P-au-P, 06 oct. 2022 [AlterPresse] --- « La crise de carburant actuelle est liée, non seulement à un problème de mauvaise gouvernance, mais surtout à la prise en otage de l’État par un groupe économique bien déterminé », estime l’organisme de défense des droits humains Sant Karl Lévêque (Skl), dans un document consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
La rareté des produits pétroliers serait créée de toutes pièces par des mafieux économiques, pour faciliter la corruption à grande échelle, comme la surfacturation et l’enrichissement illicite, dénonce l’organisme Skl.
Face à cette pratique mafieuse, l’organisme de droits humains Skl recommande à l’État haïtien de développer une stratégie de décentralisation de la branche pétrolière.
Comme à la fin de l’année 2021, l’accès au terminal de Varreux, dans la commune de Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince), où sont stockés 70 % des produits pétroliers en Haïti, est toujours bloqué par des gangs armés, malgré les tentatives de la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour en sécuriser l’accès, a fait savoir la branche en Haïti du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), dans un rapport sur la situation.
La rareté de carburant perturbe, depuis plus de trois semaines, le fonctionnement des activités scolaires et commerciales dans le pays.
Un gallon de gazoline se vend jusqu’à 5,000.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = + 130.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) sur le marché parallèle, en Haïti, dans un contexte où le gouvernement de facto a décidé une augmentation de plus de 100% des prix des produits pétroliers, non disponibles depuis plusieurs mois dans les stations de distribution.
De nombreuses entreprises, ainsi que plusieurs hôpitaux, bureaux, services divers affectés par la rareté persistante du carburant, sont aussi contraints de cesser ou de réduire leurs activités.
Dans un communiqué en date du jeudi 6 octobre 2022, les Nations unies et la communauté humanitaire en Haïti se disent profondément préoccupées par les graves conséquences du blocage du Terminal Varreux sur la situation humanitaire, comme la résurgence du choléra au début du mois d’octobre 2022.
Elles appellent à l’ouverture immédiate d’un couloir humanitaire, afin de permettre la sortie du carburant pour répondre aux besoins urgents de la population.
« Il n’existe aucune velléité à décentraliser le stockage, parce qu’en concentrant l’essence à Port-au-Prince, cela facilite, d’une part, la paralysie des activités et, d’autre part, la rareté profitable au cercle mafieux », dénonce l’organisme de droits humains Sant Karl Lévêque.
L’État haïtien devrait recourir à des prix du marché, susceptibles de permettre « de diminuer progressivement les profits indus des intermédiaires, détendre le marché interne, rapatrier des ressources dans le trésor public, pratiquer enfin une vérité des prix des produits pétroliers, sans pénaliser les consommatrices et consommateurs ». [emb rc apr 06/10/2022 11:20]