Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 08 août 2022 [AlterPresse] --- L’organisation internationale Human Rights Watch (Hrw) appelle à protéger les survivant·e·s d’abus sexuels, face aux menaces de leurs agresseurs, dans un article publié sur son site et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Human Rights Watch exhorte les autorités à prendre des mesures, pour garantir l’accès à la justice, protéger les lanceur·euse·s d’alerte et les survivant·e·s, arrêter et sanctionner les auteurs d’abus dans le sport et leurs complices.
« Les instances sportives internationales, la Fédération internationale des associations de football (Fifa) et le Comité international olympique (Cio), devraient, quant à elles, soutenir les athlètes ayant survécu à des abus, perpétrés lorsqu’ils étaient enfants, en bannissant du sport les auteurs de tels actes et en faisant respecter leurs propres politiques de protection des mineurs ».
Accusé d’avoir violé à plusieurs reprises Claude-Alix Bertrand, qui avait 11 ans, au moment des faits, alors qu’il était son professeur de sports à l’Institution Saint-Louis de Gonzague (Islg), l’ancien ministre haïtien des Sports, Evans Lescouflair, a été arrêté, le 2 juillet 2022, par Interpol au Panama, où il cherchait à échapper à la justice haïtienne.
Accusé de viol et de pédophilie, l’ex-titulaire du Ministère de la jeunesse, des sports et de l’action civique (Mjsac), Evans Lescouflair, a été transféré, le mercredi 6 juillet 2022, de la République Dominicaine en Haïti.
Cette arrestation faisait suite à un mandat d’amener, émis à son encontre, pour viol, abus sexuel et atteinte à la pudeur, par le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Jacques Lafontant.
Evans Lescouflair « fait également l’objet d’un procès civil, intenté par plusieurs autres victimes, qui ont fourni des preuves que cet homme avait abusé d’elles sexuellement », rappelle l’article de Human Rights Watch.
« Tous les enfants d’Haïti et du monde entier méritent une protection totale contre les abus sexuels à tout moment », déclare Claude-Alix Bertrand, une des victimes de viols de la part d’Evans Lescouflair.
Claude-Alix Bertrand est aujourd’hui ambassadeur d’Haïti auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
« Le sport ne devrait pas permettre à de puissants dirigeants d’abuser d’enfants en toute impunité. Cette affaire doit servir à changer, de façon permanente, les choses, afin de protéger les enfants dans le sport et au-delà », dit-il.
L’affaire Lescouflair « fait suite à la suspension et à l’interdiction définitive d’exercer des fonctions, en décembre 2020, du président de la Fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, accusé d’avoir abusé sexuellement de femmes et de jeunes filles membres de l’équipe nationale de football d’Haïti. Au terme d’une enquête, la Fifa, l’instance dirigeante mondiale de ce sport, en a banni Jean-Bart à vie », lit-on dans l’article de Human Rights Watch.
« Cependant, la Fifa n’a pas renvoyé d’autres responsables de la Fédération haïtienne de football (Fhf), qui ont contribué à couvrir des abus sexuels et qui travaillent toujours avec l’équipe nationale féminine d’Haïti, et n’a pas davantage essayé de recouvrer l’amende d’un million de dollars infligée à Jean-Bart », poursuit l’organisation internationale de défense des droits humains.
Hrw fait état de lanceur·euse·s d’alerte et des survivant·e·s, ayant subi des menaces visant à les dissuader de fournir des preuves d’abus sexuels.
Après l’audience en appel de Jean-Bart, devant le Tribunal arbitral du sport (Tas) en avril 2022, des témoins ont reçu le SMS suivant : « j’ai préparé vos cercueils », révèle-t-elle. [emb rc apr 08/08/2022 15:10]