P-au-P., 31 juillet 2022 [AlterPresse] --- Le journaliste Edner Décime, d’AlterPresse, est au quinzième jour de sa captivité, suite à son enlèvement, le dimanche 17 juillet 2022, à Delmas (périphérie nord-est de Port-au-Prince) parmi de nombreuses personnes kidnappées en une seule journée.
Quinzième jour de silence et d’inaction des autorités également, depuis ce spectaculaire rapt collectif.
Cruellement privé de sa liberté depuis deux semaines, Edner Décime manque terriblement à sa famille terrassée et sommée de payer une forte rançon. A chaque heure qui passe, sa tourmente s’accroit, alors que les ravisseurs ne cessent pas d’accroitre leur pression psychologique.
15 longues journées loin de ses collaborateurs et collaboratrices d’AlterPresse/AlterRadio, qui vivent de douloureux moments depuis qu’ils ont été brutalement privés de la présence de leur cher collègue.
Ils l’imaginent encore dans une file, devant une station de distribution de produits pétroliers, à Delmas 30, quand des individus armés le forcent à descendre du véhicule, dans lequel il se trouvait, et l’emmènent de force. Les ravisseurs disparaissent à la vitesse de l’éclair, avec leur proie, à bord d’un 4x4 muni de sirènes.
Où sont-ils partis avec Edner Décime ? Où est-il gardé ? Dans quel quartier/base de bandes armées ? Dans quelles conditions ? Dans quel état se trouve-t-il aujourd’hui ? Comment se porte-t-il physiquement ? Parvient-il à surmonter la constante pression psychologique exercée contre lui ? Que faire contre le danger qui plane sur sa vie, jour et nuit, à chaque instant, depuis des centaines d’heures ?
L’inquiétude ne fait que grandir, car la famille est dans l’incapacité de réunir la somme exigée, elle qui n’a contracté aucune dette et qui se trouve soudainement dans l’obligation de « payer la tête » d’un fils, d’un frère, d’un mari, d’un cousin, comme on négociait « la tête » d’un esclave au temps de la colonie.
Gare à vous, si les ravisseurs savent que les amis s’en mêlent ! Ils font monter les enchères.
Curieux mutisme du gouvernement ! Les citoyennes et citoyens se trouvent, de plus en plus, sans recours face à la criminalité et la violence armée, dont une poussée sans précédent jette les familles dans une immense affliction. Elles basculent dans l’appauvrissement, alors que l’on assiste à l’effondrement de la société.
De janvier à fin juin 2022, l’Organisation des Nations unies (Onu) a recensé 680 enlèvements dans la capitale haïtienne, tandis que des affrontements entre bandes armées ont fait plusieurs centaines de morts.
Dans ce contexte de tous les dangers et de douleur incommensurable, nous disons sincèrement merci pour les mots de sympathie et de solidarité, qui nous parviennent.
De concert avec la famille de notre collaborateur, AlterPresse/AlterRadio continue sans relâche d’attendre le retour d’Edner Décime sain et sauf. [apr 31/07/2022 09:00]