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Crise : Plaidoyer de l’Oea en faveur d’un retour des Casques bleus et d’une nouvelle Constitution en Haïti

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 12 août 2022 [AlterPresse] --- Le retour des Casques bleus de l’Organisation des Nations unies (Onu) ainsi que la rédaction d’une nouvelle Constitution s’avéreraient nécessaires, en Haïti, dans ce contexte de crise actuelle, soutient le secrétaire général de l’Organisation des États américains (Oea), l’Uruguayen Luis Almagro (Luis Leonardo Almagro Lemes, né le 1ᵉʳ juin 1963), dans une interview accordée au journal américain, Miami Herald, et consultée par l’agence en ligne AlterPresse.

Un retour des Casques bleus, qui devient de plus en plus nécessaire de jour en jour, constituerait une des pistes à considérer très sérieusement, selon Almagro.

Il s’en est pris aux « critiques, qui ne veulent pas d’une vraie solution pour Haïti » et à « ceux qui ont chassé la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), afin de laisser les gangs diriger le pays, ou ceux qui profitent personnellement de l’argent, qui appartient au peuple ».

« Les conditions d’aujourd’hui sont beaucoup plus violentes qu’elles ne l’étaient, et le travail sera beaucoup plus dur et avec beaucoup plus de complications », reconnaît Almagro.

L’Oea déclare être ouverte « à d’autres propositions, pour assurer la sécurité d’Haïti », même s’il est « très difficile d’arriver maintenant assez vite avec la bonne logistique, si cela ne se fait pas à travers des procédures et des mécanismes bien établis, qui existent déjà avec les missions de maintien de la paix. ».

Une nouvelle Constitution en Haïti, un impératif, selon Luis Almagro

« Soutenir une nouvelle Constitution en Haïti est désormais devenu un impératif », estime Almagro.

Il souligne combien il est nécessaire d’avoir de nouveaux arrangements constitutionnels et institutionnels en Haïti.

Interrogé par Miami Herald sur sa nouvelle position au sujet d’Haïti, le secrétaire général de l’Oea la justifie en évoquant « un sentiment de responsabilité pour faire face à une crise haïtienne continue (…), en faisant de notre mieux pour stabiliser les institutions pendant les pires moments ».

Il attire l’attention sur la nécessité de prendre l’initiative d’exiger des solutions, en raison de la situation en Haïti, qui s’enfonce dans une crise sociale, politique, économique et sécuritaire de plus en plus profonde.

« Et on voit que ceux, qui ont la responsabilité de stabiliser financièrement et économiquement le pays, et ceux qui ont la responsabilité d’assurer la sécurité, n’en font pas assez pour y parvenir, qu’ils soient des acteurs externes ou internes ».

Le point de non-retour

« Il est indéniable qu’Haïti fait, depuis longtemps, face à des crises récurrentes dans ces zones. D’innombrables efforts ont été faits par des Haïtiens de bonne volonté et par la communauté internationale pour renverser la situation, avec plus d’échecs que de succès, mais maintenant, avec le retrait de la communauté internationale, nous sommes probablement face à un point de non-retour ».

Almagro entend par communauté internationale toutes celles et tous ceux qui injectaient de l’argent dans un tel système, créant et recréant le pire du système.

« Après 20 ans d’injection d’argent dans le pays, Haïti n’a toujours pas d’électricité, d’eau et d’assainissement », déplore-t-il.

L’Oea complice dans la crise en Haïti

Réagissant à la position de l’Organisation des États américains, impliquee dans toutes les élections controversées de ces dernières années, de nombreuses voix en Haïti rappellent combien son secrétaire général, l’Uruguayen Luis Alamgro (Luis Leonardo Almagro Lemes, né le 1ᵉʳ juin 1963), s’est toujours montré partisan de la politique mise en œuvre par le Parti haïtien tèt kale (Phtk), particulièrement quand Jovenel Moïse était à la présidence politique, en supportant toutes ses dérives totalitaires et antidémocratiques, comme la décision unilatérale, anticonstitutionnelle et illégale d’écrire une nouvelle Constitution…

Lors d’une visite, en 2020, en Haïti, Almagro a approuvé le plan controversé du président de facto Jovenel Moïse (assassiné le 7 juillet 2021) d’adopter une nouvelle Constitution en Haïti, malgré les accusations que le président piétinait constamment la charte actuelle.

A ceux qui disent qu’il est responsable du malaise d’Haïti, Luis Almagro déclare que c’est « un non-sens ».

« De toute évidence, nous n’avons jamais eu les ressources financières pour construire des institutions en Haïti. Clairement, nous n’avons jamais eu les ressources financières pour assurer la sécurité en Haïti, et clairement nous n’avons jamais eu les ressources financières pour le développement d’Haïti. C’est ce que nous demandons maintenant, parce que rien d’autre n’a fonctionné. Nous demandons de nous laisser assumer cette responsabilité, maintenant,dans le pire moment d’Haïti », se défend-il.

Il indexe également les Haïtiennes et Haïtiens, qui sont aussi responsables, selon lui, de la situation, à cause de la corruption, de leur opposition à la Minustah et de leur manque d’engagement envers la démocratie.

« Mon rôle est de sensibiliser, sensibiliser et sensibiliser la communauté internationale. La déclaration est un appel à l’action pour tout le monde. Donc, je m’attends à ce que tout le monde réponde à cet appel ».

Dans un document, rendu public le lundi 8 août 2022, l’Organisation des États américains (Oea) appelle à « renverser le processus de violence » en Haïti « au moyen de nouvelles conditions institutionnelles, accompagnées d’un engagement international différent ».

« Les 20 dernières années de présence de la communauté internationale en Haïti constituent l’un des échecs les plus importants et manifestes de mesures mises en œuvre et d’actions réalisées dans le cadre de quelque action de coopération internationale que ce soit », considère l’Oea.

« Étant donné qu’elle a échoué, la communauté internationale s’est retirée d’Haïti, laissant derrière elle chaos, destruction et violence », critique-t-elle.

L’Oea a admis sa culpabilité dans la destruction d’Haïti, a avancé Amy Wilentz, rédactrice en chef du journal américain « The Nation », en analysant le document publié, le lundi 8 août 2022, par ladite organisation. [emb rc apr 12/08/2022 13:00]