P-au-P., 17 juin 2022 [AlterPresse] --- L’organisation Volontariat pour le développement d’Haïti (Vdh) a estimé que la Police nationale d’Haïti n’a pas les moyens de faire face aux gangs armés, sans une assistance externe, au cours d’une réunion, le jeudi 16 juin 2022, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), à New-York, à propos du Bureau intégré des Nations-unies en Haïti (Binuh), dont le mandat arrive à terme en juillet 2022, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Intervenant à la réunion en tant que personnalité issue de la société civile, Arnoux Descardes, directeur exécutif de Vdh, a indiqué que les cas de kidnapping ont connu, en 2021, une hausse de plus de 18% par rapport à 2020.
Pour le mois de mai 2022, 200 cas ont été recensés et, au cours des derniers mois, les abus des droits humains se sont aggravés.
Descardes a signalé combien les gangs armés occupent la quasi-totalité des territoires au niveau de la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, et paralysent la communication terrestre entre la capitale et les villes de province, avec des conséquences sur la circulation des produits agricoles notamment.
Il appelle à la mobilisation de ressources adéquates, afin de renforcer la mission de bons offices du Binuh ainsi que son travail de conseil, soutien et accompagnement aux efforts de la police nationale, dans la lutte contre la violence des gangs armés.
L’impunité continue à s’ériger en règle, a déploré l’intervenant, en voulant pour preuve qu’à quelques jours du premier anniversaire de « l’assassinat crapuleux » de l’ancien Président de facto Jovenel Moise, la justice demeure toujours muette.
Il est donc urgent que des actions transnationales soient prises contre les personnes impliquées en Haïti dans la contrebande, le commerce illégal d’armes et les crimes financiers.
Il a également appelé le gouvernement de facto à prendre des dispositions pour le renforcement des institutions judiciaires, dont les déficiences participent au déni de justice, à la détention préventive prolongée et à la violation des droits des prisonniers. En outre, des dispositions doivent être prises pour le fonctionnement de la Cour de cassation et du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj).
Élargir le consensus pour une gouvernance inclusive
Au plan politique, le directeur exécutif de Vdh a appelé à élargir le consensus actuel, pour assurer une gouvernance inclusive et consensuelle, sans préciser, toutefois, s’il s’agissait que d’autres signataires rejoignent l’accord du 11 septembre 2021, paraphé par le premier ministre de facto en place et une partie de l’opposition, comme le souhaite Ariel Henry.
Descardes a salué la reprise des consultations entre le chef de gouvernement de facto en place, Ariel Henry, et le Bureau de suivi du mouvement Montana, ainsi que la mise en place d’un comité tripartite de facilitation par des représentants du secteur religieux, du secteur des affaires et de l’université.
Seul un dialogue inter-haïtien pourra permettre de bâtir un consensus plus large, a souligné Descardes, avant d’encourager tous les acteurs à aller au-delà des déclarations de bonne intention.
Élection, constitution
Le directeur exécutif du Vdh a souligné que le gouvernement de facto devrait nommer un Conseil électoral consensuel, mobiliser les ressources financières nécessaires aux joutes électorales et garantir un support financier aux partis politiques, pour éviter que l’argent sale vienne influencer la campagne électorale.
Parallèlement, les partis politiques devront éviter l’émiettement de l’électorat et garantir une réelle légitimité populaire aux vainqueurs.
Malgré les controverses connues autour d’une éventuelle révision de la Constitution dans le contexte de la crise, Descardes pense qu’elle serait également opportune, notamment en termes de durée des mandats, d’équilibre des pouvoirs, de définition des rôles au niveau des collectivités territoriales, ainsi que des conditions de l’intégration et de la participation des Haïtiennes et Haïtiens vivant à l’étranger à la vie politique, économique et sociale du pays.
Finances
En matière d’assainissement des finances publiques, le gouvernement de facto doit reprendre le contrôle des organes de perception et, en accord avec le secteur privé, réorganiser les instances économiques et financières, a poursuivi Descardes.
Selon l’intervenant, ces défis ne sont pas insurmontables, si l’on met à profit la masse critique d’Haïtiennes et d’Haïtiens, tant de la diaspora que de l’intérieur, « qui sont en capacité de faire mentir les mauvaises prévisions pour Haïti ». [apr 17/06/2022 00:40]
Photo : Vdh (antérieure à réunion du Conseil de sécurité du 16 juin)