P-au-P., 25 sept. 2022 [AlterPresse] --- Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) prévoit de se réunir, le lundi 26 septembre 2022, dans l’après-midi, à New York, autour de la crise haïtienne, apprend AlterPresse de source onusienne.
Des consultations à huis clos se tiendront à l’issue de la réunion formelle, sollicitée par la Chine, afin de discuter des troubles qui se sont intensifiés en Haïti après l’augmentation à plus de 100% des prix du carburant, le 14 septembre 2022, par le gouvernement de facto.
A la réunion, sont attendus la représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Américaine Helen Meagher La Lime, la directrice exécutive adjointe du Programme alimentaire mondial (Pam), l’Américaine Valerie Newsom Guarnieri, et la directrice exécutive du Bureau des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), l’Égyptienne Ghada Fathi Ismail Waly.
La Lime devrait décrire les récents développements de la crise haïtienne, marquée par des manifestations généralisées, émaillées de violences, pour protester contre la vie chère, l’insécurité, et exiger la démission du du premier ministre de facto Ariel Henry.
De nombreux pillages ont également été effectués dans des bureaux publics, des entreprises, des établissements religieux, des résidences et des dépôts de nourriture du Pam.
Les blocages ont eu des conséquences humanitaires remarquables, limitant, entre autres, l’accès à l’eau et à d’autres produits de première nécessité.
Les gangs armés, qui sévissent en Haïti, ont exacerbé la situation, notamment par des déclarations encourageant le pillage et incitant à la violence contre les politiciens et les organisations internationales, estiment des sources onusiennes .
Le secrétaire général de l’Onu, le Portugais António Guterres, a exprimé, le 16 septembre 2022, sa profonde préoccupation face aux troubles, qui ont paralysé Haïti, et a appelé au calme et à la désescalade.
Il a exhorté les parties prenantes à éviter la violence et a appelé à un dialogue pacifique et inclusif, pour trouver une issue à la crise.
Mais, le numéro 1 de l’Onu s’est fait critiquer par plusieurs organisations politiques et sociales, pour avoir affirmé, le 18 septembre 2022, dans une interview à France 24 et RFI, que les gangs seraient infiltrés par des gens liés aux pouvoirs politique et économique.
Dans une lettre ouverte en date du 22 septembre 2022, elles considèrent non fondée la déclaration du secrétaire géneral de l’Onu et relèvent un « rôle pernicieux » qu’aurait joué l’organisation mondiale dans la « ganstérisation d’Haïti ».
On savait jusqu’à présent que les États-Unis d’Amérique se préparaient à diffuser, le lundi 26 septembre 2022, une proposition de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies, qui établirait un nouveau cadre pour sanctionner les chefs de gangs d’Haïti, sans écarter une éventuelle intervention internationale, selon les propos du secrétaire d’État adjoint américain aux affaires de l’hémisphère occidental, Brian A. Nichols, rapportés par le Miami Herald.
L’administration du président étasunien Joe Biden espère une adoption rapide de la résolution « dans les prochains jours », a déclaré Nichols.
En décembre 2020, le département du Trésor des États-Unis a sanctionné le chef de gang Jimmy Cherizier et deux anciens membres du gouvernement de l’ancien président de facto Jovenel Moïse, pour leur implication présumée dans un massacre de 2018 dans le quartier de La Saline à Port-au-Prince, qui a fait des dizaines de morts, rappelle le journal américain.
Le journal Miami Herald souligne combien, malgré les sanctions, et malgré la condamnation des massacres par le Conseil de sécurité de l’Onu, Cherizier continue de parader librement, resserrant son emprise sur la capitale, Port-au-Prince, grâce à sa coalition lourdement armée, connue sous le nom de G-9 en famille et alliés.
Les membres du Conseil de sécurité de l’Onu s’accordent sur le fait qu’Haïti fait face à de graves défis. Mais, leurs opinions divergent sur la façon dont ceux-ci devraient être abordés.
Le 15 juillet 2022, la Chine avait poussé à mettre fin à l’approvisionnement en armes aux gangs d’Haïti et avait promu un embargo, alors que le Conseil de sécurité de l’Onu avait envisagé d’étendre sa mission politique en Haïti.
Bien que Pékin ait voté pour la prolongation, il a été déçu que la résolution finale n’ait pas adopté un langage plus sévère et un blocus sur les armes, qui alimentent la violence des gangs.
De l’avis des observateurs, les consultations à huis clos du lundi 26 septembre 2022 pourraient être le lieu de discussions sur les mesures proposées face à la détérioration accélérée de la situation en Haïti. [apr 25/09/2022 19:00]