P-au-P, 31 août 2022 [AlterPresse] --- Le Secteur du transport terrestre haïtien (Stth) dénonce une rareté persistante des produits pétroliers, provoquée par les compagnies pétrolières, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.
Pour apporter une solution à ce problème, l’État haïtien doit reprendre le contrôle de l’importation des produits pétroliers sur le territoire national, insiste le coordonnateur général du Stth, Méhu Changeux.
Les compagnies pétrolières ont monopolisé l’importation des différents produits pétroliers pour les vendre sur le marché parallèle.
Les terminaux de Varreux (dans la commune de Cité Soleil) et de Thor (dans la commune de Carrefour) ont reçu une quantité importante de produits pétroliers, qui aurait pu apaiser ce manque à l’échelle nationale pour le mois d’aout 2022.
Cependant, la rareté persiste toujours dans le pays, commentent des voix.
« Dès les premiers jours du mois d’aout 2022, les terminaux Varreux et Thor ont acquis 182,344 barils de gasoil ; 38,056 barils de kérosène et 201,313 barils de mogas pour un total de 421,713 barils, soit 63% des 667,000 barils nécessaires au pays », informe, dans un tweet, l’Association nationale des distributeurs de produits pétroliers (Anadipp).
« Pourquoi les stations-services n’ont-elles pas reçu 63% de leur volume habituel » ?, se demande l’Anadipp.
Le mercredi 17 août 2022, 60,000 barils de diesel sont entrés à Port-au-Prince pour la compagnie Distributeurs nationaux S.A. (Dinasa, qui a commencé ses opérations en juin 2003, après avoir fait l’acquisition de « Shell » et de « Haïti Gaz »), alors que, le jeudi 18 août 2022, une autre quantité était attendue pour Cap Invest et la compagnie Diesel national company S.A. (Dnc), a signalé, de son côté, le Bureau de monétisation des programmes d’aides au développement (Bmpad).
« L’État est faible. C’est ce qui a permis à ces hommes (les importateurs du secteur privé) de mettre la main sur l’importation du pétrole sur le marché. Tous les propriétaires des stations-services se sont alliés, pour former tout un système difficile à détruire, en raison de leur hégémonie établie dans le pays », relève le Secteur du transport terrestre haïtien.
Depuis plusieurs semaines, avançant les prix élevés (beaucoup plus que ceux officiellement affichés à la pompe), déboursés pour l’’acquisition des produits pétroliers sur le marché parallèle, les chauffeurs de véhicules de transports publics, y compris de motos-taxis, fixent, carrément à leur gré, les tarifs des différents circuits, qu’ils desservent, dans l’indifférence, voire le mépris des autorités de facto, qui ne font aucun cas des déboires des agentes et agents économiques, confrontés à une rareté persistante de produits pétroliers, stratégiques pour l’économie nationale.
Un nombre important de chauffeurs de véhicules privés et de transports publics se plaignent de la qualité des produits pétroliers, achetés sur le marché parallèle, selon différents témoignages recueillis par AlterPresse.
Dans bien des cas, les vendeurs sur le marché parallèle écoulent des produits pétroliers frelatés, qui affectent négativement le fonctionnement des véhicules, entraînant l’obligation d’acquérir de nouvelles pompes à injection ou encore d’investir dans la réparation coûteuse des moteurs.
Depuis plusieurs semaines, des milliers de protestataires gagnent les rues, dans diverses villes en Haïti, pour fustiger les autorités de facto, qui montrent leur mépris caractérisé face à la multiplication des actes de criminalité, incluant le kidnapping, perpétrés, en toute impunité, par les gangs armés.
Les protestataires s’élèvent également contre la hausse exagérée du coût de la vie et contre la rareté persistante des produits pétroliers, depuis de nombreux mois, sur le territoire national.
Le mardi 30 août 2022,, des chauffeurs de motos-taxis ont exprimé leur ras-le-bol, lors d’une mobilisation organisée, dans la ville de Saint-Marc (Artibonite/Nord), contre la rareté persistante du carburant, depuis plusieurs mois, sur le territoire national.
Dans un tweet, la Banque de la république d’Haïti (Brh) informe avoir injecté, le mardi 30 août 2022, 3 millions 500 mille dollars américains (aux banques commerciales), sur le marché des changes, pour les besoins d’importation des compagnies pétrolières.
Un ensemble de mesures ont été annoncées par la Brh, en vue d’une appréciation de la gourde par rapport au dollar américain.
Depuis décembre 2021, l’État a décidé de confier l’importation du carburant aux compagnies pétrolières, en vue de s’assurer que ces opérations se fassent aux meilleurs prix.
L’Association des professionnels du pétrole (Appe) a appelé l’État à rembourser régulièrement les subventions aux compagnies pétrolières, pour que les importations des produits pétroliers puissent s’effectuer, d’une manière régulière, dans une note publiée en avril 2022.
L’Appe en a profité pour faire part des difficultés, auxquelles sont confrontées ces compagnies, pour acheter suffisamment et assez rapidement les dollars nécessaires aux importations. [rdp emb rc apr 31/08/2022 15:35]