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Haiti : Nouveau déploiement des forces onusiennes au quartier volatile de Bel Air

P-au-P., 15 juil. 05 [AlterPresse] --- Les casques bleus du bataillon brésilien de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) ont établi le 14 juillet 2005 un « point de contrôle fixe et permanent » au quartier volatile de Bel Air (centre de la capitale) occupé depuis fin septembre 2004 par les gangs armés de l’ancien régime, a annoncé un communiqué de la mission, transmis à AlterPresse.

Le contingent de la MINUSTAH, composé d’environ 40 militaires, occupe une résidence « abandonnée » et « régulièrement occupée par les gangs », a précisé le communiqué.

Ce déploiement a été précédé par une large opération de bouclage, de ratissage et de fouille dans les quartiers avoisinants, pendant laquelle aucune action hostile n’a été enregistrée, a fait savoir la MINUSTAH.

Interrogés par la Télévision Nationale d’Haiti (chaine d’Etat), qui a publié des images du déploiement dans la soirée du 14 juillet, certains habitants se sont déclarés favorables à la présence de la MINUSTAH et ont laissé entendre qu’ils auraient affiché une autre attitude s’il s’agissait d’une opération de la police nationale.

Environ 300 casques bleus du bataillon brésilien et une dizaine d’officiers de l’Unité jordanienne de Police Constituée (FPU) ont participé à l’opération onusienne.

Ce nouveau déploiement, dans l’un des quartiers sensibles de la capitale ayant servi de centre de séquestration pour différents gangs armés, entre dans le cadre de l’intensification, depuis le début du mois de juillet en cours, des opérations de la MINUSTAH visant à rétablir la paix à Port-au-Prince à l’approche des élections prévues pour la fin de l’année, suivant un bilan dressé par la mission dans une conférence de presse le 14 juillet.

Le mardi 12 juillet, une personne a été tuée, plusieurs arrestations effectuées et une quantité d’armes à feu saisies, au cours d’opérations de perquisition réalisées dans des maisons suspectes, vraisemblablement utilisées par les ravisseurs armés pour garder des otages, dans les parages des rues Macajoux et Monseigneur Guilloux au Bel Air, a souligné Jean François Vézina, porte-parole de la police internationale (CIV/POL).

Tout en saluant l’augmentation de l’effectif des policiers nationaux haïtiens dans les rues depuis quelques jours, Vézina s’est félicité de la "bonne collaboration" existant aujourd’hui entre la MINUSTAH et la Police Nationale d’Haïti (PNH).

Plus d’une vingtaine d’armes de différents calibres, récupérées pendant les opérations de la MINUSTAH, ont été remises à la PNH.

D’autre part, un bandit très dangereux, dont le nom n’a pas été révélé à la Presse et soupconné d’implication dans la perpétration de plusieurs actes criminels à Port-au-Prince, entre autres l’incendie du Marché Tête Boeuf le mardi 31 mai 2005, a été appréhendé par le bataillon srilankais de la MINUSTAH, a indiqué le colonel marocain El Ouafi Bioulbars, porte parole militaire de la mission. Boulbars a aussi fait état de 5 autres cas d’arrestations conjointes des soldats jordaniens et de la PNH dans des quartiers sporadiques de la capitale.

A propos de l’opération conduite à Cité Soleil (Nord de la capitale) le 6 juillet 2005, au cours de laquelle le chef de gang Emmanuel Wilmé alias Dread Wilmé a été tué, Boulbars a déclaré que les agents onusiens n’ont jamais fait usage d’hélicoptères pour atteindre leur cible, "une possibilité que la mission a droit et pouvoir d’exploiter", a-t-il prévenu.

La MINUSTAH privilégie la négociation pour la reddition des gangs, mais elle est toujours accueillie par « un rideau de feu d’armes lourdes et puissantes », a ajouté Boulbars citant en exemple un camion qui a reçu à lui seul 41 impacts de balles le 6 juillet.

En dépit de la mort présumée de Emmanuel Wilmé au cours de l’opération du 6 juillet, les gangs armés qui avaient annoncé la mort de leur chef continuent de semer la panique dans le plus grand bidonville du pays, empêchant les convois humainitaires d’apporter des aides aux démunis.

De leur côté, les unités Swat Team et Bureau de Renseignements et d’Investigation (BRI) de la Police Nationale d’Haïti ont pu obtenir la libération de deux personnes séquestrées à Solino, autre zone de non droit de la capitale,par des bandits le 14 juillet.

Les deux personnes libérées sont un ressortissant haïtien d’un organisme international et un technicien vidéo de la chaîne cablée privée Télé Haïti. Ce dernier a dû être emmené à l’hôpital à cause des sévices subis des mains de ses ravisseurs au moment de son enlèvement, a appris AlterPresse.

A rappeler que le corps du journaliste Jacques Roche a été retrouvé sans vie à Delmas 4 (nord de la capitale), dans la matinée du 14 juillet 2005, quatre jours apès son enlèvement par des gangs qui l’ont exécuté malgré une rançon de 10 mille dollars américains versés par les proches du confrère. [rc gp lf 15/07/05 13:30]