Español English French Kwéyol

Politique : Des pistes de solution, formulées à une audition du Congrès américain sur la crise en Haïti

P-au-P, 30 sept. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs propositions, en vue d’une issue â la crise en Haïti, ont été formulées à une audition de la commission des affaires étrangères du Congrès américain, le jeudi 29 septembre 2022, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

La structure citoyenne Nou P ap Dòmi plaide en faveur d’une solution « réellement haïtienne », tout en appelant la communauté internationale à cesser de soutenir le gouvernement de facto actuel en Haïti.

Lors de son intervention à cette l’audition, Nou P ap Dòmi a rejeté toute idée d’imposer, de nouveau, une présence de militaires américains sur le territoire national.

« Haïti fait face actuellement à un grand problème d’insécurité. Les femmes et les enfants sont les premières victimes des gangs armés. Ils sont tués, violés et sont parfois obligés de fuir leurs maisons, pour se réfugier dans d’autres zones. C’est surtout un problème politique, causé par l’instrumentalisation des gangs armés », dénonce Vélina Elisée Charlier, membre du collectif Nou P ap Dòmi.

Le gouvernement est définitivement inexistant en Haïti, depuis un certain temps. Le parlement est dysfonctionnel et les autorités ont perdu leurs capacités de prise de décisions, déplore-t-elle.

Durant la dernière décennie, il y a eu bon nombre de scandales, liés à la corruption et impliquant des acteurs des secteurs publics et privés. Cette situation empêche le bon fonctionnement des diverses institutions du pays, fustige Nou P ap Dòmi.

De son côté, Rosy Auguste, avocate et responsable de programmes au Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), demande à la communauté internationale de fournir son support à la Police nationale d’Haïti (Pnh), pour renforcer la capacité des agentes et agents à remplir leur mission.

Des membres du gouvernement de facto sont impliqués dans le trafic d’armes à feu. Bon nombre de journaliste ont des liens avec des bandits, alors que les membres du secteur privé signent sans crainte des contrats avec des bandits, pour qu’ils protègent leurs commerces, a exposé le Rnddh.

En moyenne, trois personnes meurent par jour, alors qu’au moins 10 se font kidnapper, tandis que les femmes kidnappées sont violées systématiquement.

Dans un récent rapport, le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh) a signalé une baisse des enlèvements, pour la période allant de juillet à septembre 2022.

191 cas de kidnapping ont été recensés pour le troisième trimestre de l’année 2022, contre 326 pour le deuxième trimestre, soit une diminution de 75%. Trois rapts collectifs ont été enregistrés, contre 15 pour le trimestre précèdent, rapporte le Cardh.

Pour une réduction des actes de kidnapping pour le dernier trimestre 2022 et globalement pour l’année, le Rnddh appelle au renforcement de la Police nationale d’Haïti, de la justice et des mécanismes de contrôle ainsi qu’à la poursuite des efforts de la coopération internationale.

Il faut des « bottes sur le terrain, dès maintenant » pour résoudre les défis d’Haïti, a estimé, à l’audition, le 29 septembre 2022, de la commission des affaires étrangères du Congrès américain, l’ancienne ambassadrice (2012-2015) des États-Unis d’Amérique en Haïti, Pamela Ann White.

« Rien ne bougera, si nous ne pouvons pas assurer la sécurité », a souligné Ann White.

« Il est temps de jeter les gants et d’arrêter de prétendre que la diplomatie "normale" fonctionnera en Haïti. Comme le savent tous ceux qui se soucient du peuple haïtien, Haïti est un État en faillite. Il n’y a pas de gouvernement légitime, pas de système judiciaire, pas de parlement et une faible force de police, incapable d’arrêter les gangs qui règnent désormais sur 60% de la capitale. Il n’y a aucune chance de planifier des élections dans le cadre de la crise sécuritaire actuelle ».

Le lundi 26 septembre 2022, l’Américaine Helen La Lime, représentante spéciale du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) et cheffe du Bureau intégré des Nations unies pour Haïti (Binuh), a décrit, devant le Conseil de sécurité, une situation humanitaire catastrophique dans le pays.

Elle a fait état de trois crises, qui « s’enchevêtrent de manière effrayante », une crise de violence et d’insécurité, une crise économique et une crise politique.

La crise de violence et d’insécurité est due essentiellement aux gangs haïtiens. Elle a provoqué la fuite de 20 mille personnes, aggravant une crise économique qui étrangle le pays, en butte à la flambée des prix de la nourriture et à une pénurie de carburant, rapporte Meagher La Lime.

« La situation en Haïti est globalement sous contrôle », n’a pas, pourtant, hésité à déclarer, pour sa part, devant le Conseil de sécurité de l’Onu, le titulaire de facto du Ministère des affaires étrangères, Jean Victor Généus.

De tels propos ne reflètent, en aucun cas, la réalité de la situation actuelle dans le pays, critiquent cinq associations patronales, dans une lettre adressée au premier ministre de facto Ariel Henry.

Ces associations patronales exhortent le gouvernement de facto à remédier rapidement à cet impair diplomatique, en offrant un nouveau message officiel véridique au Conseil de sécurité de l’Onu, pour l’informer de la réalité sur le territoire. [rdp emb rc apr 30/09/2022 15:40]