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Politique : Pourquoi l’Onu réitère-t-elle ses menaces de sanctions contre les gangs criminels organisés en Haïti ?

Une opération de communication, dans un contexte de questionnement de la communauté internationale dans ses échecs en Haïti ?

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 16 août 2022 [AlterPresse] --- Après l’adoption d’ une résolution, le 15 juillet 2022, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) réitère, un mois plus tard, un ultimatum, au 17 octobre 2022, au gouvernement de facto en Haïti, pour la mise en œuvre d’actions immédiates contre les bandes criminelles sur le territoire national, indique le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), dans un document dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

S’agit-il d’une opération de communication, dans un contexte où la communauté internationale est, de plus en plus, mise en question pour ses échecs en Haïti ?

Quoi qu’il en soit, le Conseil de sécurité de l’Onu envisage de prendre des mesures appropriées, qui pourraient inclure le gel des avoirs ou des interdictions de voyager, ciblant ceux qui participeraient à la violence en bande organisée et à des activités criminelles ou à des atteintes aux droits humains en Haïti.

Le Conseil de sécurité de l’Onu exige la cessation immédiate de la violence en bande organisée et des activités criminelles en Haïti, selon le Binuh, dont le mandat a été renouvelé, le 15 juillet 2022, à l’unanimité pour une durée d’un an.

Les Nations unies exhortent toutes les forces vives de la nation à s’unir pour mettre fin à l’insécurité et à l’instabilité politique.

Elles avaient fait état de plus de 470 personnes tuées, blessées ou portées disparues, entre les 8 et 17 juillet 2022, lors d’affrontements armés, qui ont éclaté entre des gangs rivaux.

« Les conseillers du Binuh vont continuer leur travail de renforcement des capacités de la Police nationale d’ Haïti (Pnh). Ils vont aussi l’appuyer dans l’élaboration de politiques et approches inclusives, visant à réduire la violence communautaire », lit-on dans le document des Nations unies.

Le Binuh devra contribuer à répondre aux besoins de la Pnh, pour mener des enquêtes criminelles, gérer ses ressources humaines et renforcer son intégrité et son professionnalisme tout en continuant l’appui à la réforme de l’administration pénitentiaire.

En collaboration avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) et d’autres agences onusiennes compétentes, le Binuh aura aussi pour tâches de soutenir les autorités haïtiennes dans la lutte contre le trafic et le détournement d’armes, et contre les flux financiers illicites.

Le Conseil de sécurité de l’Onu charge également le Binuh de soutenir les initiatives des autorités pour améliorer la gestion et le contrôle des frontières et des ports.

Il demande au gouvernement de facto de lui présenter, au plus tard, le 17 octobre 2022, une mise à jour sur les progrès effectués sur le processus politique, permettant l’organisation d’élections inclusives, pacifiques, libres, justes et transparentes en Haïti.

Le Conseil de sécurité de l’Onu « a insisté sur l’urgence de parvenir, avec l’appui du Binuh, à un accord vers un processus politique, permettant l’organisation d’élections inclusives, pacifiques, libres, justes et transparentes, dès que les conditions de sécurité et les préparatifs logistiques le permettent ».

« Ce processus doit être dirigé et pris en charge par les Haïtiens eux-mêmes ».

Entre-temps, le dialogue entre les membres du Bureau de suivi de l’accord (Bsa) du 30 août 2021, appelé accord de Montana, et le pouvoir de facto en place, est au point mort.

Le Bsa a décidé, début août 2022, de surseoir aux négociations politiques avec le régime en place, après des semaines de discussions.

Pour justifier sa décision, le mouvement Montana a évoqué une absence de volonté réelle du gouvernement de facto de parvenir à un consensus large, en vue de résoudre la crise socio-politique en Haïti. [emb rc apr 06/08/2022 15:10]