Communiqué du Conseil des Sages à l’occasion de l’assassinat du poète et journaliste Jacques Roche
Soumis à AlterPresse le 16 juillet 2005
Depuis le début de la période de Transition Politique, le Gouvernement a adopté une approche dite d’inclusion de tous les groupes sociopolitiques. Cette approche entendait contribuer à créer un climat favorable à la tenue des élections générales. Cependant, force est de constater que la violence continue à être prônée et tolérée par des groupes politiques qui se réclament de la mouvance du Parti Politique Famille Lavalas, et plus particulièrement de M. Jean-Bertrand Aristide. Cette violence à caractère politique a coûté et coûte quotidiennement la vie à de trop nombreux citoyens et citoyennes, ou encore cause à tant d’autres des traumatismes graves et souvent irréversibles. Une des dernières victimes en date est le poète et journaliste Jacques Roche, enlevé, sauvagement torturé et mutilé, puis assassiné ce 14 juillet. Les ravisseurs et assassins de Jacques Roche ne se sont pas privés pour faire savoir la nature politique de leur motivation.
Le Conseil des Sages salue la mémoire de Jacques Roche et présente ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches, à ses collaborateurs-trices et à ses camarades de combat.
Pour le Conseil des Sages, il ne fait aucun doute que Jean-Bertrand Aristide et ses supporters rejettent les principes et les exigences même du jeu démocratique. La société haïtienne ne peut tolérer que des ennemis de la démocratie soient traités et logés à la même enseigne que les Groupes et Partis Politiques qui rejettent clairement la violence comme stratégie politique.
Face à cette situation, et dans la logique même de la déclaration du 14 juillet 2005 du Gouvernement de Transition, le Conseil des Sages réclame instamment du Gouvernement l’adoption des mesures suivantes :
1. Renoncer aux options retenues lors de la formation du dernier Cabinet Ministériel (23 juin 2005), notamment celles qui ont porté à la nomination d’un Ministre des Affaires Sociales proposé, pour les représenter, par des membres actifs du Parti Lavalas. Au-delà du profil personnel de l’individu concerné, ce qui est fondamentalement ici en cause c’est l’appartenance à un courant politique qui est déterminé à semer la mort et la désolation dans le pays. En agissant ainsi, le Gouvernement donnera toute la crédibilité à sa prise de position politique.
2. Prendre une décision hautement politique et salutaire pour le pays, en disqualifiant le Parti Famille Lavalas dans la course électorale.
3. Prendre des sanctions très fermes, pouvant aller jusqu’au retrait de fréquence, à l’encontre des média qui véhiculent un discours de haine, un double langage pernicieux (exclusion, violence) et qui offrent leur micro à des bandits qui annoncent leurs actes terroristes et s’en vantent.
Le Conseil des Sages réitère que l’heure est à la responsabilité et au sens collectif. La période de Transition Politique doit au moins réussir à donner aux populations l’espoir qu’elles ne subiront pas, dans un proche avenir, les effets néfastes de l’obscurantisme, de la terreur et de la tyrannie découlant de la fascination du pouvoir absolu.
Port-au-Prince, le 15 juillet 2005
Pour le Conseil des Sages
Danièle Magloire, Porte parole