La situation chaotique en Haïti est, en grande partie, liée « à la mise sous tutelle internationale de l’État et à la mise en place d’un système économique basé sur la rente, la corruption et la violence criminelle de la corruption »
Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 13 oct. 2022 [AlterPresse]--- Le Bureau de suivi de l’accord du 30 août 2021 (Bsa), dit accord de Montana, se prononce contre toute nouvelle intervention militaire et policière en Haïti, lors d’une rencontre avec les émissaires américains en visite de deux jours dans le pays, les mercredi 12 et jeudi 13 octobre 2022.
Le Bsa dit justifier sa position, en évoquant les séquelles profondes, tant au niveau de l’État que de la société haïtienne, laissées par plusieurs interventions étasuniennes et onusiennes dans le pays, dans un document dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Les résultats de ces interventions sont « insignifiants » et « les effets contre productifs », ajoute-t-il.
Le Bsa souligne combien la situation chaotique en Haïti est, en grande partie, liée « à la mise sous tutelle internationale de l’État et à la mise en place d’un système économique basé sur la rente, la corruption et la violence criminelle de la corruption. ».
Mettre fin, de manière durable, au climat de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés, passe par le renforcement des institutions sécuritaires et nationales, estime le Bsa, qui se déclare, toutefois, favorable à une assistance technique et logistique à l’État haïtien pour le renforcement de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Une solution politique, visant une rupture radicale des liens entre les pouvoirs politiques, le secteur économique mafieux et les gangs armés, s’avère également impérieuse.
Le Bureau de suivi de l’accord du 30 août 2021, plus connu sous le nom d’accord de Montana, dénonce « l’entêtement de la communauté internationale, particulièrement des États-Unis d’Amérique, à vouloir imposer à Haïti un exécutif monocéphale, qui ne correspond nullement à la Constitution ».
Décrié par les secteurs politiques et sociaux, le premier ministre de facto, Ariel Henry, a contribué à l’aggravation de la crise politique et sécuritaire du pays, fustige le Bsa.
Non content d’avoir refusé systématiquement le consensus, proposé par la société civile et les partis politiques, le chef du gouvernement de facto a appelé à une nouvelle occupation militaire étrangère du territoire national, en vue de se maintenir à tout prix au pouvoir, dénonce-t-il.
Début août 2022, les membres du Bsa ont décidé de surseoir aux négociations politiques avec le pouvoir de facto en place, après des semaines de discussions, en évoquant une absence de volonté réelle du gouvernement de facto de parvenir à un consensus large, en vue de résoudre la crise socio-politique en Haïti.
« Le temps est venu pour les dirigeants politiques d’Haïti de mettre de côté leurs différences, pour trouver une voie vers une paix durable », a déclaré Nichol’s, dans un tweet, à l’issue de sa rencontre avec le premier ministre de facto Ariel Henry.
Entre-temps, les États-Unis envisagent des restrictions de visas et d’autres mesures à l’encontre de responsables haïtiens et d’autres personnes impliquées dans les activités des gangs et d’autres organisations criminelles, qui sèment la terreur dans le pays, annonce, le 12 octobre 2022, le département d’État américain, dans un communiqué de presse.
Ces mesures peuvent également s’appliquer aux membres des familles immédiates de ces personnes, signale également le département d’État américain.
« À l’heure actuelle, le département d’État identifie un premier groupe de personnes et de membres de leurs familles immédiates, qui peuvent être soumis à des restrictions de visa en vertu de la présente politique », lit-on dans le communiqué. [emb rc apr 13/10/2022 13:35]
Source photo : Twitter ambassade américaine