Español English French Kwéyol

Social : Fortes tensions et mobilisations, ce 22 août 2022, dans plusieurs endroits d’Haïti

P-au-P, 22 août 2022 [AlterPresse] --- Pneus usagés enflammés, jets de pierres, routes bloquées, rareté de véhicules de transports publics (incluant des motos-taxis), tirs sporadiques d’armes entendus çà et là, rassemblements de petits groupes de personnes menaçant les personnes qui tentent d’emprunter les rues et routes nationales, devenues de plus en plus dangereuses…

C’est un condensé de la situation, ce lundi 22 août 2022, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et en plusieurs villes en province, selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

Des barricades de pneus usagés enflammés sont remarqués sur la route nationale No. 2, dans la municipalité de Carrefour, où des files de personnes attendent en vain de trouver des moyens de transports publics.

Il y a également des pneus usagés enflammés sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince ainsi qu’au Carrefour des routes de Delmas et de l’aéroport international de Port-au-Prince.

Des militants demandent à celles et ceux, qui se sont aventurés dans les rues, de rebrousser chemin.

Beaucoup de personnes éprouvent des difficultés pour trouver des transports publics à Pétionville (municipalité à l’est de Port-au-Prince), à Tabarre (municipalité au nord-est de Port-au-Pince), à Delmas, à Bourdon, au centre-ville de la capitale…

Sur la route nationale No. 1, des gens menaçants sont postés dans les environs de Cabaret, empêchant toute éventuelle circulation de véhicules et de personnes.

Nou bouke ak galon gaz k ap vnn mil goud nan lari a. Lekòl pral louvri, fòk gen dispozisyon ki pran. Yon ti sachè dlo, ki te konn vann 5 goud, koute kounye a 10 goud. Se twòp atò. Leta dwe pran responsablite l. Si Leta pa pran responsablite l, nou fèk kare mobilize nan lari a, scandent des protestataires dans la commune de Carrefour.

« C’en est assez ! La situation est intenable pour toute la population, qui ne peut plus continuer à subir cette détérioration des conditions de vie. Si l’État refuse d’assumer ses responsabilités, pour mettre un terme, une fois pour toutes, à ces violences, nous continuerons à nous mobiliser sans interruption et à nous révolter dans les rues ».

Des mouvements de protestations sont également signalés au Cap-Haïtien (Nord), aux Cayes (Sud), à Jacmel (Sud-Est), aux Gonaïves (Artibonite), à Miragoane et Saint-Michel du Sud (Nippes, une partie du Sud-Ouest d’Haïti), à Cabaret et Petit-Goâve (département de l’Ouest) …

Vers la fin de la matinée de ce lundi 22 août 2022, une cérémonie mystique spéciale (symbole de feux allumés, chants incitatifs de manifestations…) était organisée à proximité de l’ambassade de France au Champ de Mars (principale place publique dans la capitale, Port-au-Prince).

De suite, une foule de personnes se sont ébranlées dans les rues, pour manifester leur ras-le-bol contre la criminalité, contre la vie chère, contre la persistance de la rareté des produits pétroliers, depuis plusieurs mois sur le marché national.

Les protestataires réclament vivement la démission du premier ministre de facto Ariel Henry de la direction politique d’Haïti.

Plusieurs organisations sociopolitiques avaient annoncé un mouvement général, ce lundi 22 août 2022, à l’occasion du 231e anniversaire (22 août 1791 – 22 août 2022) du soulèvement général des esclaves contre la colonisation française.

Elles entendent déclencher des mobilisations globales pour mettre fin à la situation de terreur, entretenue, en toute impunité, par les gangs armés, en différents points du territoire national.

Elles s’élèvent contre la hausse accélérée du coût de la vie (avec les prix des différents biens essentiels à la consommation, qui augmentent considérablement sur tous les marches en Haïti).

Elles dénoncent également le niveau de décote de la monnaie nationale, la gourde, par rapport au dollar américain (les biens sont acquis à 150.00 gourdes ou plus.pour 1 dollar américain).

Affichant leur impuissance et mépris, les autorités de facto déclarent considérer la sécurité comme « un détail », en refusant d’adopter des dispositions conséquentes pour faire face à la dégradation des droits humains (principalement le droit à la vie).

En ce 22 août 2022, à la veille de la rentrée officielle des classes, prévue pour le lundi 5 septembre 2022, beaucoup de parents désemparés ne cachent pas leurs inquiétudes, tant les conditions d’existence tendent à se détériorer sans aucune perspective institutionnelle d’y remédier.

C’est l’incertitude sur le cours des événements et ce qui va advenir, dans les prochains jours, en Haïti. [pac emb rc apr 22/08/2022 11:00]