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Haïti ne juge pas souhaitable que la communauté internationale ou des forces étrangères se substituent à la police

P-au-P., 17 juin 2022 [AlterPresse] --- Le titulaire de facto du Ministère des affaires étrangères du gouvernement en place en Haïti, Jean Victor Généus, a jugé qu’il n’était « pas souhaitable que la communauté internationale ou des forces étrangères se substituent à la police », au cours d’une réunion, le jeudi 16 juin 2022, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), à New-York, à propos du Bureau intégré des Nations-unies en Haïti (Binuh), dont le mandat arrive à terme en juillet 2022, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

Le ministre de facto a souhaité voir les attributions et capacités du Binuh renforcées, pour un encadrement et un accompagnement efficaces de la police.

Jean Victor Généus a évoqué l’expérience de la présence onusienne en Haïti, faisant observer qu’après le départ des forces internationales, les structures locales se retrouvent dans l’incapacité d’avoir les mêmes performances, parce qu’elles n’ont pas reçu la formation adéquate et ne disposent pas des mêmes moyens.

Le titulaire de facto des affaires étrangères d’Haïti a indiqué que la situation sécuritaire continue de se dégrader dans le pays, évoquant notamment les activités des gangs, les enlèvements contre rançons et les meurtres violents.

Pour le seul mois de mai 2022, la police a signalé 201 homicides volontaires et 198 enlèvements, soit une moyenne pour chacun de près de 7 cas par jour, a rapporté la représentante spéciale de l’Onu en Haïti, l’Américaine Helen Meagher Lalime, qui intervenait également à la réunion du Conseil de sécurité.

Cependant, les autorités responsables ne resteraient pas les bras croisés, a dit Généus.

« Avec les faibles moyens dont dispose le pays, nous faisons le maximum pour mettre hors d’état de nuire ceux qui veulent maintenir le chaos et empêcher la normalisation de la situation », a-t-il ajouté.

L’urgence d’un « accompagnement robuste » pour la police

Généus a indiqué que la Police nationale d’Haïti, qui a déployé des efforts pour contrecarrer les activités délictueuses des gangs, ne peut pas s’en sortir dans les conditions actuelles.

C’est pourquoi il est urgent, selon lui, que la police puisse recevoir dans les prochains jours et non dans les prochaines semaines ou les prochains mois, un accompagnement robuste suffisant, de la part des partenaires de la communauté internationale, en vue de donner un grand coup d’arrêt à cette situation plus qu’inacceptable.

Il a appelé à trouver des solutions urgentes, dans les meilleurs délais, pour restaurer la démocratie haïtienne, avertissant qu’on ne peut envisager sérieusement aucune élection libre, honnête et démocratique dans un tel environnement, et encore moins une relance de l’économie nationale ou un projet de développement durable.

Généus a réclamé une action concertée, pour mettre un terme aux agissements des gangs armés, jugeant également essentiel l’échange d’informations sur les acteurs impliqués dans le dysfonctionnement du système judiciaire, le trafic illicite d’armes, de munitions et de stupéfiants, la corruption et la contrebande.

Jean Victor Généus a appelé à ne pas perdre de vue que la solution durable au phénomène de l’insécurité passe aussi par la promotion du développement socioéconomique à long terme d’Haïti.

Même s’il n’y a pas une relation de causalité, il existe, selon lui, une relation intime entre le niveau de criminalité et la situation de pauvreté extrême en Haïti. [apr 17/06/2022 00:30]

Photo : Twitter