrangères de l’aide pour opprimer les manifestants », réagit, dans un tweet, le secrétaire général du parti politique Pitit Desalin, Jean Charles Moise.
« Trop de militants sont morts. Aujourd’hui, le peuple n’a pas besoin d’avocats. Il a pris son destin en main ».
Pour sa part, l’ancien sénateur Steven Benoit, élu premier ministre dans le cadre de l’accord du 30 août 2021, dit accord de Montana, pour une transition de rupture, renouvelle son attachement au dit accord, qui représente, selon lui, le plus large consensus jamais trouvé en Haïti.
« Vive une transition de rupture, non à la corruption et à l’impunité ! »
Steven Benoit désapprouve toute cohabitation avec « les dilapidateurs de fonds » et « des criminels », tout en réclamant « justice pour les victimes des massacres, commis par le régime en place ! »
Début août 2022, les membres du Bureau de suivi de l’accord du 30 août 2021, appelé accord de Montana, ont décidé de surseoir aux négociations politiques avec le pouvoir de facto en place, après des semaines de discussions, en évoquant une absence de volonté réelle du gouvernement de facto de parvenir à un consensus large, en vue de résoudre la crise socio-politique en Haïti. [emb rc apr 27/10/2022 12:10]
[1] La déclaration conjointe du 25 octobre 2022 est signée des représentants de :
Pen- Modifié : Député Serge Jean-Louis, Député A. Rodon Bien-Aimé, Sénateur Youri Latortue, Sénateur Jean Renel Sénatus
Groupe de Concertation Politique :Dr. Emmanuel Ménard, Député Abel Descollines, Député Joseph Manès Louis, Me Valery Dutreil Jacques
Accord Unitaire d’Haiti : Deputé Jean Wilson Hyppolite, Jean Chrisnel Décime
Des partis non-alignés :
Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp), Erick Jean Baptiste
Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (Unir), Clarens Renois
Parti haïtien tèt kale (Phtk) et aillés, Liné Balthazar