Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 24 mai 2022 [AlterPresse] --- La décision, prise le vendredi 20 mai 2022, par un juge américain, de bloquer la résiliation du « Titre 42 » constitue un affront aux droits humains des personnes, en quête de sécurité dans toute la région des Amériques, dont Haïti, dénonce l’organisation de droits humains, Amnesty International, dans une note de protestation dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Mesure initialement adoptée par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, sous prétexte de Covid-19 (le nouveau coronavirus), et mise en place en mars 2020, le « Titre 42 » autorise les expulsions sans dépistage ni protection d’asile.
Des dizaines de milliers de demandeuses et demandeurs d’asile ont été expulsés vers les pays qu’ils ont fuis.
« Les expulsions du titre 42 ont toujours été une politique xénophobe, à peine déguisée, en mesure de santé publique. La décision de mettre fin à sa résiliation est un coup dévastateur pour les droits humains dans les Amériques, qui mettra d’innombrables vies en danger, en violation de la loi américaine et du droit international », a déclaré l’avocate et féministe américano-mexicaine Erika Guevara Rosas, directrice des Amériques à Amnesty International.
Amnesty International exhorte le Congrès américain à bloquer toute proposition de loi, qui retarderait la résiliation ou rendrait permanentes les expulsions du Titre 42.
L’administration de Joe Biden souhaitait lever, le 23 mai 2022, le dispositif très controversé appelé « Title 42 », qui empêcherait notamment les demandeuses et demandeurs d’asile de formuler leur requête.
Le cas d’Haïti
Sous couvert de santé publique, les États-Unis d’Amérique abusaient régulièrement de l’ordre du Titre 42, pour procéder à des expulsions massives et empêcher les Haïtiennes et Haïtiens ainsi que d’autres personnes de demander l’asile, ont révélé des recherches d’Amnesty International.
De telles pratiques exposent les personnes à un risque accru de contracter le Covid-19 et semblent avoir facilité le racisme, la xénophobie et la discrimination dans les politiques frontalières américaines.
Elles ont été largement critiquées par les Nations unies, les experts de la santé, les organisations de défense des droits humains et même les responsables étasuniens.
« L’utilisation excessive de la force, contre les migrantes et migrants et les personnes demandeuses d’asile haïtiennes par des agents frontaliers à cheval à Del Rio, au Texas, en septembre 2021, reflétait des expériences de racisme systémique et d’anti-noirceur inhérentes au système de police dans tout le pays », lit-on dans la note.
« D’autres États des Amériques, dont le Mexique, le Chili et le Brésil, ne protègent pas les Haïtiens en déplacement contre une série de violations des droits humains, notamment la détention et les refoulements illégaux, l’extorsion, la lutte contre le racisme noir, les abus, y compris la violence sexiste par des groupes armés, et la misère », soulignent les recherches d’Amnesty International effectuées en octobre 2021.
De plus, ces échecs combinés des États laissent des dizaines de milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens sans protection internationale et souvent incapables de reconstruire leur vie où que ce soit, en toute sécurité.
Depuis le début de l’année 2021 jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis sont responsables de la grande majorité des expulsions d’Haïtiens vers un danger potentiellement grave, avec un plus petit nombre d’expulsés du Mexique et d’autres îles des Caraïbes, signale l’organisme international de droits humains.
Entre septembre 2021 et avril 2022, les États-Unis ont expulsé au total 21,380 migrantes et migrants haïtiens, selon des chiffres fournis par l’Organisation internationale pour les Migrations (Oim). [emb rc apr 24/05/2022 11:10]