P-au-P, 13 juin 2022 [AlterPresse] --- Face à la situation d’instabilité et à la violence des gangs armés en Haïti, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, recommande une prorogation de douze mois du mandat du Bureau intégré des nations unies en Haïti (Binuh), dans un rapport préliminaire, en date du 10 juin 2022, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Les causes profondes de l’instabilité en Haïti exigent, avant tout, des solutions politiques, (…) une Mission politique spéciale des Nations unies demeure la structure la plus appropriée et la plus efficace pour relever les principaux défis en Haïti », ont révélé les résultats d’une évaluation du Binuh, qui a été soumise, en avril 2022, au Conseil de sécurité de l’Onu pour examen.
Le Conseil de sécurité de l’Onu doit se pencher le 16 juin prochain sur le rapport de la représentante de l’Onu et cheffe du Binuh, l’Américaine Helen Lalime, concernant l’évolution de l’entité durant la dernière période. Ce sera l’occasion de revoir le mandat de la mission onusienne en Haïti.
Une mission politique des Nations unies reste nécessaire. Le Binuh devrait être habilité à exercer ses bons offices et à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, qui sont intrinsèquement politiques, selon cette évaluation d’avril 2022.
Il convient aussi d’intensifier le soutien à la Police nationale d’Haïti (Pnh), pour lutter contre la violence des gangs armés, et d’étendre sa portée à tous les secteurs de la société, y compris les communautés vivant dans des zones contrôlées par des gangs.
L’évaluation du mandat du Binuh souligne aussi combien la mission a besoin de ressources adéquates, pour être adaptée à son objectif, dans ce contexte difficile.
Le Conseil de sécurité de l’Onu avait prorogé, jusqu’au 15 juillet 2022, le mandat du Binuh.
Une évaluation de son mandat a été exigée, notamment pour déterminer comment le mandat pourrait être ajusté, pour relever les défis auxquels Haïti est toujours confrontée, et communiquer ses conclusions au Conseil dans six mois.
Le Conseil avait exhorté « toutes les parties prenantes haïtiennes à engager un dialogue national, afin de s’attaquer aux causes persistantes de l’instabilité, en mettant en place un cadre pérenne et communément accepté, qui permette d’organiser des élections présidentielle et législatives « dès que techniquement possible » avec la participation pleine, égale et réelle des femmes ».
Il est urgent que toutes les parties prenantes nationales mettent de côté leurs intérêts personnels et partisans et sortent de l’impasse politique selon le présent rapport préliminaire.
Par ailleurs, la police nationale aura besoin d’un soutien et d’un engagement soutenus à long terme, de la part de la communauté internationale, pour parvenir à un changement transformationnel dans la sécurité.
Ce changement crucial serait nécessaire pour rétablir l’autorité de l’État dans la capitale, Port-au-Prince, et au-delà, et « pour garantir que la police nationale fonctionne de manière optimale en tant qu’institution responsable à l’échelle nationale ».
La police nationale doit nécessairement améliorer sa capacité de contrôle et renforcer son inspection générale, « afin d’assurer une police nationale apolitique et éthique, capable de maintenir les normes les plus élevées en matière de maintien de l’ordre », selon le document.
« La dotation de capacités spécialisées supplémentaires à la police nationale, pour l’aider à faire face aux problèmes de criminalité transnationale et de trafic, en particulier d’armes à feu et de drogue, permettra de lutter efficacement contre la criminalité et les gangs sur l’ensemble du territoire haïtien. »
Le Binuh entend continuer à travailler avec la police, pour l’aider à relever les défis opérationnels, logistiques, hiérarchiques et politiques, qui entravent sa capacité à rétablir l’ordre public, à perturber l’activité des gangs et à réduire la violence urbaine. [apr 13/06/2022 12:00]