P-au-P., 11 oct. 2022 [AlterPresse] --- Les manifestations antigouvernementales et des troubles se poursuivent, faisant des victimes et occasionnant des pillages dans diverses zones en Haïti, dont la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la capitale, au moment où la demande d’intervention étrangère faite par les autorités haïtiennes est analysée au niveau de la communauté internationale, observe AlterPresse.
Durant la journée du lundi 10 octobre 2022, la police a été sollicitée dans plusieurs endroits, tirant à balles réelles et faisant usage de gaz lacrymogènes, lors de diverses manifestations à la capitale et en province.
Au moins une personne est décédée par balles lorsque la police a tenté de disperser une manifestation sur l’axe de Delmas, selon des témoignages recueillis.
Plusieurs bâtiments judiciaires, dont le palais de justice et la cour d’appel, figurent parmi divers bureaux publics saccagés par des manifestants aux Gonaïves (Artibonite, nord).
Tant que le premier ministre de facto Ariel Henry et ses acolytes ne laisseront pas le pouvoir, nous continuerons à nous mobiliser sans cesse dans les rues, ont fait savoir des protestataires.
Faisant allusion à la demande officielle d’intervention militaire étrangère en Haïti, ils affirment qu’ils ne se laisseront pas gouverner par des « blancs » et ne céderont pas à la pression de l’occupation militaire étrangère.
De violentes manifestations ont été enregistrées au Cap-Haïtien (Nord), sur l’Île de la Gonâve, Petit-Goave (Ouest), à Jacmel (Sud-Est), Mirebalais et Lascahobas (Plateau central) ainsi que dans plusieurs quartiers de la périphérie et au centre de la capitale.
Entretemps, depuis environ un mois, les activités sont toujours bloquées en divers endroits sur le territoire national, alors que, ces derniers jours, la demande du gouvernement de facto d’une intervention étrangère en Haïti alimente de nombreux commentaires et suscite des polémiques sur les réseaux sociaux.
Le gouvernement sous le feu des critiques
Diverses entités s’opposent à la décision du gouvernement, considéré illégitime et impopulaire. C’est une démarche jugée inconstitutionnelle et illégale, selon une résolution du dernier tiers du sénat, qui demande au gouvernement de facto de surseoir à ce projet.
Un projet que caresserait l’équipe au pouvoir depuis longtemps, estime une branche du Secteur démocratique et populaire (Sdp) qui a tourné dos à la coalition gouvernementale dont elle faisait partie. C’est la raison pour laquelle le gouvernement aurait laissé s’aggraver le climat de terreur à travers le pays.
Munir la Police nationale d’Haïti (Pnh) de moyens efficaces pour vaincre les gangs armés n’a jamais été la priorité du gouvernement de facto, qui attendait juste le moment opportun pour « trahir le peuple », critiquent également des organisations syndicales du secteur des transports, dont l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (Apch).
Le Konbit (regroupement) des organisations politiques, syndicales et populaires exprime ses préoccupations par rapport à la demande d’Ariel Henry, qui n’aurait pour objectif que de renforcer l’occupation d’Haïti.
De son côté, l’Association militaire d’Haïti (Amidh), regroupant d’anciens militaires, critique le comportement des ministres, qui ont signé la résolution du 6 octobre 2022, autorisant des militaires étrangers à fouler le sol d’Haïti. Elle demande que les signataires soient à long terme jugés pour « crime de haute trahison » à l’encontre de leur pays.
Le dimanche 9 octobre 2022, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a demandé à la communauté internationale et au Conseil de sécurité des Nations Unies d’examiner en urgence la demande gouvernementale haïtienne, de déployer une force militaire étrangère spécialisée en Haïti.
Dans une déclaration conjointe, tout en demandant à la communauté internationale d’apporter une assistance forte sur les questions de sécurité en Haïti, les 19 pays membres de l’Organisation des États américains (OEA) ont annoncé qu’ils sont prêts à aider le pays à faire face aux défis sécuritaires auxquels il est confronté.
Après l’occupation américaine de 1915, qui a duré 34 ans, et le débarquement des marines en 1994, Haïti a connu plusieurs interventions étrangères et accueilli diverses missions de l’Onu durant les 30 dernières années, sans que ses problèmes de stabilité et de sécurité ne soient résolus. [apr 11/10/2022 08 :00]