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Haïti-Droits humains : Au moins 52 femmes et filles victimes de viols collectifs et répétés, en 10 jours, dans la guerre des gangs à Cité Soleil, dénonce le Rnddh

P-au-P, 17 août 2022 [AlterPresse] --- Au moins 52 femmes et filles ont été victimes de viols collectifs et répétés, dans les violences des gangs armés rivaux qui ont éclaté, du 7 au 17 juillet 2022, à Cité Soleil (grande municipalité populaire au nord de la capitale, Port-au-Prince), relève le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport en date du 16 août 2022 transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Parmi les victimes de ces viols, figurent une mineure âgée de 14 ans et 12 survivantes âgées de 18 à 25 ans.

20 parmi les victimes ont été violées en présence de leur progéniture et une autre en présence de ses parents, souligne le rapport du Rnddh.

Deux autres femmes ont été également violées en présence de leurs conjoints.

« Six victimes ont assisté à l’exécution de leurs conjoints, avant d’être violées à leur tour, et quatre autres ont été violées en dépit de leur grossesse ».

« Le 7 juillet 2022, E. P., née le 29 septembre 1998, marchande de boissons gazeuses, a quitté sa maison pour aller vaquer à ses occupations. Arrivée au Carrefour de La Mort, elle a été capturée par plusieurs bandits armés encagoulés. Ils l’ont traînée à Dèyè Mi, ont volé son argent puis l’ont violée l’un après l’autre », s’indigne le Rnddh.

« Aucun agresseur n’a utilisé de protection et les victimes, pour la plupart, n’ont pas pu se rendre à l’hôpital dans le délai de 72 heures, recommandé par les médecins pour se soumettre à une prophylaxie antirétrovirale ».

Le Rnddh évoque comme raisons l’incapacité de se déplacer à cause des affrontements armés, la séquestration des victimes par leurs agresseurs, le manque de connaissance en la matière et la peur de la prophylaxie pour l’avoir déjà suivie.

« Le 7 juillet 2022, M.M.J., âgée de quarante-sept (47) ans, était chez elle avec ses enfants à Projet Drouillard, Bloc K, lorsqu’au moins sept (7) bandits armés et encagoulés se sont introduits dans sa maison. Ils se sont mis à la frapper. Son fils ainé lui-même, âgé de vingt-six (26) ans, a voulu les en empêcher. Cela lui a valu d’être violemment battu. Ses deux (2) autres enfants, âgés respectivement de quinze (15) et de neuf (9) ans, ont aussi été bousculés. Trois (3) parmi les bandits ont violé M.M.J. en présence de ses enfants ».

Dans un bilan non encore définitif, le Rnddh fait état de plus de 300 personnes assassinées, lors de ce massacre à Cité Soleil, où la plupart des cadavres ont été carbonisés.

Ces affrontements sanglants opposaient les groupes armés G-9 an fanmi e alye, dirigés par Jimmy Chérizier dit Barbecue et G-pèp, commandés par Gabriel Jean-Pierre, alias Ti Gabriel.

Lors de ces événements sanglants, les gangs utilisent souvent le corps des femmes et des filles comme arme de guerre, pour atteindre le groupe rival, en soumettant plusieurs parmi les survivantes à un interrogatoire, avant de les violer comme punition, selon plusieurs témoignages.

Les bandits armés des gangs G-9 an fanmi e alye reprochaient à leurs victimes d’entretenir des relations privilégiées avec le chef de gang Gabriel Jean Pierre alias Ti Gabriel.

Le nombre de victimes d’agressions sexuelles a exponentiellement augmenté, au cours du massacre de Cité Soleil enregistré du 7 au 17 juillet 2022, par rapport aux seize massacres et attaques armées, perpétrés de 2018 à 2022 au cours desquels de nombreux viols ont été aussi enregistrés, signale le Rnddh.

L’organisme de défense des droits humains condamne la passivité des autorités étatiques, face aux massacres et attaques armées dans les quartiers défavorisés ainsi qu’aux exactions qui y sont commises.

Les autorités continuent de se faire complices des bandits armés, par leur inaction continuelle.

« Les victimes ne bénéficient, pour leur part, d’aucune forme d’assistance. Pire, les bourreaux de la population haïtienne sont aujourd’hui très puissants auprès de la coalition politique actuellement au pouvoir. Par ce comportement, les autorités étatiques ne font que prouver le degré de leur mépris pour la vie de la population haïtienne », lit-on dans le rapport.

Le Réseau national de défense des droits humains recommande aux autorités étatiques de fournir une assistance médicale et psychosociale aux victimes de viols collectifs et répétés ainsi qu’à leurs proches, de poursuivre et punir tous les individus impliqués dans les viols collectifs et répétés, perpétrés contre les femmes et filles à Cité Soleil. [rdp emb rc apr 17/08/ 2022 12:59]