Par Barbara Prezeau Stephenson [1]
Soumis à AlterPresse le 17 juillet 2005
Ils ont abattu mon frère Jacques,
Ils ne lui ont pas laissé le temps, le temps d’être Jacques, le temps d’être soleil, Jacques Soleil, Jacques vérité, Jacques passion. Jacques le vent de Maribahou, Jacques Courage.
Mon frère, dans l’obscurité assassine, et les mains exécutrices, tu as reconnu, les milliers de coupables, tous les coupables, ceux qui t’ont arraché la vie, ceux qui ont payé pour le faire, ceux qui ne paient jamais ni n’assassinent, mais qui sont lâches et ont peur de la vérité. De tes vérités.
Tous ceux qui tuent a petit feu la liberté, la travestissent en gagne pain, en gagne soupe, en gagne vomi.
Ceux qui nous assassinent en n’intervenant pas, en ne désarmant pas, ceux qui nous génocident en nous onusifiant, en nous multilatéralisant, en nous programmisant, en nous conférencisant, en nous discourisant.
Ceux qui dénoncent les uns et utilisent les autres. Ceux qui signent des conventions en plein chaos, parce qu ils craignent l’ordre et le droit.
Ceux qui s’enrichissent le temps d’une conjoncture, d’une transition.
Ceux qui s’imposent en héros, en justicier du moment, pour mieux noyer leurs crimes d’un autre temps, au service d’autres maîtres, et tous ceux qui, avec des gestes de bénédictins, tentent désespérément de cacher leurs mains affreuses d’égorgeurs.
Mon frère, Jacques Vérité, tu as reconnu tous ceux la, fussent tes yeux bandes ou crevés, tu as compris que celui qui te donnait la mort était le moins coupable de tous les coupables.
Ils t’ont tous tué Jacques, et nous aussi avec toi, tes camarades d’études, tes compagnons de joutes créatrices, tes camarades de marche, de combat, il t’ont éliminé Jacques, et avec toi toutes nos espérances de moissons.
Barbara Prezeau Stephenson
Nice, le 17 juillet 2005
[1] Plasticienne