Le jeune journaliste Tayson Lartigue et son collègue Frantzen Charles sont portés disparus depuis le dimanche 11 septembre 2022 à Cité Soleil, alors qu’ils travaillaient sur un dossier d’informations pour leurs médias
P-au-P, 12 sept. 2022 [AlterPresse] --- La nouvelle d’une autre tragédie, ayant frappé la presse en Haïti, a circulé, dimanche soir 11 septembre 2022, sur les réseaux sociaux…
Ils étaient 7 journalistes à partir en quête d’informations sur l’assassinat par balle, le samedi 10 septembre 2022, de Christella Delva, une adolescente de 17 ans, dans la commune de Cité Soleil (au nord de Port-au-Prince), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Seulement 5 d’entre eux ont pu revenir auprès de leurs confrères.
Tayson Lartigue, 30 ans (né le 5 juin 1992), et son collègue Frantzen Charles, 28 ans, ne sont pas retournés chez eux. après leur mission d’informations à Cité Soleil.
N’ayant pas eu le temps de fuir, ces deux journalistes auraient succombé sous les balles de bandits armés. Leurs corps auraient été ensuite brûlés par leurs assaillants.
Les parents de ces deux journalistes affirment ne rien vouloir de la part du gouvernement de facto, sinon les corps de leurs fils si ces derniers sont réellement morts, selon les témoignages disponibles.
On ne saurait pointer du doigt le pool de journalistes qui s’étaient rendus sur le terrain en quête d’informations, ni les responsables de médias pour lesquels ils travaillent. Il faut espérer que cette situation insécuritaire, qui empêche les journalistes de faire correctement leur travail, prenne fin, souhaite le secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), Jacques Desrosiers, interrogé par AlterPresse/AlterRadio.
« Ce n’est certainement pas la première fois que ce genre de drame arrive. Plusieurs autres journalistes ont été victimes de la même manière, comme les journalistes John Wesley Amady, reporter de la radio Écoute FM basée à Montréal, au Québec (Canada), et Wilguens Louissaint, journaliste local, cruellement tués par balles à Laboule 12 (à l’est de Port-au-Prnce), le jeudi 6 janvier 2022, par des membres du gang armé du dénommé Ti Makak ».
« Le professionnalisme doit être vraiment considéré dans le pays, pour différencier les vrais journalistes des faux journalistes », estime le président de l’Association haïtien des médias en ligne (Ahml), Godson Lebrun, questionné par AlterPresse/AlterRadio.
Bon nombre d’individus se feraient passer pour des journalistes, pour régler leurs propres affaires, exposant ainsi leur propre vie, souligne l’Ahml.
Déplorant le manque de principes préétablis, devant régir le bon fonctionnement des médias en Haïti, l’Ahml appelle tous les journalistes et tous médias en Haïti à bien évaluer les risques, à bien peser le pour et le contre, avant de s’aventurer dans des zones dites de non-droit.
« Nous sommes profondément choqués par la nouvelle de l’assassinat de deux jeunes journalistes : Tayson Latigue et Frantzsen Charles, hier dimanche (11 septembre 2022), à Cité Soleil, dans l’exercice de leur profession. Nous condamnons énergiquement cet acte barbare, tout en adressant nos pensées émues à la famille des victimes et à leurs collègues », a, pour l’une des rares fois, réagi le premier ministre de facto, Ariel Henry.
Il convient de rappeler le cas du photojournaliste Vladjimir Legagneur, porté disparu depuis le mercredi 14 mars 2018, au moment où il était en reportage à Gran Ravin (sur les hauteurs de Martissant, dans la périphérie sud de Port-au-Prince).
Ce qui porte à 5 le nombre de journalistes assassinés dans les mêmes conditions, entre 2018 et 2022, en Haïti.
Depuis plusieurs semaines, dans des mouvements en cascade à travers Haïti, des milliers de protestataires se révoltent contre les actes de criminalité, dont de kidnapping, perpétrés en toute impunité par les gangs armés, contre la rareté persistante, depuis plusieurs mois, des produits pétroliers sur le marché national et contre une hausse exagérée des prix des biens essentiels à la consommation.
Lors des manifestations antigouvernementales du mercredi 7 septembre 2022, 3 journalistes reporters de la station privée Radio Télé Zénith (Rtz) ont été la cible d’agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) : Youly Destiné a été touché d’une balle en caoutchouc, Yvenson Joinville a été atteint d’une balle au niveau de la cuisse, alors que Robest Dimanche a été victime de brutalités policières.
Également le 7 septembre 2022, lors des protestations antigouvernementales au Cap-Haïtien, une balle a effleuré le journaliste culturel Luly Ménard, qui a dû être conduit d’urgence à l’hôpital.
Le mercredi 23 février 2022, lors d’une manifestation ouvrière, en faveur de 1,500.00 gourdes comme salaire minimum journalier en Haïti, au lieu de 685.00 gourdes imposées par le gouvernement de facto, le photojournaliste du média en ligne « Roi des infos », Maxihen Lazzare, a été tué par balle et les journalistes Sony Laurore et Yves Moïse figurent parmi les personnes blessées par balles tirées par la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Ce lundi 12 septembre 2022, à l’annonce de l’imminence d’une nouvelle hausse des prix des produits pétroliers, une brusque dégradation est apparue dans divers quartiers dans trois municipalités de la zone métropolitaine de la capitale (Port-au-Prince, Delmas et Pétionville), où des barricades de pneus usagés enflammés étaient érigés..
En septembre 2022, la république d’Haïti semble enlisée dans une situation de détérioration globale des conditions d’existence, sans aucune réponse institutionnelle concrète. Le mépris, de plus en plus affiché par les autorités de facto vis-à-vis des revendications fondamentales de la population, tend à susciter la grogne et la révolte dans différentes villes, depuis plusieurs semaines… [rdp,rc apr 12/09/2022 16:15⁆
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