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Économie : Augmentation des prix, de 6% en rythme mensuel et de 52% en rythme annuel, dans le panier alimentaire en Haïti, s’inquiète la Cnsa

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 1er juin 2022 [AlterPresse] --- La dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain (Ndlr : US $ 1.00 = 112.00 gourdes ; 1 euro = 120.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.10 gourdes aujourd’hui), l’insécurité grandissante, la hausse du prix de carburant, la période de soudure, entre autres, seraient à la base d’une augmentation (des prix) dans le panier alimentaire moyen en Haïti, relève la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), dans un bulletin publié le mardi 31 mai 2022, sur son site consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Les effets du tremblement de terre du samedi 14 août 2021 (dans les départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes / Sud-Ouest d’Haïti) sur l’approvisionnement des marchés et les impacts de la hausse des prix des céréales au niveau international, provoquée par la guerre russo-ukrainienne (depuis l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022) figurent aussi parmi les facteurs internes et externes à l’origine de cette hausse.

Hausse des prix dans le panier alimentaire

Les prix dans le panier alimentaire moyen ont augmenté de 6% en rythme mensuel, au cours du mois d’avril 2022, et de 52% en rythme annuel, fait savoir la Cnsa, soulignant combien la détérioration du climat de sécurité restreint l’approvisionnement des marchés.

« Le coût nominal moyen du panier alimentaire, en avril 2022, se situe autour de 3,209.00 gourdes par personne par mois, soit 16,045.00 gourdes pour une famille de 5 personnes contre 3,016.00 gourdes en mars 2022, soit respectivement une augmentation de 6% en rythme mensuel et une augmentation de 52% en rythme annuel », lit-on dans le bulletin de la Cnsa.

6 produits de base (riz, farine de blé, maïs, haricots, sucre et huile végétale), qui représentent 1,870 kilocalories consommées par personne par jour, composent le panier alimentaire, considéré dans le cadre de cette analyse, faute d’informations pour d’autres produits, en particulier les fruits (grenadia ou fruit de la passion, citrons, chadèques, oranges, cerises, etc.), les légumes, les racines et les tubercules.

Ce panier reflète surtout la consommation alimentaire des ménages pauvres à faible niveau de revenus.

Les marchés les plus affectés en Haïti

Les marchés de Hinche / Plateau central (14%), des Gonaïves / Artibonite (12%) et de Jérémie / Grande Anse - une partie du Sud-Ouest d’Haïti - (11%) subissent les plus fortes variations mensuelles de prix, alors que, pour les autres marchés, cette hausse mensuelle du coût (Ndlr : des prix d’acquisition des biens) du panier alimentaire varie de 2 à 7%.

En rythme mensuel, le maïs local (12%) et maïs importé (11%), les haricots (7%), l’huile végétale (7%) et la farine de blé (7%) représentent les produits, qui influencent le plus l’augmentation de la valeur des prix d’acquisition des biens, dans le panier alimentaire, pour le mois d’avril 2022.

Le prix du maïs local a surtout augmenté respectivement sur les marchés de Fond-des-Nègres / Nippes (39%), de Port-au-Prince (31%) et des Cayes / Sud (9%).

Le prix du maïs importé s’affiche particulièrement à la hausse sur les marchés des Cayes et de Fond-des-Nègres (13%).

Le prix des haricots s’élève à 15% sur le marché de Jérémie, 10% sur le marché de Hinche et 5% sur le marché de Port-au-Prince.

Le prix de l’huile végétale a notamment augmenté sur les marchés des Cayes (14%), des Gonaïves (10%) de Fond-des-Nègres (10%) et de Port-au-Prince (6%).

Le prix de la farine de blé a augmenté de 25% sur le marche des Gonaïves, de 17% sur le marché des Cayes et de 11% sur le marché de Hinche.

En glissement annuel, les plus fortes hausses du coût moyen du panier alimentaire sont observées au niveau des Cayes (68%), de Jérémie (59%), de Port-au-Prince (53%), de Hinche (53%), de Cap-Haïtien (51%), des Gonaïves (51%) et de Ouanaminthe (50%).

Les autres marchés régionaux affichent une hausse allant de 39% à 47%.

En rythme annuel, l’augmentation du prix de l’huile végétale est plus prononcée au niveau des marchés de Hinche (89%), du Cap-Haïtien / Nord (86%), des Gonaïves (85%), de Jérémie (84%), de Ouanaminthe / Nord-Est (82%), de Port-de-Paix / Nord-Ouest (79%), des Cayes (68%) et de Port-au-Prince (67%).

Le prix du sucre brun influence l’augmentation de la valeur des prix d’acquisition des biens, dans le panier alimentaire, notamment dans les marchés régionaux des Cayes (129%), du Cap-Haïtien 80%), de Fond-des-Nègres (78%) de Jérémie (77%), de Jacmel / Sud-Est (75%), de Port-de-Paix (75%) ainsi que des Gonaïves (72%).

Le prix de la farine de blé a augmenté notamment sur les marchés des Cayes (118%), de Hinche (75%), de Jérémie (75%), de Jacmel (73%) et de Port-au-Prince (66%).

Le coût du maïs local a augmenté sur les marchés des Cayes (83%), de Hinche (63%), de Port-au-Prince (56%), de Fond-des-Nègres (54%) et de Port-de-Paix (50%).

Le prix du maïs importé a augmenté sur les marchés de Ouanaminthe (58%), des Cayes (56%), des Gonaïves (53%) et du Cap-Haïtien (49%).

Nécessité d’actions urgentes

La Coordination nationale de la sécurité alimentaire appelle à des actions urgentes, durant la période allant de mars à juin 2022, pour répondre aux besoins de 45% de la population se trouvant dans une situation d’insécurité alimentaire.

La Cnsa cite quatre zones se trouvant classifiées en urgence, telles que la partie côtière du département du Sud, le bas Nord-Ouest et le haut Plateau central ainsi que les quartiers pauvres et très pauvres de Cité Soleil (municipalité au nord de la capitale, Port-au-Prince).

L’inflation soutenue, qui est passée de 24.6 % en décembre 2021 à 25.2 % en février 2022, et la persistance des actes de criminalité empêcheront toute amélioration de la situation de la sécurité alimentaire pour la période considérée, même si on s’approche vers la période de récolte, notamment des haricots et des mangues.

« En outre, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain (28% en glissement annuel au mois d’avril 2022) réduit encore plus le pouvoir d’achat des ménages, dans un contexte international tendu, où ces derniers subissent, de plein fouet, les effets de l’envolée des prix des produits de base sur le marché international, notamment pour les huiles végétales (23.2 % de hausse) et des céréales (17.3% de hausse) ». [emb rc apr 01/06/2022 14:15]

Photo : Cnsa