P-au-P, 22 août 2022 [AlterPresse]--- Par le biais de son ambassadeur affecté en Haïti, Sébastien Carrière, le gouvernement du Canada réitère son engagement à accompagner Haïti, dans cette période de crise aiguë que traverse le pays depuis plusieurs années, selon les informations issues d’un webinaire, le dimanche 21 août 2022, suivi par l’agence en ligne AlterPresse.
Lors de ce webinaire organisé par Incas Productions, environ une dizaine de personnalités haïtiennes, dont certaines résident au Canada, se sont également exprimées sur la grave situation qui affecte la société haïtienne.
Le gouvernement du Canada entend prêter main forte à Haïti, dans la mesure du possible, pour l’aider à sortir de cette situation plus qu’accablante, a fait savoir le diplomate canadien au cours des échanges, conduits par la journaliste Nancy Roc et l’enseignant/éditorialiste Roody Edmé et retransmis en direct en Haïti par la station AlterRadio.
Sébastien Carrière déclare vouloir remplir correctement sa mission, qui consiste à assurer les échanges de toutes sortes entre les deux pays.
« Durant mon séjour en Haïti, j’ai rencontré trois principales choses :une situation humanitaire plus inquiétante que jamais, avec 5 ou 6 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens qui vivent dans un état de crise humanitaire très complexe ; une situation politique toujours instable et une situation sécuritaire avec une gravité sans précédente ».
Malgré tout cela, la solidarité de mon gouvernement pour le pays est infaillible, tente de rassurer Sébastien Carrière.
La formation d’une police impartiale, l’arrêt de la fuite des cerveaux et la pratique des sessions de formation en milieu universitaire, afin d’avoir des cadres pour prendre la relève, en mettant leurs talents au service de leur pays et non d’autres pays étrangers, la création d’institutions ayant pour but de promouvoir une vraie démocratie et non une dictature maquillée, sont parmi les propositions formulées par des intervenantes et intervenants, comme Roberte Mompremier, Rosy Auguste, Frédéric Boisrond, Jean Marie Théodat, durant les échanges avec Carrière.
La responsable de programmes au sein du Réseau national de défense des droits humain (Rnddh), Rosy Auguste, en a profité pour parler des 52 femmes et fillettes, qui ont été victimes d’agressions sexuelles répétées, du jeudi 7 au dimanche 17 juillet 2022, lors de la guerre des gangs à Cité Soleil (municipalité populaire au nord de Port-au-Prince).
Ces survivantes sont, jusqu’ à présent, sans assistance du gouvernement de facto et toujours en train de fuir pour sauver leur vie.
Même en temps de guerre, les bandits trouvent le temps de violer leurs victimes à plusieurs reprises et de manière collective, tout en les battant, s’indigne-t-elle.
Cette situation décrit la souffrance des femmes violées à Cité Soleil, lors d’affrontements qui ont éclaté, du 7 au 17 juillet 2022, entre les gangs G-9 et G-pèp.
Le scandale ne s’arrête pas là, car plus de 300 personnes ont aussi été tuées lors de ces affrontements entre gangs armés à Cité Soleil », rappelle Rosy Auguste.
Lors de ces massacres, la Police nationale d’Haïti (Pnh), étant la principale institution vers laquelle se tournent les victimes, n’est jamais intervenue pour porter secours aux personnes en danger.
Le Rnddh s’est interrogé sur la raison du silence du Canada face à de telles violences et attaques, alors qu’avant ce pays était le premier à se positionner clairement lors des temps difficiles en Haïti.
La crise actuelle affecte tous les aspects de la vie civile, notamment sur le plan éducatif. Certaines zones, où il y avait beaucoup d’écoles, sont actuellement impraticables. Beaucoup d’élèves et étudiants ne peuvent pas se déplacer vers leurs écoles respectives, particulièrement dans les zones de Martissant (sud) et de Croix-des-Bouquets (municipalité au nord-est de Port-au-Prince), signale la géologue Roberte Momplaisir, professeure à l’Université d’État d’Haïti.
Elle relève une situation exécrable, à laquelle font face étudiantes, étudiants et élèves haïtiens depuis la crise de sécurité publique.
Plus de 80 étudiantes et étudiants sont contrains de dormir dans l’espace de leurs facultés respectives à l’heure actuelle. Ce nombre était estimé à 40 l’année dernière (2021), fait-elle savoir.
« Ces jeunes, après avoir été formés en Haïti, sont souvent obligés de partir pour des pays étrangers. Ce qui ôte tout espoir pour Haïti d’avoir des personnes formées pour prendre les rênes du pays ».
La géologue et professeure Roberte Momplaisir préconise des actions institutionnelles en Haïti, afin de garantir la sécurité, de bons logements et des espaces de recherches pour ces étudiantes et étudiants.
Elle appelle à des actions concrètes pour sauver les mineurs, enrôlés dans des réseaux de kidnapping.
« La démocratie, que l’on pratique dans les autres pays, doit être celle que l’on pratique réellement en Haïti », souhaite Frédéric Boisrond, sociologue québécois d’origine haïtienne, ayant pris part aux échanges du webinaire du dimanche 22 août 2022. [rdp emb rc apr 22/082022 16:20]