Transmis à AlterPresse le 21 mai
« Nous souhaitons que le gouvernement canadien intervienne auprès du Core Group pour demander un contrôle accru du trafic illégal d’armes vers Haïti sur le territoire américain. Il doit aussi en appeler à un respect de l’autodétermination du peuple haïtien et une solution à la crise, passant, non pas par l’organisation en toute hâte d’élections bâclées, mais par l’appui à un dialogue inclusif, porteur d’une transition de rupture, telle que prônée par l’Accord de Montana et demandée par de vastes pans de la société civile haïtienne. »
Lettre ouverte à la ministre des affaires étrangères canadiennes, Mélanie Joly
Envoyé par courriel
Montréal, le 18 mai 2022
L’honorable Mélanie Joly, C.P., députée
Ministre des Affaires étrangères
Chambre des communes
Courriel : melanie.joly@parl.gc.ca
Madame la Ministre,
La Concertation pour Haïti (Cph), un regroupement d’organismes québécois de solidarité et de développement œuvrant en Haïti, vient vous faire part de ses préoccupations devant la piètre situation des droits humains, qui prévaut en Haïti.
La Cph dénonce ce climat de violence généralisée, qui déferle sur Haïti. Les gangs armés, qui commettent des crimes d’une violence inouïe, inspirent une immense terreur au sein de la population. On ne peut que condamner fermement cette brutalité, cette inhumanité envers les personnes victimes de ces actes odieux, pour la plupart des civils pris entre deux feux, notamment au nord et au sud de Port-au-Prince.
Les gangs agissent avec une extrême violence dans leurs affrontements avec les membres de groupes rivaux. Ils ont également recours à des kidnappings, à des actes de violence sexuelle, à des assassinats cruels et installent un climat de peur, paralysant la capacité d’action de la population.
Ces gangs agissent en toute impunité et cela leur permet de n’être jamais tenus responsables de leurs actes. La mauvaise gouvernance de l’État, la faiblesse de la justice haïtienne et les faibles moyens de la police nationale entraînent ce climat de frayeur, qui semble s’installer partout dans le pays.
Le Canada, ayant joué un rôle-clé dans le maintien au pouvoir de M. Ariel Henry dans les derniers mois, devrait briser son silence, appuyer les positions et l’inclusion de la société civile dans les discussions sur la transition et faire pression sur le pouvoir de facto haïtien pour rétablir l’ordre et la sécurité pour toutes les personnes vivant sur son territoire et appeler à la cessation de ce climat d’alarmante insécurité qui prévaut.
Nous souhaitons que le gouvernement canadien intervienne auprès du Core Group pour demander un contrôle accru du trafic illégal d’armes vers Haïti sur le territoire américain.
Il doit aussi en appeler à un respect de l’autodétermination du peuple haïtien et une solution à la crise, passant, non pas par l’organisation en toute hâte d’élections bâclées, mais par l’appui à un dialogue inclusif, porteur d’une transition de rupture, telle que prônée par l’Accord de Montana et demandée par de vastes pans de la société civile haïtienne. Nous demeurons convaincus que les propositions de l’accord de Montana sont toujours valables et représentent une des pistes pour une sortie de crise durable, portée par le peuple haïtien et misant sur son inventivité.
La Cph tient à renouveler toute sa solidarité envers le peuple haïtien et les groupes de défense des droits et libertés, qui se mobilisent, malgré ce climat délétère, pour repenser ensemble l’avenir du pays.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre considération.
Marie Marsolais et Amélie Nguyen
Pour la Concertation pour Haïti