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Haïti-Criminalité : Les actes de kidnapping, un obstacle à l’accès aux soins de santé, dénonce l’organisation Msf

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 23 mai 2022 [AlterPresse] --- L’accès aux soins de santé devient de plus en plus difficile pour la population, à cause des enlèvements contre rançons en Haïti, ciblant le personnel médical, entre autres, déplore l’organisation Médecins sans frontières (Msf), dans une prise de position transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

« Au moins quatre hôpitaux ont été temporairement fermés, en soutien de leurs collègues récemment kidnappés, alors qu’une grève s’annonce pour dénoncer ces crimes », relève l’organisation Msf.

De plus, « beaucoup de leurs patients s’orientent donc vers le Centre d’Urgence de Médecins Sans Frontières (Msf) à Turgeau, qui voit sa capacité d’accueil saturer, alors que les possibilités de références se restreignent de plus en plus ».

Ces derniers jours, les actes de kidnapping se sont multipliés en Haïti, particulièrement dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Tout en exigeant sa libération, la direction de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (Hueh), plus connu sous le nom d’hôpital général de Port-au-Prince, et le Conseil des Chefs de service de l’Hueh condamnent l’enlèvement, dans l’après-midi du mardi 17 mai 2022, à Port-au-Prince, du docteur Jacques Pierre-Pierre, directeur médical à l’Hueh.

La victime, qui prête ses services depuis plus de 45 ans à l’Hueh, a été kidnappée, le mardi 17 mai 2022, à la rue Waag (Port-au-Prince), pendant qu’elle revenait du travail.

« De même, les activités médicales sont suspendues dans les hôpitaux St-Luc et St-Damien, après que la Dre. Benetty Augustin, pédiatre spécialisée dans les soins aux enfants épileptiques, a été enlevée le jeudi 5 mai 2022, alors qu’elle se rendait au travail », rappelle l’organisation Msf.

De tels événements aggravent « une situation déjà difficile, dans un pays où l’accès aux soins est problématique pour une majeure partie de la population ».

Le responsable médical du centre d’urgence Msf, Dr. Samson Frandy, souligne combien les répercussions de la criminalité, de la situation d’insécurité sur le système sanitaire déjà très faible sont énormes.

De telles conséquences « mettent, sur nos structures, une pression difficile à supporter », signale l’organisation Msf, qui déclare se solidariser avec la décision des autres collègues de suspendre leurs services.

La Société haïtienne de pédiatrie (Shp) avait invité les médecins, les hôpitaux publics et privés à observer un arrêt de travail, les jeudi 19, vendredi 20 et samedi 21 mai 2022, pour exiger la libération sans condition de la pédiatre Benetty Augustin, responsable de la clinique externe et de la clinique d’épilepsie de l’Hôpital Saint Damien.

Dre. Benetty Augustin a été enlevée depuis le jeudi 5 mai 2022, à Laboule (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), par des gangs armés.

En signe de solidarité avec la Société haïtienne de pédiatrie, l’hôpital privé Bernard Mevs a annoncé également la fermeture de ses portes, durant trois jours, pour protester contre la séquestration de la pédiatre Benetty Augustin.

Le 18 mai 2022, dans un document d’analyse, la Cellule de réflexion et d’action sociale (Cran) a aussi dénoncé la persistance du règne de la terreur et de la peur, à travers le territoire national, qui met en péril les droits humains, y compris le droit à la vie en Haïti.

La Cran condamne les actes de kidnapping, la guerre des gangs dans la Plaine du Cul-de-Sac ainsi que les nombreux massacres à Martissant (sud de la capitale), Cité Soleil (au nord), Bel Air, entre autres.

Le droit de vivre en sécurité, le droit à l’éducation et le droit de circuler librement n’existent plus dans le pays, déplore la Cellule de réflexion et d’action nationale. [emb rc apr 23/05/2022 11:45]

Photo : MSF