Par Nancy Roc*
Soumis à AlterPresse le 21 octobre 2022
Le chef de projet national haïtien et de protection de l’environnement dans les Caraïbes (EPIC), Anderson Jean, a été choisi comme lauréat du Bright Award 2022 par l’intermédiaire de la Faculté de Droit de Stanford, Californie, classée deuxième des meilleurs universités aux États-Unis.
Originaire des Cayes, le conservationniste, Anderson Jean, est récipiendaire de ce prix qui est remis, chaque année, à un individu ou un groupe pour son travail exceptionnel en matière de préservation et de durabilité.
« Il a toujours collaboré avec nous et n’a jamais ménagé ses efforts pour faire avancer la conservation de la biodiversité en Haïti et particulièrement la protection des oiseaux », a déclaré Philippe Bayard, fondateur et président de la Société Audubon Haïti qui s’est réjoui qu’on ait remis ce prix à son compatriote.
« La détermination et l’engagement d’Anderson envers les oiseaux d’Haïti, malgré un certain nombre de défis, sont vraiment une source d’inspiration pour nous tous. Son travail est une expression d’espoir, cherchant à inculquer l’amour des oiseaux aux générations futures », a, pour sa part, souligné Lisa Sorenson, directrice exécutive de organisation ornithologique Birds Caribbean, anciennement la Société pour la conservation et l’étude des oiseaux des Caraïbes.
Une récompense de 13 ans de recherches
- Photo : Pedro Genaro
Formé en Agroforesterie et Sciences de l’Environnement, Anderson Jean est basé aux Cayes, en Haïti. Il a commencé à faire du bénévolat auprès de chercheurs américains étudiant la biodiversité du pays. Après avoir dédié 13 ans à la recherche du Buse de Ridgway, une espèce qu’on croyait éteinte en Haïti, lui et un collègue ont trouvé le rapace en août 2019 sur l’île de Petite Cayemite, une commune d’Haïti située dans le département de la Grande Anse et l’arrondissement de Corail, « J’étais déterminé à trouver cet oiseau car on croyait l’espèce éteinte alors que je savais qu’il n’y avait jamais eu de recherches intensives pour le trouver », nous a déclaré Anderson Jean en interview. « J’ai d’abord commencé mes recherches à Tiburon et à l’Île—Vache dans le Sud du pays, ensuite je les ai poursuivies à Duchity, Beaumont et Pestel dans la Grande Anse. Finalement, je suis arrivé à la repérer sur l’île de Petite Cayemite », a-t-il expliqué.
Quand il a reçu un courriel de l’Université de Stanford lui annonçant qu’il était récipiendaire du prix Stanford Bright Award 2022, « j’ai cru qu’on avait piraté mon adresse », explique-t-il en riant. « Ce n’est que lorsque j’ai reçu la lettre officielle par UPS, que j’ai fini par croire que c’était vrai. J’étais tellement ému et content en même temps », avoue-t-il, « car je ne m’attendais pas à ce que des étrangers apprécient mes efforts à ce point ».
Cette reconnaissance d’envergure devrait être un catalyseur pour la suite de ses recherches car, « nous poursuivons notre investigation sur les îles Grande et Petite Cayemite pour estimer la taille de la population de ces oiseaux et les zones de nidification avec le support du Fonds Peregrine », révèle Anderson Jean, Le Fonds Peregrine une organisation à but non lucratif fondée en 1970. Cette association de l’Université de Cornell aux États-Unis, conserve et fait reproduire des oiseaux de proie menacés et en voie de disparition dans le monde entier.
* Nancy Roc est journaliste indépendante depuis plus de 30 ans. Après avoir obtenu un D.E.S.S en Éducation Relative à l’Environnement de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), elle souhaite poursuivre son Master 2 en Climat et Média à l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) et l’Université Paris Saclay.
Photo logo : collection Anderson Jean