Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 10 août 2022 [AlterPresse] --- Ayant débuté le mardi 9 août 2022, une conférence internationale sur la création de pôles judiciaires spécialisés en Haïti se poursuit jusqu’au jeudi 11 août 2022, à Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince), observe l’agence en ligne AlterPresse.
Le premier ministre de facto Ariel Henry a pris part au lancement de cette Conférence internationale, organisée par le Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), de concert avec le Réseau national des magistrats haïtiens (Renamah).
« Je souscris pleinement à l’idée de créer des pôles spécialisés au sein de la justice haïtienne, notamment dans le domaine financier. J’encourage vivement le ministre de la justice à tout mettre en œuvre, en vue de la création, entre autres, d’un pôle financier au sein des différents parquets », a déclaré Ariel Henry.
Il faut « des magistrats maîtrisant les arcanes des montages financiers complexes utilisés par les fraudeurs », dans le cadre de la lutte contre la corruption, la contrebande, le blanchiment des avoirs et l’évasion fiscale, souligne-t-il.
« Il n’est pas normal que nos prisons soient dans un tel état de délabrement et nos prisonniers, reconnus coupables ou simplement en attente de jugement, soient incarcérés dans des conditions de détention hors normes ».
Ariel Henry appelle les citoyennes et citoyens à se mettre tous ensemble, pour avancer et sortir la justice dans l’état où elle se trouve depuis trop longtemps.
Il déplore le dysfonctionnement des cours et tribunaux du pays, la poursuite des pratiques de détention préventive prolongée dans les prisons, où beaucoup trop de gens croupissent, l’attente continuelle de la vérité sur les assassinats crapuleux du feu président de facto Jovenel Moise (7 juillet 2021), de l’ex-bâtonnier Monferrier Dorval (28 août 2020), des victimes de divers massacres et d’autres crimes odieux.
Les dossiers judiciaires, relatifs à l’assassinat de Jovenel Moïse et celui de Monferrier Dorval, piétinent en Haïti.
« Nous sommes ici en train de réfléchir à la justice du futur, mais je ne peux pas parler de la distribution de la justice dans notre pays, en faisant semblant d’ignorer que le Palais de justice de notre capitale est aujourd’hui déserté par les magistrats, par les avocats et par les justiciables », reconnait maintenant Ariel Henry.
Le Palais de justice de Port-au-Prince est occupé par les bandits armés depuis le vendredi 10 juin 2022, contraignant juges, avocats, greffiers et justiciables à fuir.
Il n’y a pas de bandits au Palais de justice de Port-au-Prince, avait osé affirmer le premier ministre de facto Ariel Henry, soutenu par son titulaire de l’intérieur, Liszt Quitel, en marge de la cérémonie commémorative du premier anniversaire de l’assassinat de Jovenel Moïse, le jeudi 7 juillet 2022.
Il répondait à une question d’un journaliste sur la prise d’assaut du Palais de justice par les bandits armés.
Le 5 juillet 2022, l’Office de la protection du citoyen (Opc) avait attiré l’attention des autorités sur l’urgente nécessité de relocaliser le tribunal civil de Port-au-Prince.
Cette position a été fortement saluée par l’Association professionnelle des magistrats (Apm), l’Association nationale des magistrats haïtiens (Anamah) et le Renamah, dans un communiqué.
Réalisée avec l’appui financier et technique du Haut-commissariat des Nations unies aux droits humains, la conférence internationale sur la création de pôles judiciaires spécialisés en Haïti se déroule autour des thématiques liées aux crimes économiques et financiers, aux crimes sexuels et violences urbaines. [emb rc apr 10/08/2022 11:30]