Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 19 oct. 2022 [AlterPresse] --- La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) recommande une assistance alimentaire d’urgence en faveur d’environ 4 millions 700 mille personnes en insécurité alimentaire en Haïti, dans une analyse de la situation alimentaire, au cours du mois d’octobre 2022, consultée par l’agence en ligne AlterPresse.
Cette assistance alimentaire devrait s’étendre sur la période allant d’octobre 2022 à février 2023, préconise la Cnsa, soulignant combien 5 ménages sur 10 sont actuellement en insécurité alimentaire sur le territoire national.
L’augmentation des prix des produits, les troubles socio-politiques et économiques, la violence des groupes armés, la faible production agricole, la rareté et l’augmentation du prix du carburant sont à la base de la hausse de l’insécurité alimentaire en Haïti, relève la Cnsa.
Le taux d’insécurité alimentaire (Ipc phase 3 et plus) est passé de 44% à 48%.
Cette hausse a été révélée dans la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Ipc), conduite en Haïti sous la direction de la Cnsa et avec la participation de 17 partenaires nationaux et internationaux.
Les zones du grand Sud d’Haïti (Sud, Grande Anse et Nippes/ Sud-Ouest), lourdement frappées dans le tremblement de terre du 14 août 2021 (4 parmi les 9 zones analysées), le Haut Plateau central et ses prolongements dans le Nord, le Nord-Est et l’Artibonite, le Nord-Ouest, l’île de la Gonâve et 3 communes dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, les plus affectées par les manœuvres des gangs armés (Cité Soleil, Port-au-Prince et Croix-des-Bouquets) figurent principalement parmi 15 zones sur 32, les plus concernées par l’insécurité alimentaire.
Sur une échelle allant jusqu’à 5, ces zones sont classées en phase 4 « urgence » de l’Ipc .
Ce constat signifie que les familles ont des déficits alimentaires extrêmes, qui se traduisent par le recours à des stratégies de subsistance d’urgence, explique la Cnsa.
Dans la commune de Cité Soleil (avec 5% de la population concernée), qui a atteint, pour la première fois en Haïti, une proportion de ménages dans une situation de catastrophe (Ipc 5), les ménages manquent énormément de nourriture et/ou de quoi subvenir à leurs autres besoins de base, malgré une utilisation maximale de stratégies d’adaptation.
Pour la période allant de mars à juin 2023, la Cnsa augure une légère dégradation de la situation, dans des zones dépendant de l’agriculture.
Elle anticipe une légère amélioration dans les zones, notamment urbaines, qui dépendent un peu moins de l’agriculture.
Cela devrait permettre de maintenir stable (mais à un niveau qui restera élevé) le nombre de personnes nécessitant une assistance alimentaire urgente, poursuit-elle.
En raison de la sévérité de la situation, la Cnsa appelle à des actions urgentes, afin d’apporter un soutien à environ 50 % de la population (les familles les plus pauvres et les plus affectées par l’insécurité alimentaire).
« Il sera également crucial d’articuler et de lier les interventions d’urgence avec des interventions de développement, afin d’avoir des effets plus durables et structurels sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles ainsi que, plus globalement, sur les moyens d’existence. Ceci, dans le but de sortir ces familles de cette dépendance à l’assistance alimentaire humanitaire », insiste la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa).
Dans une note, publiée à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le dimanche 16 octobre 2022, diverses organisations nationales ont dénoncé l’application, par l’État en Haïti, d’un système politique et économique imposé par des institutions financières internationales, comme le Fonds monétaire international (Fmi), en détriment de la souveraineté alimentaire d’Haïti.
La crise alimentaire, à laquelle fait face la population en Haïti, résulte du choix économique et politique, imposé par le capitalisme néolibéral, à travers la Banque mondiale (Bm) et le Fmi, soutiennent la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), l’Institut culturel Karl Lévêque (Ickl), le Kolektif jistis min (Kjm) et Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen. [emb rc apr 19/10/2022 14:15]