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Troubles : Plusieurs hôpitaux, services et entreprises, contraints de suspendre leurs services ou de fermer leurs portes, à cause de la rareté persistante de carburant en Haïti

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 27 sept. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs hôpitaux, bureaux, services et entreprises sont contraints, aujourd’hui (fin septembre 2022), de suspendre leurs services ou annoncent la fermeture imminente de leurs portes, à cause de la non disponibilité de carburant, depuis plusieurs mois, dans les stations de distribution des produits pétroliers en Haïti, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Cette situation de rareté persistante de carburant, depuis plusieurs mois, entraîne aussi de graves conséquences sur le fonctionnement des hôpitaux, comme ceux de l’organisation « Nos Petits Frères et Sœurs » (Npfs) et de la « Fondation Saint-Luc » (Fsl).

« Les Hôpitaux Saint-Damien et Saint-Luc, et le centre de Physiothérapie Sainte Germaine sont menacés de cessation de leurs activités pour cause de carburant », alerte cette organisation, dans une note de presse.

La réserve stratégique de carburant, disponible à la centrale énergétique « Smart Grid » de Fondation Saint-Luc, approvisionnant ces deux hôpitaux et le Centre de physiothérapie en énergie électrique, est presque épuisée, souligne l’organisation « Nos Petits Frères et Sœurs ».

Elle appelle les principaux fournisseurs de carburant à permettre le renflouement crucial de sa réserve, pour la garantie de la poursuite des services de pédiatrie pour plus de 153 enfants hospitalisés et pour plus de 47 femmes enceintes à la maternité de l’hôpital Saint-Damien, de soins urgents et d’hospitalisation pour plus de 70 adultes y compris des soins de traumatologie à l’hôpital Saint-Luc.

L’organisation « Nos Petits Frères et Sœurs » et « la Fondation Saint-Luc » en profitent pour exhorter les autorités étatiques, le secteur privé des affaires et les particuliers, à faciliter rapidement un couloir de livraison de carburant, non seulement aux hôpitaux Saint-Luc et Saint-Damien, mais aussi à tous les hôpitaux concernés par cette crise persistante d’approvisionnement en carburant.

Plusieurs hôpitaux, qui éprouvent de l’embarras à ne plus pouvoir accueillir de nouvelles patientes et de nouveaux patients, se préparent à suspendre leurs services.

Déjà 22,100 enfants de moins de cinq ans et 28,000 nouveaux nés risquent d’être privés de soins essentiels dans les quatre prochaines semaines, estime la branche en Haïti du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).

Des vies sont en train d’être perdues en Haïti, alors que des services de santé vitaux risquent d’être paralysés en raison du manque de carburant, selon la plus haute responsable humanitaire des Nations Unies dans le pays, la Suédoise Ulrika Richardson.

Dans une note, le Parc industriel de Caracol (Pic, Nord-Est d’Haïti), qui emploie plus de 12, 500 personnes, a annoncé la cessation de ses activités, à partir du dimanche 25 septembre 2022, à cause de l’épuisement de ses réserves de carburant.

La situation des routes et des terminaux de carburant dans le pays ne s’est pas améliorée, déplore le Parc industriel de Caracol.

Dans une note, la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ouest (Ccio) évoque une dégradation alarmante de la situation globale.

Le contrôle de certains points stratégiques, par des gangs armés, empêche la livraison du carburant et de la nourriture, l’accès aux hôpitaux et entrave toutes communications sur l’étendue du territoire, signale la Ccio.

L’accès au terminal de Varreux, dans la commune de Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince), où sont stockés 70% des produits pétroliers en Haïti, reste toujours bloqué par la fédération des gangs dite G-9 an fanmi e alye, dirigée par l’ancien policier national Jimmy Chérizier, alias Barbecue, qui met au défi le gouvernement de facto d’Ariel Henry.

L’ensemble des médias, particulièrement les stations de radio et de télévision, pâtit également de la rareté persistante, depuis plusieurs mois, des produits pétroliers sur le marché national.

Beaucoup doivent réduire leur temps d’antenne ou éteindre leurs émetteurs, pour pouvoir fonctionner quelques heures, en urgence, d’autant que le courant électrique public est devenu de plus en plus rare, depuis de nombreux mois.

Les conséquences des troubles, incluant la rareté persistante des produits pétroliers, se ressentiront sur le pouvoir d’achat des ménages, contraints de faire face aux coûts de plus en plus élevés des biens essentiels à la consommation, ainsi que sur les disponibilités financières des agentes et agents économiques, dont beaucoup pourraient perdre leurs emplois et risqueraient de ne plus pouvoir entreprendre des activités indispensables, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.

La rareté persistante des produits pétroliers et la hausse subséquente des tarifs des transports publics, la vie chère et le climat de criminalité, entretenue en toute impunité par les gangs armés, risquent de compromettre la réouverture officielle des classes, qui a été renvoyée du lundi 5 septembre au lundi 3 octobre 2022.

Personne ne voit comment, dans ce contexte délétère, les parents décideront d’envoyer leurs enfants à l’école et par quels moyens adéquats (financiers, sécuritaires, etc.) ils pourront le faire...

Toutes les activités globales, y compris commerciales, continuent d’être paralysées, en Haïti, le mardi 27 septembre 2022, lors de la deuxième journée d’une grève générale de trois jours, pour contraindre le premier ministre de facto à faire retrait de la décision d’augmenter à plus de 100% les prix du carburant sur le marché national.

Par ailleurs, deux journées de manifestations sont également prévues les jeudi 29 et vendredi 30 septembre 2022, toujours pour exiger le retrait de la décision d’augmenter, de manière substantielle, les prix du carburant en Haïti. [emb rc apr 27/09/2022 14:25]