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Nations unies : Le renouvellement du mandat du Binuh, une manœuvre pour maintenir Haïti sous le diktat international, selon des organisations

P-au-P, 17 juin 2022 [AlterPresse] --- Le Bureau des avocats internationaux (Bai) et le Mouvement de liberté, d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf) critiquent la volonté de l’Organisation des Nations unies (Onu) de renouveler, pour 12 mois (jusqu’au mois de juillet 2023), le mandat du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), à la fin de son mandat de 9 mois, le vendredi 15 juillet 2022, dans des interviews accordées à l’agence en ligne, AlterPresse.

Il s’agit, une fois de plus, d’une manœuvre pour maintenir Haïti sous le diktat de la communauté internationale, notamment des États-Unis d’Amérique, estiment ces organisations.

« Les Nations unies sont là depuis juillet 2004. Rien n’a été fait. Elles ne vont rien changer. Si, dans le temps, les États-Unis avaient des militaires, après l’occupation américaine, pour provoquer à ses profits des coups d’État, il s’agit juste d’un changement de paradigme, à travers d’autres forces pour continuer à maintenir Haïti sous coupe réglée », déclare Me. Mario Joseph, directeur du Bai.

« Je ne crois pas qu’Haïti puisse bénéficier de quoi que ce soit », poursuit Me Joseph.

Il faudrait une « révolution » ou une transition de rupture, avec des personnes capables et une population consciente de ses responsabilités, pour mettre fin aux impositions de la communauté internationale, préconise le Bai.

« Sous le contrôle des États-Unis, les grandes puissances impérialistes occupent encore Haïti. La question de renouveler le mandat du Binuh rentre dans une logique d’ôter la souveraineté d’Haïti, pour que ce soient les organisations internationales qui organisent les élections dans le pays et placent des satellites au pouvoir politique », affirme David Oxygène, secrétaire général du Moleghaf.

« Renouveler le mandat du Binuh rentre dans la même ligne de renouvellements de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) pour continuer à détruire Haïti ».

Ayant été déployée en 2004 après le départ au pouvoir du président Jean-Bertrand Aristide, la Minustah, qui a passé 13 ans en Haïti, a été indexée dans différents cas de viols, vols, et impliquée dans l’intrusion de l’épidémie de choléra dans le pays, en octobre 2010.

Près de 10 mille personnes ont trouvé la mort et 800 mille autres ont été contaminées au choléra.

Le Binuh avait appuyé la fédération des gangs armés, dénommée G9 an fanmi e alye (en famille et alliés), rappelle le Moleghaf.

Dans un rapport en septembre 2020, le Binuh avait considéré que la fédération de gangs armés G9 an fanmi e alye aurait conduit à une réduction des homicides en Haïti.

« Renouveler le mandat du Binuh signifierait permettre aux gangs armés de continuer à agir impunément dans le pays et empêcher les citoyennes et citoyens de circuler librement », dénonce le Moleghaf.

Selon l’Onu, le Binuh devrait pouvoir poursuivre ses missions « de bons offices » et s’attaquer aux « causes profondes de l’instabilité, qui sont intrinsèquement politiques » en Haïti, notamment en apportant son soutien à la police pour endiguer la violence des bandes armées, a recommandé le secrétaire général de l’Onu, le Portugais Antonio Guterres, dans un rapport présenté, le jeudi 16 juin 2022, lors d’une réunion devant le Conseil de sécurité de l’Onu, à New York.

La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, l’Américaine Helen Meagher La Lime, également cheffe du Binuh, s’élève contre l’incapacité apparente de la Police nationale d’Haïti (Pnh) à faire face à la situation de criminalité, lors de cette réunion.

Cette incapacité ainsi que « l’impunité manifeste, avec laquelle les actes criminels sont commis », « fragilisent dangereusement l’État de droit dans le pays », relève Helen Meagher La Lime.

Elle souhaite une aide immédiate des États membres de l’Onu pour permettre à la Police nationale d’Haïti (Pnh) de lutter contre la criminalité et la violence croissantes sur le territoire national.

La cheffe sortante du Binuh souligne combien la Pnh manque actuellement de ressources humaines, matérielles et financières, pour remplir efficacement sa mission. [mj emb rc apr 17/06/2022 15:45]