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Nouvel accord en gestation pour tenter de résoudre la crise et organiser des élections générales en Haïti à la fin de 2023

P-au-P., 04 oct. 2022 [AlterPresse] --- Des acteurs politiques sont sur le point de parapher un accord politique, d’ici le mercredi 5 octobre 2022, afin de mettre en place de nouvelles structures de transition et assurer l’organisation d’élections générales l’année prochaine, pour qu’un président élu prête serment le 7 février 2024, apprend AlterPresse.

Un document a été élaboré autour d’un consensus national pour juguler la crise qui secoue le pays, indique à AlterPresse l’ex sénateur Louis-Gérald Gilles, secrétaire général du parti Nouvelle orientation unifiée pour libérer Haïti (Noulha), signataire de l’Accord du 11 septembre 2021, fruit de négociations entre Ariel Henry et plusieurs partis de l’ancienne opposition.

« Le consensus a abouti à la naissance d’une structure, appelée Haut conseil de la transition (Hct), composée de 3 membres du secteur politique, un du secteur privé et un autre de la société civile ».

Le Hct aura à sa tête un président, tandis que le premier ministre de facto Ariel Henry, très décrié et ciblé par de nombreuses manifestations à travers le pays, gardera son poste, suivant le plan prévu.

Un remaniement ministériel pourra, toutefois, avoir lieu suite à des consultations entre le Hct et l’actuel chef de gouvernement, ajoute Louis-Gérald Gilles.

La démarche prévoit aussi de compléter la Cour de cassation, de former un Organe de contrôle de l’action gouvernementale de 55 membres et de mettre en place un Conseil électoral provisoire dans un délai non précisé.

Le processus de négociations a duré deux mois et a mis en présence, entre autres, des membres d’horizons politiques divers, des acteurs liés à l’Accord de Montana, d’autres de l’Accord du 11 septembre 2021, alliés du pouvoir en place, et des personnalités issues de partis dits non-alignés.

Pas d’implication au niveau de Montana ?

Première réaction enregistrée au niveau de l’Accord de Montana : « le Cnt (Conseil national de transition, organe du dit Accord) n’est pas impliqué dans un quelconque document, qui serait disponible pour signature prochainement avec le Dr. Ariel Henry et ses alliés ».

Le Bureau de suivi de l’Accord de Montana (Bsa) nie tout rapport avec le projet en cours, qu’il qualifie de « complot » entre des acteurs internationaux et leurs « collaborateurs locaux » pour « diviser davantage la société » haïtienne.

Mais, Louis-Gérald Gilles a mentionné le nom de l’économiste Fritz Jean, élu président lors d’une consultation effectuée au niveau du mouvement Montana, comme un « leader », qui devrait faire un apport important à la nouvelle démarche.

Dans sa résolution du 15 juillet 2022, prorogeant le mandat du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) a demandé au gouvernement haïtien de lui présenter, au plus tard le 17 octobre 2022, une mise à jour sur les consultations pour « un accord urgent », en vue de l’organisation « des élections présidentielle et législatives inclusives, pacifiques, libres, régulières et transparentes ».

Pour le secrétaire général de Noulha, une éventuelle « solution » à la crise politique ouvrira la voie à la résolution des problèmes socio-économiques et sécuritaires, qui secouent le pays.

Contexte explosif

L’échec de la rentrée scolaire, le 3 octobre 2022, témoigne de l’intensité de la crise, qui affecte différentes couches de la population haïtienne, alors que des manifestations se multiplient à travers de nombreuses régions pour demander la démission d’Ariel Henry.

La mesure, prise il y a quelques semaines par le gouvernement de facto pour augmenter à plus de 100% les prix des produits pétroliers, a jeté de l’huile sur le feu et n’a pas permis de solutionner la crise du carburant, qui ne se vend qu’au marché parallèle, à prix prohibitif.

La crise énergétique entraine une aggravation de la situation humanitaire, marquée par une réduction importante de l’accès aux aliments, à l’eau potable et à des soins médicaux, au moment où le choléra resurgit en Haïti.

Huit (8) personnes sont mortes, dont un (1) bébé qui a eu de la diarrhée et des vomissements, le dimanche 2 octobre 2022, dans ce qui s’apparente à une nouvelle flambée de choléra en Haïti, selon le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp). [apr 04/10/2022 00:30]