Español English French Kwéyol

Social : Vive effervescence antigouvernementale en Haïti

Un mouvement de mécontentements et de ras-le-bol vis-à-vis de la situation sociopolitique en Haïti

P-au-P, 07 sept. 2022 [AlterPresse] --- Plusieurs mouvements de protestations antigouvernementales ont lieu, ce mercredi 7 septembre 2022, dans différentes villes en Haïti, contre la situation de dégringolade, qui s’étend sur le territoire national, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Des barricades de pneus usagés enflammés sont placées en divers endroits. Des jets de pierres et de tessons de bouteilles sont également lancés.

Ces manifestations, qui ont provoqué un climat de tension, ont des effets sur les activités globales, comme les banques commerciales qui restent fermées.

Le commerce formel et informel se ressent également des mouvements de protestations en cours.

La démission du premier ministre de facto, Ariel Henry, qui s’est installé le 20 juillet 2021 comme chef d’un autre gouvernement de facto, à la suite d’un tweet de la communauté international, est vivement réclamée par les protestataires.

Les revendications sans cesse exprimées insistent aussi sur l’urgence de mettre fin aux actes de criminalité, perpétrés en toute impunité par les gangs armés, sur le territoire national.

Les protestataires s’élèvent, en outre, contre la rareté persistante, depuis plusieurs mois, des produits pétroliers sur le marché national, ainsi que contre la hausse accélérée des prix des biens essentiels à la consommation.

Beaucoup déclarent qu’il ne veulent plus continuer à payer 2 mille gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 121.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) pour acquérir un gallon de gazoline. Ils exigent l’approvisionnement, sans délai, des stations de distribution des produits pétroliers, pour la plupart fermées depuis plusieurs mois.

Cap-Haïtien (Nord, où un ralentissement des activités était remarqué), Les Cayes (Sud), Jacmel (Sud-Est), Gonaïves et Saint-Marc (Artibonite), Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti)), Miragoane (Nippes,autre partie du Sud-Ouest), Petit-Goâve (département de l’Ouest, à 68 km au sud de Port-au-Prince), Port-de-Paix (Nord-Ouest) figurant parmi les villes, en plus de Port-au-Prince et de Delmas (dans la zone métropolitaine de la capitale), où un début d’embrasement est observé.

« Pays locked », autrement dit un appel à bloquer l’ensemble des activités dans le pays, à l’instar des grandes émeutes des vendredi 6 et samedi 7 juillet 2018, est adressé par plusieurs têtes de pont à l’endroit de toute la population, en vue de déboucher sur de nouvelles alternatives de gestion publique en Haïti.

Protestations également dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince

Pancartes et branches d’arbres en main, cymbales et tambours, plusieurs centaines de personnes, beaucoup à pieds, d’autres sur des motocyclettes, se sont mises en branle au Champ-de-Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince), pour renouveler leurs sentiments de désapprobation de la situation de dégradation des conditions socioéconomiques aujourd’hui en Haïti.

Les protestataires exigent la démission sans délai du premier ministre de facto, Ariel Henry.

Une partie des protestataires se sont dirigés vers l’avenue John Brown, communément appelée « Lalue ».

Un autre groupe de protestataires a emprunté la route de Delmas (municipalité au nord-est de Port-au-Prince) vers Pétionville (municipalité à l’est).

A Pétionville, où les activités étaient paralysées, dans le contexte de tension perceptible, de brusques rafales d’armes ont provoqué un début de panique, à la mi-journée du mercredi 7 septembre 2022.

« Nous avons faim et sommes dans l’impossibilité de nous procurer les produits nécessaires à notre survie. L’insécurité fait rage, nous voulons la paix et la tranquillité », s’est écrié l’un des protestataires.

Diverses manœuvres ont été tentées dans le but de démobiliser les manifestantes et manifestants, et faire avorter les mouvements de protestation, qui s’étendent à travers Haïti, dénonce un manifestant.

« Cette semaine, nous ne faisons que nous échauffer. A partir du (dimanche) 11 septembre (2022), les mouvements de protestations prendront d’autres dimensions. Nous passerons à de nouvelles phases dans l’expression de nos revendications », s’est exclamée une militante.

Symbole de la colère, qui couve, un manifestant, à bord d’une motocyclette, a fait traîner un drapeau des États-Unis d’Amérique, le long du parcours de la manifestation. [rdp rc apr 07/09/2022 12:30]