P-au-P, 03 oct. 2022 [AlterPresse] --- Les activités scolaires sont totalement paralysées sur toute l’étendue du territoire national, ce lundi 3 octobre 2022, à l’occasion de la réouverture officielle des classes, qui était renvoyée une première fois le lundi 5 septembre 2022, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Aucun élève en uniforme n’a été remarqué dans les rues de Port-au-Prince, où plusieurs écoles ont appelé, la veille, les parents à garder leurs enfants à la maison, en attendant une évolution de la situation socio-économique.
La crise, depuis plusieurs mois, du carburant, empêchant le fonctionnement des véhicules de transports en commun et le climat de terreur entretenue, en toute impunité, par les gangs armés, en divers endroits en Haïti, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, sont à l’origine de cette perturbation des activités, y compris commerciales.
Le gouvernement de facto, qui avait renvoyé, sans explication formelle, la rentrée officielle des classes, du lundi 5 septembre au lundi 3 octobre 2022, a décidé de fermer l’école, en annonçant une augmentation substantielle, d’environ 100%, des prix des produits pétroliers en Haïti, dénoncent de nombreuses voix en Haïti.
Toute hausse des prix des produits pétroliers entrainerait subséquemment une hausse des prix de tous les autres biens, comme les tarifs des transports publics.
Ce lundi 3 octobre 2022, des barricades, composées de divers objets, sont installées en divers endroits, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où plusieurs banques, pompes à essence et grands magasins continuent de garder leurs portes fermées, alors que le commerce informel fonctionne au ralenti.
Des piétonnes et piétons cherchent à se ravitailler en eau, produits et biens essentiels à la consommation.
Dans une note, la Conférence haïtienne (catholique romaine) des religieuses et religieux (Chr) informe avoir décidé de surseoir à la réouverture des classes, dans ses établissements privés, en raison de la situation de violences et d’insécurité généralisée, qui sévit sur le territoire national.
Cette décision a été aussi prise par la Chr, en signe de solidarité avec les Congrégations du Diocèse des Gonaïves (département de l’Artibonite), qui ont été victimes d’actes de pillages et de vandalisme, lors des derniers troubles qui ont éclaté depuis le lundi 12 septembre 2022, suite aux mouvements de protestations visant à demander au premier ministre de facto, Ariel Henry, de faire retrait de la décision d’augmenter à plus de 100% les prix du carburant, mais surtout de démissionner de la direction politique d’Haïti.
Un certain nombre d’entrepôts, utilisés par les agences de l’Organisation des Nations unies (Onu), ont été attaqués par des manifestants, dans des villes comme Gonaïves (Artibonite/Nord) et Les Cayes (Sud), où des pertes, évaluées à 2 mille tonnes métriques de nourriture du Programme alimentaire mondial (Pam), une agence des Nations unies, ont été enregistrées, selon l’Organisation des Nations unies.
Dans un communiqué, daté du dimanche 2 octobre 2022, le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) dit reconnaitre combien « la première semaine du calendrier scolaire 2022-2022 sera difficile, pour la relance des activités scolaires dans plusieurs endroits du pays ».
Le Menfp déclare s’attendre à « une rentrée scolaire progressive et difficile ».
Le Conseil du gouvernement du 2 octobre 2022 s’est engagé, à nouveau, à créer un cadre sécuritaire approprié et un dispositif adéquat, afin de faciliter le déplacement de la population en général et des écoliers en particulier, tente de rassurer le Ministère de l’éducation.
le Menfp déclare appeler au respect du droit à l’éducation de tous les enfants en toutes circonstances, reconnues par les conventions internationales ratifiées par Haïti.
« Étant un bien public, l’école doit être sauvegardée et préservée en tout temps. Il appartient à tous les acteurs d’y contribuer, pour le bien et le futur de nos enfants ».
Diverses institutions et personnalités publiques ont exhorté le gouvernement de facto à créer un climat sécuritaire et un meilleur cadre devant faciliter le déplacement des écolières et écoliers, parents, enseignantes et enseignants pour la rentrée des classes.
Pourtant, aucune disposition en matière de sécurité et d’accompagnement social des familles les plus vulnérables n’a été prise par les autorités de facto en place, pour rendre effective une rentrée des classes 2022-2023, qui a été déjà reportée du 5 septembre au 3 octobre 2022.
De plus, le gouvernement de facto peine à rendre disponible le carburant dans les pompes de distribution, depuis que la fédération des gangs armés G9 en fanmi e alye de Jimmy Chérizier, alias Barbecue, a empêché, comme à la fin de l’année 2021, l’accès au Terminal de Varreux (dans la commune de Cite Soleil, au nord de Port-au-Prince), où sont stockées 70 % des produits pétroliers.
Entre-temps, des marées humaines de protestataires ont commencé à défiler, ce lundi 3 octobre 2022, dans les rues du Cap-Haïtien (Nord), de Trou du Nord (Nord-Est), de Hinche et de Mirebalais (Plateau central), de Gonaïves et de Saint-Marc (Artibonite), de Jacmel (Sud-Est), de Pétionville (municipalité à l’est de Port-au-Prince), de Delmas (municipalité au nord-est de Port-au-Prince) et de Carrefour (municipalité au sud de la capitale), entre autres, pour exiger la démission d’Ariel Henry.
Des barricades ont été érigées à Petit-Goave (à 68 km au sud de Port-au-Prince), sur la route nationale No. 2, et à Miragoane (département des Nippes, une partie du Sud-Ouest d’Haïti).
A Pétionville (municipalité à l’est de Port-au-Prince), plusieurs jeunes, portant leurs uniformes d’école, ont également manifesté, ce lundi 3 octobre 2022, contre le statu quo.
Les manifestants n’ont pas de frontière dans leurs parcours dans les rues, ont prévenu de nombreux protestataires. [emb rc apr 03/10/2022 11:40]
Images :
Frères : Madjolah Pierre
Carrefour : Pierre Antoine Chérilin
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