P-au-P, 22 sept. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs secteurs et personnalités, issus de divers milieux, ont exprimé de vives indignations, suite à la profanation du monument du père fondateur de la nation, Jean-Jacques Dessalines, le mardi 20 septembre 2022, au Champ-de-Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
« Ils ont tué une nouvelle fois, l’Empereur, au Champs de Mars », a déclaré, dans un tweet, le dirigeant du parti politique Pitit Dessalines, Jean-Charles Moïse, tout en condamnant la profanation de la statue de Jean-Jacques Dessalines.
« Cet acte ne doit pas rester impuni », poursuit Pitit Dessalines.
Des individus non identifié ont déposé des fatras, à la place de gerbes de fleurs, au pied de la statue du père-fondateur de la nation, à l’occasion du 264e anniversaire (20 septembre 1758 - 20 septembre 2022) de sa naissance (une date de naissance controversée, puisqu’avant l’Indépendance du 1er janvier 1804, il n’y avait pas d’état civil sur le territoire national, relèvent des historiens haïtiens).
Sous l’impulsion de l’artiste engagé Kébert Bastien, un groupe de jeunes ont effectué, le mercredi 21 septembre 2022, des travaux de nettoyage du monument de Jean-Jacques Dessalines, moins de 24 heures après sa profanation, avant de déposer de nouvelles gerbes de fleurs.
Dans un tweet, le premier ministre de facto, Ariel Henry, dit condamner, « avec la plus grande fermeté, les actes de profanation et de souillure, par des manifestants, du monument du père-fondateur de la nation, Jean-Jacques Dessalines le Grand, le mardi 20 septembre 2022, Jour de l’Empereur ».
« S’attaquer au monument symbolisant ce visionnaire, cette figure tutélaire, cette icône, cet émancipateur de la race noire, constitue une atteinte grave à la dignité du peuple haïtien et à ses valeurs républicaines. », déplore-t-il.
Le chef du gouvernement de facto invite la nation « à s’inspirer de l’œuvre de l’Empereur, à suivre sa promesse d’une Haïti unie ».
« Nous devons nous battre pour sortir notre pays de cette situation difficile. Nous avons trop longtemps perpétué cette haine, qui entache notre quotidien ».
Ariel Henry a tenu à féliciter les compatriotes, qui ont assaini l’espace et déposé des gerbes de fleurs au pied du monument de l’Empereur, un « geste magnanime » qui traduit « le profond respect voué à ce symbole de changement et de liberté qu’incarne Jean-Jacques Dessalines ».
Jean-Jacques Dessalines fut un militaire intrépide, un chef d’État imperturbable, fin stratège, un génie, imprégné des idéaux de liberté, de fraternité et de grandeur, qui a transformé une colonie peuplée d’esclaves en la première République noire indépendante du monde, fait valoir Ariel Henry.
Le parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince a annoncé avoir mis l’action publique en mouvement contre les profanateurs du monument, érigé en l’honneur de Jean-Jacques Dessalines.
Il appelle la police à prendre toutes les dispositions, pour rechercher et déférer, par devant le parquet de ce ressort, Jean Baptiste Raymond, Fanfan et Djovany ainsi connus, accusés d’être les auteurs de cet acte de profanation.
Par le passé, plusieurs assauts ont été subis par les monuments historiques, les sites patrimoniaux et symboles de la culture haïtienne.
Le 5 novembre 2020, le buste de Jean Jacques Dessalines, érigé sur la rue 18 au Cap-Haïtien (Nord), la deuxième ville du pays, a été complètement détruit.
Par ailleurs, plusieurs chrétiens évangéliques - comme le pasteur protestant controversé Grégory Toussaint - se sont livrés, depuis quelques temps, sous l’emprise de préjugés insensés, à une diabolisation de la cérémonie du Bois-Caïman (Nord), qu’ils considèrent comme un pacte signé par le prêtre de la religion Vodou, Dutty Boukman, personnage historique, avec le diable et qui serait responsable du sous-développement d’Haïti. [emb rc apr 22/09/2022 10:15]
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