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Haïti-Criminalité : Restrictions de visas américains en perspective

P-au-P., 12 oct. 2022 [AlterPresse] --- Les États-Unis envisagent des restrictions de visas et d’autres mesures à l’encontre de responsables haïtiens et d’autres personnes impliquées dans le fonctionnement des gangs qui sèment la terreur dans le pays, annonce, le 12 octobre 2022, le département d’État américain, dans un communiqué de presse dont a pris connaissance AlterPresse.

Ces mesures peuvent également s’appliquer aux membres des familles immédiates de ces personnes, indique également le département d’État.

« À l’heure actuelle, le département d’État identifie un premier groupe de personnes et de membres de leurs familles immédiates qui peuvent être soumis à des restrictions de visa en vertu de la présente politique », lit-on dans le communiqué.

« Notre intention d’imposer ces restrictions de visa est de démontrer qu’il y a des conséquences pour ceux qui suscitent la violence et les troubles dans le pays, tandis que nous continuons à soutenir les citoyens, les organisations et les fonctionnaires en Haïti qui s’engagent à générer de l’espoir et des opportunités pour un avenir meilleur dans leur pays ».

Le contexte de ces dispositions envisagées est « une résurgence mortelle du choléra » et la multiplication des actions des « acteurs malveillants » qui « continuent de financer et de fomenter la violence » et « bloquer l’approvisionnement en carburant et l’accès humanitaire pour une aide vitale ».

Les États-Unis annoncent que du personnel se trouve sur le terrain et travaille aux côtés des agents de santé haïtiens et des ONG pour répondre à l’épidémie de choléra, alors que la livraison d’aide humanitaire supplémentaire s’accélère.

Dans les prochains jours une aide à la sécurité à la police nationale haïtienne sera livrée, afin de renforcer sa capacité à lutter contre les gangs et à rétablir un environnement de sécurité stable, promet le gouvernement américain.

D’autres dispositions sont à l’étude dans le cadre de démarches en cours au conseil de sécurité des Nations-unies, qui doit se pencher, dans les jours qui viennent, sur le dossier de la crise haïtienne.

Les annonces américaines sont faites au moment où le secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires de l’hémisphère occidental, Brian A. Nichols, dirige, les 12 et 13 octobre 2022, une délégation inter-agences à Port-au-Prince, alors qu’un important navire de la marine américaine est dépêché pour patrouiller au large de la capitale.

La délégation a rencontré dans la soirée du 12 octobre le premier ministre Ariel Henry, le groupe de Montana, des leaders du secteur privé et des groupes plus larges de la société civile.

« Le temps est venu pour les dirigeants politiques d’Haïti de mettre de côté leurs différences pour trouver une voie vers une paix durable », déclare le sous-secrétaire d’État américain Brian Nichols, dans un tweet, à l’issue de sa rencontre avec le premier ministre Ariel Henry.

L’urgence d’un consensus a été au centre de la rencontre du sous-secrétaire d’État américain avec des représentants du mouvement Montana, dont Fritz Jean, élu par le mouvement pour endosser des responsabilités de chef d’État.

Entretemps, « la Garde côtière américaine déploie l’un de ses principaux navires pour patrouiller au large de Port-au-Prince, Haïti, à la demande du gouvernement haïtien et en étroite coordination avec le Département d’État », a fait savoir le département d’État, dans une précédente note.

Des mouvements de protestations, émaillés de violences et de pillages, ont éclaté, à travers Haïti, depuis le lundi 12 septembre 2022, après l’annonce d’une hausse à 100% des prix des produits pétroliers sur le marché national.

Le blocage, depuis plusieurs semaines, du terminal pétrolier de Varreux, dans la commune de Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince), par les gangs armés de G9 an fanmi e alye, perturbe le fonctionnement de l’ensemble des activités scolaires et commerciales, à cause de la rareté de carburant provoquée dans le pays.

De plus, la résurgence du choléra, faisant une vingtaine de morts en une semaine, vient amplifier le risque d’une crise humanitaire sans précédent.

Une résolution du Conseil des ministres de facto, prise le jeudi 6 octobre 2022, a autorisé Ariel Henry à « solliciter et obtenir des partenaires internationaux d’Haïti un support effectif pour le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée, en quantité suffisante pour stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité résultant des actions criminelles des gangs armes et de leurs commanditaires ».

Un arrêté, relatif à cette résolution, a été publié dans le journal officiel « Le Moniteur » du 7 octobre 2022, 10 jours avant l’ultimatum donné à Ariel Henry, par les Nations unies, pour faire part de son plan de sortie de crise en Haïti.

Le dimanche 9 octobre 2022, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a remis au Conseil de sécurité une lettre présentant des options pour un soutien renforcé à la sécurité en Haïti, conformément à la demande du Conseil de sécurité dans sa résolution 2645 (2022) [apr 12/10/2022 21:30]