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Haïti-Crise : Poursuite des mobilisations à Port-au-Prince pour exiger le départ d’Ariel Henry

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 24 oct. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs dizaines de manifestantes et manifestants ont défilé à nouveau, dans les rues de Port-au-Prince, pour continuer d’exiger le départ du premier ministre de facto, Ariel Henry, à l’occasion de la journée des Nations unies, ce lundi 24 octobre 2022, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Les protestataires dénoncent les multiples échecs des forces onusiennes, qui sont intervenues en Haïti, pendant les dernières décennies.

La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) est aussi indexée par les protestataires, pour avoir introduit, en octobre 2010, le choléra dans le pays et participé à divers massacres dans les quartiers populaires.

Le coordonnateur de l’Union nationale des normaliennes et normaliens d’Haïti (Unnoh), Josué Mérilien, membre du regroupement Konbit òganizasyon politik, sendikal ak popilè a vivement critiqué la cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Americaine Helen Meagher La Lime, qui a applaudi la création, en juin 2020, de la fédération des gangs armés G9 an fanmi e alye (en famille et alliés).

Mérilien s’en est pris également à Ariel Henry, qui a décidé de solliciter, le 7 octobre 2022, auprès de la communauté internationale, une nouvelle intervention militaire étrangère en Haïti, pour l’aider à faire face au climat d’insécurité et à la crise humanitaire actuelle.

« Nous n’avons pas besoin d’une force d’occupation, mais d’une commission indépendante pour enquêter sur les crimes des forces onusiennes dans le pays », recommande Josué Mérilien, qui participait à la manifestation.

Des dispositions doivent aussi être prises pour dédommager les nombreuses victimes des forces onusiennes en Haïti.

Ayant démarré devant l’ambassade de France, située au Champs de Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince), la manifestation a parcouru plusieurs rues de la capitale, Port-au-Prince, dont l’avenue John Brown communément appelée Lalue, l’avenue Martin Luther King dénommée Nazon, pour prendre la direction de Delmas (municipalité au nord-est de Port-au-Prince).

La mobilisation devait terminer sa course à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale) devant les locaux du Binuh, où un message final devait être délivré.

« Vive la souveraineté, A bas occupation », ont scandé sur leur parcours les manifestants, tout en dénonçant l’ingérence manifeste des États-Unis d’Amérique dans la politique en Haïti.

Ce lundi 24 octobre 2022, Carrefour (périphérie sud) à nouveau partiellement paralysé depuis ce matin. En guise de barricades, des véhicules sont placés en travers de la voie publique. (Photo logo)

Une partie du nord de Port-au-Prince était encore paralysée par des barricades, à partir de Damien (non loin du Ministère haïtien de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural / Marndr), selon les témoignages recueillis par AlterPresse.

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), le lundi 17 octobre 2022, à New York (États-Unis), la représentante spéciale du secrétaire général des Nations-unies, l’Américaine Helen Meagher La Lime, cheffe du Bureau intégré de l’Onu en Haïti (Binuh), a appelé le Conseil de sécurité de l’Onu à traiter en « toute urgence » la requête du gouvernement de facto en Haïti en faveur d’une nouvelle intervention étrangère armée.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, a aussi déclaré, lundi 17 octobre 2022, qu’une « action armée » était nécessaire pour créer un couloir humanitaire face au blocus des fournitures humanitaires et civiles vitales, par des gangs lourdement armés, et le risque croissant posé par le choléra dans la capitale haïtienne Port-au-Prince.

Pour leur part, la Chine et la Russie ont exprimé des réserves, quant à la perspective de déploiement d’une force internationale armée en Haïti, à la demande du gouvernement de facto en Haïti, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’Onu.

Le vendredi 21 octobre 2022, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, à l’unanimité, une résolution établissant « un régime de sanctions spécifiques ciblant les chefs de gangs armés qui opèrent en Haïti et tous ceux qui les soutiennent », en finances et en armes.

Interdiction de voyager pour ces personnes, le gel de leurs avoirs et un embargo sur les armes pour les acteurs non étatiques sont les principales mesures adoptées dans le texte approuvé par 15 nations.

Le chef de gang haïtien, Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », la fédération de gangs G9 an fanmi e alye, qui bloque, depuis plusieurs semaines, le terminal pétrolier de Varreux, dans la commune de Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince), est particulièrement ciblé par ces sanctions. [emb rc apr 24/10/2022 13:30]