P-au-P, 21 oct. 2022 [AlterPresse] --- Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies a voté à l’unanimité, ce vendredi matin 21 octobre 2022, une résolution établissant « un régime de sanctions spécifiques, ciblant les chefs de gangs armés qui opèrent en Haïti et tous ceux qui les soutiennent », en finances et en armes.
Ces mesures restrictives consistent, pour ces personnes, en l’interdiction de voyager, le gel de leurs avoirs et un embargo sur les armes pour les acteurs non étatiques, suivant le texte approuvé par 15 nations et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Le chef de gang haïtien Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », est particulièrement ciblé par ces sanctions.
Cet ancien policier national, qui dirige une fédération de gangs armés, dénommée G9 an fanmi e alye, qui sème la terreur en Haïti, bloque, depuis le 12 septembre 2022, le terminal pétrolier de Varreux, dans la commune de Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince), où sont stockés 70% des produits pétroliers.
Selon le gouvernement de facto d’Ariel Henry, ce blocage a entrainé une perturbation des activités économiques et scolaires dans le pays.
Or, dans la réalité, les activités globales sont paralysées, avec la rareté persistante, depuis plusieurs mois, des produits pétroliers sur le marché national.
Après avoir décidé de renvoyer la rentrée officielle des classes, du lundi 5 septembre au lundi 3 octobre 2022, le gouvernement de facto a, de fait, empêché le retour des élèves en classes, en annonçant, le 14 septembre 2022, une augmentation à plus de 100% des prix des produits pétroliers en Haïti.
La résolution, adoptée, le 21 octobre 2022, au Conseil de sécurité de l’Onu, cible tous ceux, qui se livrent à des activités criminelles, à la violence et au trafic d’armes, aux violations des droits humains et à l’obstruction à l’acheminement de l’aide humanitaire ou des produits essentiels à la population.
Elle épingle aussi toutes les personnes, qui, par leurs actions, compromettent la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti et dans la région.
Le vote de la résolution, prévu mercredi dernier 19 octobre 2022a été retardé par les États-Unis et le Mexique, afin de pouvoir réviser le texte dans l’espoir d’obtenir plus de soutien des membres du Conseil.
Le texte final a éliminé une référence à un appel, en date du 7 octobre 2022, du Conseil des ministres de facto d’Haïti, pour l’envoi urgent d’une force militaire internationale, qui devrait lutter contre la violence en Haïti et atténuer sa crise humanitaire, relève un article du journal américain Washington Post.
« Un message politique fort et dissuasif
Le représentant d’ Haïti au Conseil de sécurité de l’Onu, Antonio Rodrigue, déclare saluer l’adoption à l’unanimité du texte, dont les mesures adoptées contribueront, dit-il, à mettre un frein aux activités meurtrières et violentes des groupes armés, qui prolifèrent dans le pays.
Ces actions criminelles causent de nombreuses victimes et des déplacements massifs de la population.
A travers l’adoption de cette résolution, « un message politique fort et dissuasif », susceptible de leur faire changer de comportements, est envoyé aux acteurs, estime-t-il.
C’est un pas dans la bonne direction, ajoute-t-il, considérant, toutefois, combien les sanctions ne pourront pas, seules, éradiquer la violence.
Le représentant d’ Haïti à l’Onu, Antonio Rodrigue, évoque une incapacité de la Police nationale d’Haïti (Pnh) à faire face aux groupes armés.
La demande du gouvernement de facto en Haïti, pour un appui robuste, sous la forme d’une force spécialisée, qui viendrait en aide à la Pnh, « mérite une considération attentive » de la part des membres du Conseil de sécurité de l’Onu, réitère-t-il.
Le premier ministre de facto Ariel Henry a sollicité une nouvelle intervention militaire étrangère en Haïti, en vue de l’aider à faire face à la criminalité et à la crise humanitaire.
Divers secteurs ont qualifié cette demande gouvernementale de crime de haute trahison envers la nation haïtienne.
Des sanctions sans conséquences, déplore Daniel Foote
Réagissant au vote de cette résolution, l’ancien envoyé spécial des États-Unis d’Amérique en Haïti, Daniel Foote, a rappelé combien Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », et d’autres « sont sous le coup de sanctions américaines depuis quelques années ».
« Personne, que je connais, n’est au courant des conséquences » des sanctions américaines depuis quelques années, dit-il.l
Daniel Foote recommande de supprimer le soutien au premier ministre de facto, Ariel Henry, principal obstacle à la paix. [emb rc apr 21/10/2022 12:00]