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Haïti/États-Unis : Des migrants haïtiens victimes de mauvais traitements racistes, selon Amnesty International

P-au-P, 23 sept. 2022 [AlterPresse] --- Des migrantes et migrants haïtiens ont subi des actes de torture et autres mauvais traitements à caractère racial, déplore l’organisation internationale de droits humains Amnesty International, dans un dernier rapport publié le jeudi 22 septembre 2022 et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

De tels actes seraient liés à la situation migratoire des Haïtiens cherchant refuge aux États-Unis d’Amérique, il y a un an, d’après ce rapport intitulé : « Ils ne nous ont pas traités comme des êtres humains. »

« Ces violations des droits humains ainsi que les expulsions massives opérées en vertu du titre 42 constituent le dernier épisode en date d’une longue tradition, enracinée dans une discrimination anti noire systémique, d’arrestations, d’exclusion et de mesures visant à dissuader les Haïtiens et Haïtiennes de chercher refuge aux États-Unis », dénonce Amnesty International.

Au cours du mois de septembre 2021, plusieurs organisations ont condamné les traitements horribles et infrahumains contre les migrantes et migrants haïtiens par des agents de « US Border Patrol », alors qu’ils cherchaient refuge aux États-Unis.

De septembre 2021 à mai 2022, les États-Unis ont expulsé plus de 25 mille Haïtiens et Haïtiennes, en appliquant à de nombreuses reprises le « Title 42 », « une ordonnance réactivée par le gouvernement de l’ex-président Donald Trump sous la forme d’une mesure de santé publique, mais qui a toujours servi comme outil dissuasif en matière d’immigration et d’asile. », rappelle Amnesty International.

Au moins 227 vols ont été enregistrés depuis les États-Unis vers Haïti sur la période septembre 2021-mai 2022, contre 37 en 2020 et 37 pendant les huit premiers mois de 2021.

Les autorités des États-Unis « ont continué de faire resurgir les démons de l’esclavage en mettant des entraves aux chevilles des personnes haïtiennes noires et en les menottant à bord des vols lors de leur expulsion du pays, infligeant ainsi à ces personnes des souffrances psychologiques supplémentaires constituant des actes de torture au regard du droit international relatif aux droits humains », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

L’organisation internationale de droits humains indique que ses recherches lui ont permis de réunir de nombreux éléments prouvant que le système d’immigration des États-Unis est profondément marqué par un racisme systémique.

Les 24 personnes interrogées lors de cette enquête déclarent que les agents américains ont arrêtés des bébés dont les plus jeunes n’étaient âgés que de neuf et 14 jours, et pour la plupart séparés de leurs parents, critique-t-elle.

Plus loin, ces personnes ont déclarées qu’elles n’avaient pas eu accès à des interprètes ni à une représentation juridique, ni obtenu d’informations au sujet de leur lieu de détention et des motifs pour lesquels elles étaient détenues.

« Ce qui est constitutif d’une détention arbitraire », condamne Amnesty International.

Ces 24 personnes haïtiennes ont toutes indiqué qu’elles ont été renvoyées par avion en Haïti en étant menottées et entravées, ce qui leur a infligés de graves souffrances psychologiques en raison du lien associant ce traitement à l’esclavage et à la délinquance, rapporte l’organisation.

Pour tenter de dissuader les demandeurs d’asile haïtiens, les États-Unis appliquent diverses politiques conçues pour les intercepter, les arrêter et les renvoyer dans leur pays, révèle-t-elle.

De telles politiques ont commencé à être mises en place dans les années 1970 et se poursuivent aujourd’hui avec le titre 42, rappelle-t-elle.

Amnesty International demande à ce que les autorités des États-Unis prennent les mesures nécessaires pour réformer toutes les institutions, lois et politiques qui favorisent les préjugés néfastes liés aux questions raciales et à la nationalité. [mff emb apr 23/09/2022 16:15]